Sur le « printemps russe »
Alexandre Latsa n’est pas un inconnu pour le monde médiatique. Animateur du blogue Dissonance, il collabore aussi régulièrement à < fr.sputniknews.com >.
Le correspondant du Figaro à Moscou, Pierre Avril, l’évoque dans son édition du 27 février 2012. Dernièrement, deux médiocres essais d’inspiration universitaire-complotiste, traitant des « réseaux de Poutine » en France, en Europe, en Occident, dans le monde et ailleurs le considèrent presque comme le chef d’orchestre ou la principale figure d’une « cinquième colonne » tapie au sein même de l’Hexagone.
Or, Alexandre Latsa ne vit pas à Lille ou à Bordeaux ; ce chef d’entreprise français réside et travaille en Russie.
Effaré par ce qu’il lit, entend et voit de la part des médias français sur Vladimir Poutine et le pays qui l’accueille, il souhaite réinformer le lecteur francophone avec ce premier ouvrage intitulé de manière significative Un printemps russe. Le titre se rapporte aux années Poutine.
« En décembre 1999, au cœur de l’hiver, beaucoup de Russes pensaient que seulement huit ans après la fin de l’URSS, c’en était sans doute fini de la Russie. C’est à ce moment que l’État russe s’est doté d’un nouveau leader qui, alors que la tâche semblait impossible, a su transformer l’hiver en printemps (p. 294). »
Il est indéniable que Vladimir Poutine, à la fois comme président de la Fédération (2000-2008 et depuis 2012) et comme Premier ministre (1999 et 2008-2012), a sauvé la Russie d’une situation catastrophique.
Alexandre Latsa revient sur le contexte chaotique de l’URSS finissante et de la nouvelle Russie des années 1990 en proie à des désordres multiples. De puissants groupes mafieux et les fameux oligarques dominent alors un État faible en déliquescence avancée et atteint par une série de sécessions territoriales dont la plus violente se déroule en Tchétchénie et la plus sévère au Tatarstan.
« Peu de gens peuvent, en Occident et en France, se rendre compte de ce que ces années furent pour la Russie et les Russes, précise l’auteur. Le dérèglement économico-politique frappa de plein fouet le système hospitalier. La Russie connut une recrudescence de maladies qui n’existaient même plus dans nombre de pays du tiers-monde : diphtérie, typhus, choléra, fièvre typhoïde ou encore tuberculose (p. 51). »
Le libéralisme importé d’outre-Atlantique ruine à plusieurs reprises des millions de modestes épargnants. C’est aussi l’époque où, pour survivre, les jeunes filles de Moscou et de Saint-Pétersbourg espèrent devenir mannequins ou… prostituées.
Hostiles à un Boris Eltsine alcoolique, malade, faible et autoritaire, les Russes réclament un « Pinochet russe », un temps incarné par le général Alexandre Lebed. Alexandre Latsa a néanmoins raison de voir en Evgueni Primakov, le Premier ministre de 1998 à 1999 « qui historiquement mit la Russie sur les rails du « grand redressement » (pp. 49-50). »
Il n’est cependant pas naïf : il reconnaît volontiers que « la Russie fait encore face à de gigantesques défis (p. 21) » parmi lesquels ce fléau considérable qu’est la corruption ainsi que cette autre plaie, une lourdeur administrative comparable à certains services hexagonaux. La société russe et sa population ont toutefois réussi à se sauver d’un effondrement complet qui aurait pu les conduire à un éclatement territorial préparé et encouragé depuis le début du XXe siècle par quelques cénacles polonais et lituaniens « prométhéistes » représentés par le Maréchal Pilsudski.
Un printemps russe se plaît finalement à contredire un « dispositif médiatique qui dénigre en permanence le modèle russe [qui] est structuré, et [qui] a mis en place des verrous depuis les années 1990 (p. 199). »
À ces journalistes crispés et sourcilleux, Alexandre Latsa souligne que « la censure existe autant en France qu’en Russie (p. 200) », seulement les idées proscrites en bord de Seine sont celles qui s’épanouissent sur les rives de la Moskova : le patriotisme, la complémentarité sexuelle, le refus de l’indifférenciation, le sens de la Grande Politique… Le printemps russe est là.
À quand maintenant un vrai printemps français et européen ?
Alexandre Latsa, Un printemps russe, les Éditions des Syrtes, Genève, 2016, 309 p., 20 euros..
Vous avez aimé cet article ?
EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.
Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.