Une réforme régionale inutile qui se couvre de ridicule
Voilà bien une idée saugrenue que celle de dénommer « Hauts de France », le « plat pays » que chantait Jacques Brel, et dont Pierre Bachelet nous contait qu’il n’avait que les terrils pour uniques montagnes. C’est là un indice de plus de la superficialité de la pensée politique qui règne aujourd’hui en France. On ne cherche qu’à créer une image flatteuse, fausse mais médiatique, de soi. En l’occurrence, on invente une verticalité géographique incongrue (le haut en question étant celui d’une carte qu’on colle au mur) au lieu d’appeler la région par les noms des provinces qu’elle réunit : Artois-Flandre-Picardie. Trop simple ou, qui sait, trop dangereux…
La difficulté à trouver des noms aux régions créées par la réforme Hollande est révélatrice du piètre amateurisme, et de l’ignorance complète des réalités géoéconomiques, de tous ceux qui ont décidé, ou ont voté sans autre forme de procès, les regroupements aléatoires qu’elle a engendrés. Parce qu’au moins quatre des nouvelles régions sont trop grandes et trop incohérentes, elles viennent alourdir encore le système administratif territorial (Les 13 super-régions, un échelon territorial de plus !).
Comment appeler autrement que « Grand Est », le vaste ensemble (en haut et à droite de la carte) qui rassemble arbitrairement trois provinces qui n’ont rien en commun, sauf d’un point de vue centraliste ? Dans une perspective européenne, qui prendrait en compte les vrais axes géographiques de développement, il eut fallu les garder séparées tout en confortant leur avenir transfrontalier respectif, qui est celui de l’intégration à une euro-région. Telle celle qui réunit déjà la Sarre, la Lorraine et le Luxembourg (Sar-Lor-Lux) autour de l’axe mosellan (Pays Mosellans). Telle celle qui peut se concevoir et qui associerait la Champagne et la Wallonie (Pays Meusans) grâce à la modernisation de la Meuse dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire active concernant les grands axes de communication européens (Une carte évolutive ? Alors, profitons-en pour l’améliorer)
La question de la dénomination est symptomatique des disfonctionnements qui s’annoncent. Par exemple, le dépérissement du Massif-Central qui se trouve écartelé entre deux régions dans lesquelles il ne figure plus que comme la marge de l’une et de l’autre.
Inutile parce qu’elle ne permet aucune économie, dangereuse parce qu’elle se focalise sur les métropoles, en sacrifiant les territoires, le réforme régionale socialiste est digne du jacobinisme français qui n’a d’autres objectifs que celui de sauvegarder les sinécures politiques.