L’avis de Jean-François Touzé
Sauf aboutissement des manœuvres partisanes que mène un Parti travailliste tenté de renouer avec ses démons gauchistes des années 1970, allié aux libéraux centristes et à une fraction des conservateurs, artificiellement coalisés dans une recherche désespérée de nouvelles élections après l’éventuel vote d’une motion de défiance ; sauf intervention aussi improbable qu’institutionnellement aventureuse de la Reine ; sauf nouveau délai accordé par la Commission avec l’aval de Berlin, le Royaume (encore) Uni devrait, avec ou sans accord, quitter pour de bon l’Union Européenne dans deux mois.
Il faudra alors rendre hommage à Boris Johnson d’avoir su respecter la décision souveraine du peuple britannique, rompant ainsi avec les habitudes félonnes des dirigeants européens.
La sortie de cette union technocratique synonyme d’impuissance et de négation d’un destin civilisationnel répond sans nul doute à une aspiration anglaise profonde, à la fois identitaire et économique.
Pour autant, au moment où les forces nationales et populaires s’organisent et émergent dans de nombreux pays du continent afin de prendre les commandes, non seulement de leurs Etats, mais aussi d’une Europe politique encore à construire, il serait désolant que la Grande Bretagne s’éloigne trop définitivement de ce qui reste une ambition suprême, conforme à l’Histoire.
Boris Johnson, grand admirateur de son prédécesseur au 10 Downing street, Winston Churchill, auquel il consacra une biographie remarquable Comment un seul homme changea l’Histoire, se souvient bien sûr de la réplique cinglante que fit l’ancien Premier ministre à Charles De Gaulle : « Entre le Grand Large et le continent, nous choisirons toujours le Grand large ».
De fait, Churchill devenu domestique de Roosevelt, fut, comme on le sait, l’exécutant docile du maître américain, en particulier lors des funestes conférences de Yalta et de Téhéran, qui décidèrent du sort cruel de toute une partie de l’Europe abandonnée à la dictature rouge.
Soixante quinze ans plus tard, les appels du pieds appuyés de Donald Trump au nouveau Premier ministre britannique peuvent faire craindre que ce qui fut sera.
Le risque est que le « Leave » dont Boris Johnson fut un partisan acharné pendant la campagne référendaire, ne soit au final synonyme de « Return » : retour dans les bras déjà tendus des États-Unis d’Amérique.
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