Entretien avec Sylvain Gauthier
Propos recueillis par Rémi Tremblay
La pandémie n’a pas fini de faire couler l’encre des analystes et des écrivains, tant ceux qui sont portés vers la fiction que les essayistes. En France, on note évidemment les publications de François Bousquet et de Jean-Claude Martinez, mais comme on le sait, la francophonie ne saurait se limiter à l’Hexagone, et au Québec aussi, là où la pandémie fut particulièrement meurtrière au printemps, certains auteurs se sont mis à la tâche. Jeune auteur, Sylvain Gauthier, vient tout juste de publier Covid-1984 (L’Inter Dit), son second essai en date, dans lequel il dénonce une gestion calamiteuse, alimentée par le sensationnalisme des médias. Il a accepté de répondre à quelques questions pour Eurolibertés dans un entretien, publié en deux livraisons.
Pourquoi avoir écrit ce livre et à qui s’adresse-t-il ?
Lorsque la crise éclata au Québec à la mi-mars dernier, j’étais alors en train d’écrire la suite de mon premier bouquin « L’Occident dans la soupe chaude ». L’arrivée maudite du virus a chamboulé nos vies. Comme plusieurs, j’étais a priori dans l’incertitude et l’incompréhension. Les premières mesures sanitaires pouvaient s’accepter. Elles étaient justifiées et compréhensibles. Nous étions dans l’inconnu. Il fallait agir et improviser.
La peur a produit d’instinct un confinement généralisé. Rapidement, mon esprit critique a pris le dessus. Ma recherche d’informations s’avéra évidemment très fructueuse, mais c’est avant tout la présence marquée de la censure qui me fit prendre conscience d’une fausse crise sanitaire. Regardez où est la censure et vous vous rapprocherez de la vérité. Le mot « hydroxychloroquine » devenait hautement corrosif, des publications d’influenceurs étaient bannies des réseaux sociaux, des professionnels de la santé muselés. Que cachait cette censure ? Pourquoi bâillonner des gens ? Que disaient-ils de si offensant ? Le discours de ces « libres penseurs » était pourtant étoffé, bien articulé, intelligent. Nous ne faisions pas face selon toute vraisemblance à une crise sanitaire. La Covid-19 devenait un prétexte politique, capitaliste et idéologique. Il me restait à réfléchir et à mettre ensemble les pièces d’un casse-tête complexe.
Nous avons tous vécu à notre façon cette période particulière de notre histoire. Une gamme d’émotions en rejaillissait. Certains avaient peur, d’autres riaient ou se complaisaient dans ce nouveau monde. J’étais de ceux qui se mirent en colère devant une telle mise en scène, devant une telle soumission populaire : je faisais partie des fameux « complotistes », terme insignifiant et réducteur, adage des paresseux intellectuels sans argument, apposé à toute personne remettant en doute le narratif officiel… l’équivalent sanitaire de raciste et xénophobe. Chacun de nous voulait intervenir, agir, faire sa part. S’exprimer. Ou tout simplement se changer les idées. Mon exutoire a été comme toujours l’écriture. Je laissai libre cours à mon inspiration. Mes frustrations et questionnements inondèrent les réseaux sociaux. Mes commentaires, fort nombreux, m’incitèrent un jour à les regrouper et les compléter ; le potentiel d’un essai reposait sous mes yeux.
La folie sanitaire était telle qu’écrire Covid-1984 devint aisé : le comportement indigne des élites et l’exercice du réel en inspira probablement plus d’un. Le zèle de certains dépassait tout entendement. Nous nous croyions dans un cirque ou une cour d’école. Des petits génies despotiques étaient à la tête de nos institutions – le pouvoir grise.
La Covid-19 est devenue un sujet incontournable. Un nationalisme vigoureux circulait comme jamais dans mes veines. Puisque je me refusais de ne traiter dans le bouquin que de la Covid-19 (trop lourd et répétitif) et que je cherchais un angle intéressant pour parler de patriotisme, j’ai donc rédigé un ouvrage qui liait les deux. Par ce livre, je voulais poursuivre ma lutte nationaliste et dénoncer vivement le bolchevisme sanitaire (terme évocateur que j’emprunte avec délice à Alexandre Cormier-Denis).
Que reprochez-vous aux gouvernements par rapport à la pandémie ?
C’est un livre coup de poing critiquant le délire anxiogène covidien et qui expose les répercussions dramatiques de la pseudo-crise sur nous tous. Le gouvernement Legault a multiplié les gaffes et coups bas. Il y a eu les divisions engendrées par les mesures mais plus concrètement, nous avons été témoin d’une gestion déficiente, arbitraire et autoritaire.
Le petit commerçant devait fermer ses portes mais non pas les multinationales et les points de vente des monopoles étatiques que sont la Société des Alcools du Québec et la Société québécoise du cannabis. Les risques de propagation étaient semble-t-il plus élevés dans une entreprise privée modeste que dans une grande surface. Des injustices qui ne furent jamais réparées et qui augmentèrent le cynisme dans la population.
Le manque d’humanisme du gouvernement Legault était aussi très frappant. Des mesures sanitaires excessives qui accrurent la détresse psychologique ; les jeunes, les étudiants, les nouveaux chômeurs, les entrepreneurs au bord du gouffre, des aînés laissés à eux seuls dans le couloir de la mort. Des mesures furent plus dommageables que le virus lui-même mais François Legault regardait ailleurs.
La propagation du virus survint principalement à l’intérieur d’établissements gérés par l’État. Ce sont eux qui enregistrèrent le plus de décès. Le chaos total dans les hôpitaux et les CHSDL n’était pas lié à un virus virulent qui frappa partout mais bel et bien à un pitoyable fouillis administratif. Des infirmières épuisées et désabusées quittèrent le navire. Le peuple paya pour la gestion poreuse et inefficace d’un Ministère de la Santé à l’agonie.
Le manque de transparence du gouvernement caquiste a été à l’origine d’une confusion parfois généralisée. Un déficit de crédibilité se développa parallèlement. De nombreux citoyens perdirent confiance dans leur gouvernement – l’absence d’honnêteté peut être fatale à tout politicien. Progressivement, Legault perdit l’attention d’un peuple épuisé par tant de cruauté mentale. Une forme de terrorisme intellectuel. Cette cruauté qui se manifestait par des mesures sanitaires injustifiées scientifiquement et qui parfois frôlèrent le ridicule. Un abus de pouvoir évident qui fit perdre au gouvernement tout jugement, toute raisonnabilité ; imposer le masque aux enfants et interdire le sport étudiant par exemple.
En réalité, si nous en sommes arrivés là, c’est parce qu’une peur psychotique a déferlé un peu partout et que cette dernière résulte d’une relation incestueuse entre les médias traditionnels et le gouvernement québécois.
Sur quoi vous basez-vous pour affirmer que la pandémie a divisé le Québec – et probablement les autres nations ?
Le livre traite avant toute chose de la division du peuple québécois, mais vous avez raison, plusieurs similitudes avec les autres nations peuvent être relevées. Le gouvernement Legault, par ses mesures sanitaires abusives, son manque de transparence et de leadership, a créé deux clans : ceux qui appuient les mesures (et le gouvernement) et ceux qui les critiquent.
Le livre explique comment Legault avait entre les mains lors de la crise tous les ingrédients nécessaires à un renouveau nationaliste. Cette pandémie avait le potentiel d’être l’élément déclencheur, le moteur en quelque sorte, à l’union des Québécois, mais aussi pour prendre ses distances d’un gouvernement fédéral à la dérive, pour déployer des ailes autonomistes.
Cette crise a été fomentée par les gouvernements et alimentée par des médias subventionnés complices. Une campagne propagandiste d’une efficacité remarquable a semé une panique réelle chez certains ; la peur de mourir nourrissait leur esprit. Elle a aussi en quelque sorte instrumentalisé le comportement quotidien des gens ; le sanitairement correct devenait la version covidienne du politiquement correct ; pas question de dévier du discours officiel, il fallait agir de manière à ne jamais s’exposer au virus tout en ostracisant et pointant du doigt les récalcitrants. Un égocentrisme nouveau genre faisait en sorte qu’il était impératif pour plusieurs de montrer leur héroïsme sanitaire, qu’eux sauvaient des vies en se soumettant aux mesures et que les autres n’étaient que des égoïstes et des criminels. Le signalement de la vertu combiné à la dénonciation de masse digne des régimes communistes ne pouvait qu’engendrer un climat sociétal suspicieux et malsain. Et bien souvent, cet altruisme était à géométrie variable. Comment peut-on avoir un peuple uni et solidaire dans de telles conditions ?
Vous avez mentionné qu’en début de pandémie, un réveil nationaliste pointait à l’horizon. Pourquoi n’est-il pas advenu selon vous ?
Un peuple solidaire peut arriver à de grandes choses. Aux premières lueurs de la crise, le peuple québécois écoutait son Premier ministre et lui faisait unanimement, ou presque, confiance. Son ton paternaliste rassurait et lui octroyait une crédibilité politique. Sa synergie avec le peuple était impressionnante. Le premier confinement, sans être salué positivement, était compréhensible. Une telle crise était unique dans notre histoire moderne. Comment réagir devant un virus inconnu et potentiellement dévastateur ? Il fallait se serrer les coudes et aider son prochain. Les gestes de solidarité se multipliaient ; envers le voisin, le petit commerce du coin dans l’obligation de fermer ses portes et les plus vulnérables. Nous nous rappelons que les Québécois étaient tous derrière Legault lorsque le gouvernement Trudeau tarda à fermer les frontières. Cette union, plutôt que de se cristallier, se fragilisa.
Les mesures sanitaires furent la principale raison de ce clivage. Pour que de telles mesures sauvages soient appliquées et deviennent la nouvelle normalité, il aurait fallu qu’une majorité de gens y adhèrent. Les médias traditionnels incarnèrent la pièce maîtresse de la propagande sanitaire. Une pandémie de cette ampleur redonna une influence à des médias alors en déroute. Confinés à la maison et inquiets d’un monde qui leur semblait au bord du gouffre, les gens cherchaient à s’informer et à comprendre. Les médias se virent remplis d’une mission, non pas celle de raconter objectivement les évènements mais plutôt de les dessiner artificiellement tel un scénariste de série B. Ils campèrent les rôles de sermonneur et de délateur dans un but idéologique inavoué.
La crise fut le prétexte idéal pour poursuivre les plans mondialistes des élites politiques et médiatiques. Leur corruption intellectuelle passa sous silence. Ils y allaient d’une surenchère sanitaire et traquèrent les récalcitrants, les ridiculisèrent. Les médias contribuèrent à cette tension sociale ou du moins, attisèrent la haine. Les accrocs à la démocratie et à la liberté d’expression accentuèrent la frustration et les échanges entre citoyens devenaient enflammés. Des familles, des amis, des collègues se déchirèrent entre eux.
Ce n’est donc pas un signe du hasard si le titre du premier chapitre de mon livre se nomme « de la merde en continu » : Le traitement médiatique biaisé et odieux de cette crise aura été catastrophique sur le plan humain. Les « complotistes », muselés et ridiculisés, se tournèrent vers des médias dits alternatifs. Les médias traditionnels jetèrent leur venin sur ces nouveaux médias et rendirent infréquentables leurs acteurs et les idées qu’ils véhiculaient. C’est pourquoi une personne qui osa contourner le discours officiel se fit assaillir agressivement sur les réseaux sociaux et dans la rue. Les extrémismes du masque et des autres mesures s’en donnèrent à cœur joie et firent preuve de mépris et d’arrogance, rendant difficile toute réconciliation.
Derrière les portes closes, les mondialistes prirent le contrôle. Ils diabolisèrent les patriotes, les libres-penseurs et les trumpistes. Présente dans les médias traditionnels et la classe politique, la gauche mondialiste veut faire taire ses opposants. Le mouvement nationaliste a été gangrené par elle et des partis-mouvements autrefois nationalistes comme le Parti québécois devinrent des alliés immigrationnistes. Ces anciens nationalistes ont été endoctrinés par les médias et le discours ambiant, en d’autres mots par les élites. Un parti nationaliste dénué de nationalisme se heurtera éventuellement à un mur… un mur covidien ?
La droite nationaliste identitaire (et celle économique) est isolée depuis des années. Plusieurs citoyens sont devenus des orphelins politiques. Le patriotisme est encore présent au Québec mais sa force d’attraction est limitée par un manque d’unité et de voix fortes pour soulever les troupes. Si je suis un ardent défenseur de Donald Trump, c’est entre autres pour cette aura patriotique qu’il dégage. Une énergie qui soulève les foules, qui attire des milliers de gens à ses rassemblements. Les nationalistes québécois doivent s’en inspirer et non pas le mépriser comme le font trop de nationalistes mous, attirés par les chants des sirènes gauchistes mondialistes.
Par l’unanimité des partis politiques à l’Assemblée nationale à propos des mesures sanitaires abusives, plusieurs Québécois ont perdu confiance dans la classe politique actuelle. Il en est de même pour les nationalistes gauchistes déçus par la CAQ et le PQ. Quel parti profitera de ce champ libre pour accueillir dans ses rangs ces gens à la recherche d’un chemin nouveau ? Il faut au Québec un parti qui met en avant des mesures de droite économiques mais avant toute chose qui incarne un patriotisme renouvelé : la fin de l’immigration de masse et des accommodements religieux, le retour à nos traditions et valeurs historiques, la protection de notre patrimoine… et dans le contexte de la perte de nos droits pendant la COVID, un parti qui défendra sans relâche la liberté d’expression et la démocratie.
Mon livre est un peu la synthèse de ces idées. Je ne me limite donc pas à un thème : je ne parle donc pas que de COVID ou que de nationalisme. J’aspire donc à ce que mes compatriotes forment une famille unie qui pourra enfin être libre.
Finalement, quelle lecture faites-vous de cette « Grande réinitialisation » pensée par Klaus Schwab et planifiée au Canada par Justin Trudeau ?
Si on recule d’un an, je banalisais voire ignorais ces discours alarmistes de grande réinitialisation et du pouvoir occulte que posséderaient de grandes organisations. Mes intérêts tendaient alors presque exclusivement vers le nationalisme identitaire québécois et le déclin tranquille de l’Occident. Je luttais contre un multiculturalisme agressif et destructeur, celui qui apportait l’immigration de masse et par la bande, l’islam radical. Je regardais peut-être notre société avec une lunette simpliste. Je croyais que le multiculturalisme qui détruisait notre civilisation était d’abord le fruit d’idéologues de gauche décomplexés qui espéraient un monde meilleur – mais selon leur vision liberticide des choses. Le multiculturalisme et ses dérivés font probablement partie d’un scénario à large spectre.
La crise covidienne amena des éléments nouveaux pour approfondir ma réflexion. Des dictatures sanitaires implantées de manière si simultanée et brutale ne sont envisageables que sous le prisme d’une stratégie globale orchestrée de main de maître. Des gouvernements qui tous, presque sans exception, abusèrent de leur pouvoir au nom d’un virus similaire à une grippe et qui eurent comme complices les grands médias. Une crise non pas sanitaire mais politique qui se manifesta par des campagnes de peur synchronisées, une manipulation statistique généralisée, une unanimité philosophique dans les mesures déployées. Une crise de cette proportion n’a pu qu’éveiller les soupçons des plus dégourdis.
Des doutes, des interrogations pour aboutir à une conclusion sans équivoque, c’est-à-dire le constat d’une crise complexe aux visages et facettes multiples : des organisations supranationales telles que l’OMS et des élites rêvant d’un renouveau complet et total, un capitalisme sauvage d’entreprises pharmaceutiques voyant dans le virus l’occasion d’une vaccination de masse, un milieu bancaire et financier bénéficiant des déficits monstres des États, une gauche prête à tout pour prendre le pouvoir, des avancées technologiques controversées ayant comme objectif de surveiller en temps réel les citoyens par l’introduction de puces intracutanées, l’émergence de la 5G et d’outils de traçage et de géolocalisation orwelliens, un plan de réingénierie sociale, une campagne sale pour déloger Donald Trump, etc.
2020 aura été l’année où de présumées théories du complot du passé passèrent de l’ombre au soleil et où les pires cauchemars imaginés par les auteurs de romans futuristes et d’anticipation se réalisèrent un à un. Certains concepts peuvent avoir été exagérés par des internautes ambitieux et délirants, mais chacun d’eux comporte néanmoins une part de vérité et de réalisme. Le degré d’influence dans le schéma covidien d’un Bill Gates et d’un Schwab par exemple reste encore incalculable. Une chose est pourtant claire : il y a eu par cette crise une tentative audacieuse des mondialistes de refaire le monde à leur image.
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