28 septembre 2018

À l’ombre du mont Athos

Par Euro Libertes

par Francoise Monestier.

Avec plus de trente millions de visiteurs ayant foulé la terre grecque depuis le début de 2018, les Grecs ne peuvent que s’estimer heureux. Désamour de beaucoup avec la Turquie voisine et son ambitieux sultan qui rêve de reconstituer le grand califat de Mehmet II, fin de la lune de miel avec la Tunisie toujours plus islamisée ou volonté d’aider le pays d’Ulysse à se tirer du mauvais pas dans lequel l’ont mis les différents responsables politiques aux manettes depuis la chute du régime des colonels, cet engouement ne se dément pas depuis maintenant plus de trois ans.

Un tropisme russo-balkanique

Les voisins d’Athènes ont fait de la région d’Alexandroupolis et de la Chalcidique, connue pour la beauté de ses rivages, leur repaire. Au volant de cylindrées de grand prix ou à bord de confortables bus à étages, Bulgares (le peuple le plus pauvre de l’Union selon Bruxelles…), Roumains, Serbes et Russes, venus en famille et lestés d’un confortable portefeuille, ont déserté les plages de Varna ou de Constantza pour le littoral grec. Le tout avec l’aide de Mouzenidis Travel, une agence de voyages fondée par des Grecs descendants de militants communistes réfugiés au-delà du rideau de fer après la guerre civile et revenus au pays dans les années 80, comme d’ailleurs beaucoup d’autres de leurs compatriotes reconvertis dans le commerce des fourrures ou l’immobilier et pour lesquels le capitalisme financier n’a visiblement pas de secret. Les frères Mouzenidis, établis à Salonique, ont alors constitué un véritable empire touristique avec une flotte aérienne (Ellinair), des bateaux, des hôtels et une armée de véhicules qui ferait pâlir d’envie les plus grands autocaristes français.

L’ensemble à destination des Balkans et du monde russe très à l’écoute de la Grèce au moment où les Etats-Unis font tout pour contrer l’influence de Moscou sur le référendum organisé le 30 septembre prochain à Skopje sur le changement de nom de la Macédoine. C’est ainsi que le ministre américain Jim Mattis est venu passer quelques jours à Skopje afin de faire campagne pour le oui, de faire tomber ce pays dans l’escarcelle états-unienne et d’augmenter le nombre de membres de l’Otan dans la région.

Côté Russie, la frégate de la flotte de la mer Noire Amiral Essen, basée à Sébastopol, a récemment fait escale dans l’île de Poros afin de fêter le 190e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1828. Ses officiers en ont profité pour déposer des couronnes devant la maison de Ioánnis Capodístrias, héros de la guerre d’indépendance et qui fut également ministre des Affaires étrangères du tsar Alexandre 1er. Une visite symbolique qui n’a pas dû faire plaisir à Washington, qui souhaite utiliser plus largement les bases navales et aériennes grecques face au renforcement des positions de la Chine et de la Russie en Méditerranée, sans toutefois renoncer à la base aérienne d’Incirlik en Turquie.

Ferveur orthodoxe

Lors de la croisière effectuée au large des monastères du mont Athos – la seule façon pour les femmes d’apercevoir cet archipel de la foi –, j’ai pu constater la ferveur de ces touristes russes ou balkaniques. Ils n’ont pas manqué d’embrasser les reliques millénaires apportées à bord du bateau par des moines venus du monastère de Xénophon, fondé en 1010 par saint Xénophon et dédié à saint Georges, pour vendre chapelets, croix, pommades, herbes médicinales, olives, pots de miel, eau-de-vie ou herbes de la montagne sacrée. Pendant plus d’une heure, jeunes et vieux – et souvent des jeunes femmes russes aux allures d’hétaïres – se sont prosternés devant les icônes, ont acheté des tonnes de miel ou d’olives avant de retourner à la consultation de leur cher téléphone portable ou de se remaquiller comme des voitures volées.

Même ferveur aussi le 8 septembre, jour de la naissance de la Vierge Marie, au monastère d’Ormilia, une importante communauté monastique de 120 moniales qui sont rattachées au monastère de Simonos Petra au mont Athos. De nombreux Grecs avaient fait le déplacement pour cette fête particulièrement suivie dans le monde orthodoxe.

Une sacrée promotion…

Parmi tous ces fidèles, j’ai longuement discuté avec un couple de Grecs, venu passer quelques jours en Chalcidique et qui m’a tout de suite fait part de sa vive sympathie… pour Marine et le mouvement Nea Dexia, partenaire du Rassemblement national ! Très opposé à la politique de Tsípras et à l’invasion migratoire de certaines îles comme Lesbos au bord de l’explosion, le mari n’a pas apprécié la récente décision d’Eleni Kountoura, ministre du Tourisme, de confier à John dit Giannis Antetokounmpo, un joueur de basket né dans une famille de migrants nigérians, la mission d’« ambassadeur du tourisme grec » en posant devant les monuments emblématiques tel le Parthénon et en déclarant « Bonjour, ceci est mon beau pays la Grèce ». Ce sans-papiers vendait avec ses frères des contrefaçons dans les rues d’Athènes jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Reconnu pour ses performances sportives, il acquiert la nationalité grecque avant de rejoindre en 2013 l’équipe de basket américaine des Milwaukee Bucks qui l’ont fait roi et « digne ambassadeur de la Grèce » pour reprendre les propos d’Eleni Kountoura, venue de la droite souverainiste mais ouverte à toutes les compromissions pour sauver son maroquin. Mon interlocuteur grec d’origine pontique – les Grecs du Pont-Euxin chassés par Atatürk en 1924 et dont un grand nombre a été massacré avant de rejoindre la Grèce – aurait nettement préféré un evzone ou une Bouboulina, mais ce n’est pas au programme de Tsípras.

Le Macron grec

L’odieux Tsípras, après avoir promis tout et n’importe quoi, choisissait, le 21 août dernier, l’île d’Ithaque, dernière étape de l’Odyssée, pour annoncer que son pays avait repris son destin en main. Un contre-feu savamment calculé un mois après la gestion désastreuse des incendies meurtriers de Mati qui ont fait plus de 96 victimes et que la population a vécus comme un véritable cauchemar. Quelques semaines plus tard, inaugurant la traditionnelle Foire internationale de Thessalonique dont les Etats-Unis étaient l’invité d’honneur, il a souhaité que les investissements américains soient encore plus importants. Une façon de confirmer que Washington (et donc Jérusalem) a sa marionnette bien en main et que l’Odyssée est le cadet de ses soucis.

 Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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