1 janvier 2022

Union européenne : des Français plus critiques que leurs voisins

Par article conseillé par EuroLibertés

par François Hoffman

A la différence des Allemands ou des Italiens, les Français seraient plus critiques envers l’Union européenne et davantage favorables à une Europe des nations. C’est ce que révèle une enquête conjointe menée par le Journal du dimanche, le Corriere della sera et le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cette étude révèle de véritables différences d’approche dans les opinions publiques de ces trois pays fondateurs de la Communauté européenne devenue par la suite Union européenne. Cette enquête a été réalisée alors que la France s’apprête à prendre le 1er janvier prochain la tête de la présidence de l’Union européenne.

Tout d’abord, on notera que 75 et 78 % des Italiens et des Allemands se déclarent « fiers d’être européens », tandis que les Français ne seraient que 68 % à se considérer comme tels. Mais qu’entend-on exactement par « européen » ? Est-ce le sens continental ou « unioniste » ? Il y a là une ambiguité souvent utilisée pour brouiller les cartes. Français et Italiens se déclareraient « fiers de leur pays » dans des proportions similaires – respectivement 87 et 89 % – tandis que les Allemands ne seraient que 77 % à déclarer cette fierté.

Mais à part cette similitude, il y a clairement une divergence entre les Français et leurs voisins, que ces derniers soient d’Outre-Rhin ou transalpins. Ainsi, Allemands et Italiens sont plus nombreux que les Français à être favorables à une « souveraineté européenne dans le cadre d’une Europe plus intégrée » qu’à une « Europe des nations » comprenant « davantage de souveraineté », si on reprend les propositions formulées par l’enquête. Alors que le pourcentage d’opinion favorable à la proposition de souveraineté européenne est de 50 % chez les Italiens et de 43 % chez les Allemands, elle n’est plus que de 29 % chez les Français, qui adhérent davantage à une Europe des nations (40 %). En effet, cette dernière option n’emporte l’adhésion que de 34 % des Italiens et de 38 % des Allemands, même si l’on peut noter qu’en Allemagne l’écart entre les deux options n’est que de 5 %. Dans le passé, les Allemands semblaient plus enthousiastes à l’égard de la construction européenne.

Autre enseignement : le constat selon lequel 31 % des Français disent ne pas savoir quelle Europe ils préfèrent, alors que les proportions sont bien plus faibles chez les Allemands (19 %) et chez les Italiens (16 %). Mais ces chiffres ont aussi des raisons. Interrogé par le JDD, Guillaume Klossa, le fondateur du think tank Europa Nova, constate que le système présidentiel français « polarise l’opinion » : « si le président s’affiche comme pro-européen […], les oppositions auront tendance à s’opposer à l’Europe de manière générale ou à négliger le sujet. » En revanche, dans des systèmes plus parlementaires et davantage portés sur des coalitions que sont les démocraties allemande et italienne, les opinions sont « favorables à un portage politique positif des enjeux européens ».

Enfin, un élément concourt au rejet de l’UE en France : « La forte focalisation du débat public français sur le sujet migratoire, associé à l’Europe, [qui] contribue à accentuer plus encore la fragmentation de l’opinion. »

Article publié dans les colonnes du quotidien Présent.

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