19 janvier 2022

Le nouveau gouvernement tchèque plus favorable à Bruxelles

Par article conseillé par EuroLibertés

par Olivier Bault.

Le V4 serait-il en train de devenir le V2+2, avec d’un côté la Pologne et la Hongrie et de l’autre la Tchéquie et la Slovaquie ? « La Hongrie et la Pologne ont actuellement un sérieux conflit avec le reste de l’UE tandis que la Tchéquie et la Slovaquie jouent une autre musique », avait signalé au début du mois le ministre des Affaires européennes du gouvernement Fiala, de centre droit, en place depuis le 17 décembre. En Slovaquie aussi, c’est l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de centre droit au printemps 2020, succédant à une coalition de la gauche sociale-démocrate avec les nationalistes, qui avait marqué un tournant plutôt pro-UE de la politique étrangère du pays. Ce tournant n’était cependant pas aussi marqué que celui observé aujourd’hui à Prague, en tout cas à en croire les déclarations de certains des leaders de la nouvelle coalition tchèque alors que le pays prendra en juillet la succession de la France à la présidence du Conseil de l’UE.

Dans un entretien publié fin décembre par le média américain Bloomberg, le ministre des Affaires européennes Mikulas Bek signalait sa volonté de mettre à profit cette présidence pour développer les relations avec les grands pays de l’UE pour une politique étrangère moins concentrée sur le groupe de Visegrád (V4), et il assurait que, sur la question de l’état de droit, des réformes de la justice et des revendications LGBT, Prague se sentait plus proche de Bruxelles que de Varsovie et Budapest. Cependant, précisait alors Bek, « il ne s’agit pas d’abandonner les partenariats existants, même si nous sommes en désaccord sur certaines questions, mais d’en nouer de nouveaux avec d’autres Etats membres également ». Le Premier ministre Peter Fiala ne disait pas autre chose après sa rencontre avec le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, le 13 janvier dernier.

Cependant, la coalition au pouvoir à Prague n’est pas uniforme, et le ministre Bek a été nommé par la formation centriste Maires et Indépendants tandis que le Premier ministre Fiala appartient au Parti démocrate civique (ODS), plus conservateur. En ce qui concerne les relations avec la Pologne voisine, beaucoup dépendra de l’issue du conflit autour de la mine de lignite polonaise de Turów, qui empoisonne les relations bilatérales depuis que le gouvernement Babis a porté l’affaire des nuisances transfrontalières pour l’environnement de cette mine devant la CJUE qui s’est empressée d’ordonner sa fermeture « provisoire » en attendant un jugement sur le fond, puis d’appliquer à la Pologne une astreinte journalière d’un demi-million d’euros pour non-soumission à ce diktat. Une rencontre devait avoir lieu à Varsovie mardi avec le nouveau ministre tchèque de l’Environnement, et un accord semblait à portée de main entre les deux pays. Mais ce n’est pas la première fois qu’un tel accord est annoncé sans pour autant aboutir, et les commentateurs polonais restaient prudents mardi matin.

En ce qui concerne les relations tchéco-hongroises, le temps n’est pas au beau fixe non plus après les déclarations de la nouvelle présidente de la Chambre des députés tchèques, Pekarova Adamova, qui a exprimé l’espoir que les Hongrois se débarrassent de Viktor Orbán lors des élections législatives du 3 avril prochain comme les Tchèques s’étaient débarrassés d’Andrej Babis en octobre. Ces propos ont été critiqués par le président tchèque Milos Zeman, de gauche, qui a parlé d’« ingérence grossière dans les affaires internes d’un pays allié » et qui a rappelé, dans une allusion au Jobbik, ancien parti nationaliste radical devenu centriste pro-UE, que la coalition formée par les partis d’opposition hongrois en vue de ces législatives contenait « des groupes racistes et antisémites ». L’ancien président Vaclav Klaus, de droite, a de son côté appelé le gouvernement de Petr Fiala à prendre ses distances avec la présidente de la chambre basse du Parlement, dont il a demandé qu’elle soit démise de ses fonctions par les députés.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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