La protection du secret des affaires adoptée au Parlement européen
À une époque où la mondialisation est omniprésente, que ce soit dans l’obsession du village communautaire pour certains ou dans les cauchemars identitaires pour beaucoup d’autres, il semble que l’information reste toutefois un no man’s land politique où les divisions habituelles n’ont pas lieu d’être…
Preuve vient d’en être donnée avec l’adoption à une très large majorité de la directive européenne sur la protection du secret des affaires… Les députés français – ceux présents, en tout cas – du Front national, des Républicains et des Modem/UDI ont tous voté pour, tandis qu’aucun député du PS n’a voté contre, trois d’entre eux s’abstenant… Seuls les députés Europe Écologie-Les Verts et Front de gauche ont voté contre… à l’unanimité !
Soit un texte adopté à 77 % par le Parlement dans sa totalité et à 81 % par les eurodéputés français…
L’objectif de cette directive européenne est de garantir qu’« en cas de vol, d’acquisition ou d’utilisation illégale des informations confidentielles, la victime pourra défendre ses droits devant les juridictions civiles de la même façon partout en Europe… »
Dans l’esprit de ses promoteurs, notamment le commissaire français Michel Barnier, il s’agit avant tout de protéger les entreprises européennes de l’espionnage économique et industriel.
Fort bien !
Il s’en est donc fallu de deux semaines à peine pour que ne soit pas interdite la révélation du système de domiciliation de sociétés offshore et son usage par le cabinet panaméen Mossack Fonseca… mais on peut néanmoins s’interroger sur une telle protection en Europe, alors que ce scandale a été révélé par le très américain et désormais célèbre Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)…
L’ICIJ, fondé en 1997, basé à Washington et fort d’une équipe d’enquêteurs comprenant 86 journalistes répartis dans 46 pays, est en effet financé, entre autres, par George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford, Goldman-Sachs, soit des gourous de la finance mondiale dont les noms apparaissent régulièrement à la une de chaque bouleversement, souvent nauséabond, de l’actualité financière…
Il est à craindre que cette directive européenne, votée à une si écrasante majorité, et bien que partant d’un principe louable, reste à l’avenir sans effet réel sur les manipulations de l’information où sont révélés les seuls noms de chefs d’État, de milliardaires, de célébrités ou de personnalités politiques ou autres qui n’ont pas l’heur de plaire aux généreux soutiens de l’ICIJ… comme l’affaire des « Panama papers » justement, l’a mis en évidence !
Protéger les « lanceurs d’alerte » est certes louable, tout comme assurer la liberté d’expression de la presse, mais il est toutefois étrange que ceux-là même qui s’en font les chantres, ne songent pas plutôt – aussi ! – à exiger que soit assuré avant tout, outre la véracité des informations dévoilées, l’assurance qu’elles ne soient pas outrancièrement manipulées.
Ce qui les ferait clouer au pilori les George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs qui apparaissent finalement plus dangereux et malhonnêtes que certains détenteurs potentiels de comptes bancaires ou d’intérêts dans des sociétés offshores, soit trop souvent et trop simplement leurs concurrents économiques ou ennemis politiques !