Juridictions d’exception de la guerre d’Algérie
Grégoire Finidori est un ancien magistrat, conseiller à la Cour de Cassation, né en Algérie. Il s’est attelé à un travail fouillé de recherches, fondé à la fois sur des documents incontestables de témoignages de tous horizons, et sur ses compétences en matière judiciaire.
C’est d’abord le contexte de l’arrivée au pouvoir du général De Gaulle qui est analysé, avec ses ambiguïtés, sa stratégie et son mode opératoire, dans un environnement de décolonisation globale que De Gaulle tente de camoufler, ayant toujours voulu, en réalité, la décolonisation de l’Algérie sous couvert de déclarations trompeuses.
Le travail de Grégoire Finidori est précis et décortique les mécanismes des quatre juridictions successives, dont trois d’exception, qui ont sanctionné les acteurs divers d’une résistance au démantèlement de l’Algérie française. A commencer par les procès du « quarteron de généraux », Jouhaud, Salan, Zeller et Challe ; puis de ceux de Degueldre, Susini, aussi de Dovecar ou Bastien-Thiry dans un autre contexte que celui du putsch avorté d’avril 1961. Ce sont les arguments des uns et des autres qui sont analysés, ceux de la défense, mais aussi le « dessous des cartes » et des tractations souterraines parfois surprenantes et inattendues qui ont jalonné ces procès.
Des tractations presque ubuesques parfois comme celle qui fut faite au général Jouhaud, quatre mois avant le putsch d’avril 61, de faire…un putsch proposé par l’ineffable Roger Frey et couvert donc par le pouvoir, pour créer une « République franco-algérienne » indépendante !
C’est aussi « l’affaire du bazooka » en 1957 qui est abordée avec le témoignage trouble de François Mitterrand lors du procès.
Tous les protagonistes de l’affaire d’Algérie sont passés en revue au travers des procès parfois iniques des années 1958/1962 : entourage du gouvernement, de De Gaulle, émissaires troubles, combinazioni avortées, rôle de Michel Debré, de Foccart, et de tant d’autres, français ou algériens du GPRA ou du FLN aux objectifs divergents et aux conséquences sanglantes.
Archives, faits concrets, mais aussi analyse d’une justice de plus en plus expéditive au fil des années et des agacements de De Gaulle, avalisent une situation trop occultée par une histoire officielle expurgée et aseptisée qui jette un voile pudique sur une douloureuse réalité.
Il faut toutefois noter que les différentes juridictions d’exception -si on range à part l’intervention du Tribunal Permanent des Forces Armées trop clément aux yeux de De Gaulle- ont statué, malgré les pressions diverses politiques, de manière relativement prudente, avec des magistrats qui ont pu parfois éviter le pire. Plusieurs condamnés ont toutefois été exécutés, mais les grands dirigeants plutôt épargnés, après une période d’incarcération et jusqu’à l’amnistie de mai 68 arrachée par le Général Massu à un De Gaulle pressé par les évènements de mai. Giscard en 74 puis Mitterrand en 1982 finiront de réhabiliter les putschistes de 61.
Sur le plan judiciaire toujours, il faut relever aussi le rôle du Conseil d’Etat qui osa annuler la Cour militaire de justice, dernière juridiction d’exception, pour atteinte aux principes généraux du droit et excès de pouvoir.
La richesse et les révélations, appuyées sur des faits, du livre de Grégoire Finidori, ne cessent de surprendre et de passionner un lecteur qui souhaite connaître la vérité sur le système répressif instauré de 28 à 62, tout en lisant un roman policier… ou plutôt judiciaire. La connaissance des tractations et des rôles de chacun des acteurs de cette époque constitue un véritable document pour l’histoire. Les choses deviendront plus difficiles après 62. L’analyse de l’attentat du Petit-Clamart en août 62 et le simulacre de justice qui s’ensuivit va changer la donne. Après Tixier-Vignancourt, avocat notamment de Raoul Salan auquel il évita la peine capitale puis de Bastien-Thiry, Jacques Isorni paiera sa « fidélité à ses convictions » par trois ans d’interdiction professionnelle à la suite de sa défense dans l’affaire du Petit-Clamart également. Les « droits de la défense » n’avaient pas le même sens en 1963 qu’en 2024…
Grégoire Finidori écrit en conclusion : « Pour avoir élevé le machiavélisme à la hauteur d’une méthode de gouvernement, le Général De Gaulle provoqua la colère de ceux qui, artisans de son retour au pouvoir, avaient le sentiment d’avoir été trompés… »
Quoi dire de plus ? Lire le livre de Grégoire Finidori…
Un formidable système répressif. « Les juridictions d’exception à la fin de la guerre d’Algérie », Grégoire Finidori, ed. Dominique Martin Morin, 2022, 502 pages. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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