22 janvier 2017

Big Brother et Soma

Par Richard Dessens

Aldous Huxley écrit Le Meilleur des mondes en 1932 et George Orwell 1984 en 1949. Ces deux ouvrages sont à lire ou relire tant ils préfigurent et dénoncent des formes de sociétés totalitaires qui sont en réalité très proches de nos démocraties modernes. Il y aurait tant à dire !

À l’heure de la mondialisation et de l’internet, de la mise en coupe réglée de la liberté par le « cloud » et des dénonciations du lanceur d’alerte Edward Snowden, les dangers du totalitarisme ne sont plus à venir, mais sont effectivement arrivés.

Pour compléter ce tableau visionnaire de notre réalité politique, n’oublions pas Étienne de la Boëtie et son Discours de la servitude volontaire paru en 1576, sans lequel rien ne pourrait exister…

Le Meilleur des mondes et 1884 dépeignent, l’un une société ultralibérale, l’autre un régime de type communiste, mais les deux aboutissent à un asservissement du peuple, conditionné pour un bonheur qu’il n’a pas choisi.

La mondialisation régente notre planète, les citoyens subissent une discipline physique et mentale sciemment dépersonnalisante. Que dire en effet de l’uniformisation humaine, culturelle, politique, économique, identitaire, imposée par notre mondialisation ?

Le Meilleur des mondes met l’accent sur l’infantilisation des citoyens-consommateurs au nom d’un bien communautaire obligatoire, sorte d’identité heureuse… Dans 1984, leur conscience se réduit à une orthodoxie haineuse, leur existence « aux délices sadomasochistes d’un malheur conforme », sorte d’identité malheureuse moderne.

George Orwell invente le terme de « Big Brother » dans 1984, qui incarne un totalitarisme obsédé par le Pouvoir. L’ordre social obéit en réalité à la loi de ce nouveau Léviathan de Hobbes. Chacun doit se soumettre à lui, puis écraser semblablement ses concitoyens, dans un complexe de peur et de haine totalement infantile. N’en sommes-nous pas là ?

Le meilleur des mondes a pour lien social une sorte d’amour qui repose dans une solidarité de type associatif… générosité obligatoire du cœur. Dans 1984, le lien social est la haine – amour et haine sont tellement proches souvent… et notre jeunesse n’a-t-elle pas si souvent « la haine » devenue si banalisée ? La haine de tout et de tous ceux qui pourraient infinitésimalement s’écarter de la ligne officielle, une haine qui est fortifiée chaque jour, en face du « Télécran », lors du sport rituel intitulé « Les deux minutes de la haine ». Il est frappant de constater que nos sociétés européennes – mais surtout française – mélangent l’obligation de cet « amour-générosité anesthésiant des bien-pensants » avec le développement d’un climat de haine de plus en plus palpable, et entretenu par nos élites (les nouveaux dirigeants d’Huxley et Orwell) contre tout ce qui ne pense pas comme elles.

La soumission « volontaire » s’effectue au nom des grands principes véhiculés par nos nouveaux Big Brother : la télévision, les médias officiels, internet, les élites.

Soumission qui veut faire croire à une liberté totale qui n’est qu’un esclavage programmé : fin de l’histoire, déculturation, semblant de liberté grâce à l’ordinateur et l’iPhone, dégradation des niveaux d’études, baisse des QI, drogue, pseudo-individualisme d’arrière-cuisine.

Le Meilleur des mondes, comme 1984, décrit une civilisation dans laquelle l’histoire n’existe plus. La caste dirigeante, pour conserver à jamais sa domination – sous prétexte de faire le bien des hommes – a pour objectif essentiel la stabilité sociale obtenue par l’amour de la servitude grâce aux divertissements audiovisuels qui neutralisent la conscience critique, et le « soma », une drogue qui procure l’euphorie sans les ennuis de l’accoutumance. On s’y croirait, non ?…

En outre, les journaux et les livres, réécrits s’il le faut, célèbrent la « réalité » qu’invente la classe dirigeante (nos « élites ») qu’il est obligatoire de « croire ». La conscience collective est sans mémoire : elle ne se constitue que de la consommation de l’actualité officielle, actualité qui ne met en exergue que la mémoire qui peut servir aux dirigeants… Notre modernité y a rajouté la Justice et la judiciarisation de la vérité politique officielle.

Des conclusions de ces ouvrages, il résulte que le combat militant contre l’oppression du système commence par un travail psychopolitique de lucidité sur soi-même… En effet, mais qui peut favoriser ce travail en dehors de médias confidentiels et ostracisés ? Car ce travail serait dévastateur pour nos « élites ».

Le peuple ne doit plus penser à autre chose que ce que lui a laissé le lavage de cerveau médiato-élitique de notre société culpabilisante. Pourtant la solution est simple : il suffit de refuser cette « servitude » soi-disant « volontaire ». Mais faudrait-il pour cela en prendre déjà conscience.

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Philippe Randa,
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