Le 26 avril, Malcolm Turnbull, le Premier ministre australien a annoncĂ© le choix australien pour lâavenir de leurs sous-marins, le programme « Sea 1000 » qui porte sur douze bĂątiments et un marchĂ© de 34 milliards annoncĂ©s sur trente ans. ĂchaudĂ©s par le suĂ©dois Kockums (groupe SAAB) qui avait construit les Collins, leurs submersibles prĂ©cĂ©dents, mais considĂ©rĂ©s comme peu fiables, les Australiens ne voulaient plus en entendre parler.
Deux autres pays maĂźtrisant cette technologie Ă©taient en concurrence : le japon avec Mitsubishi et lâAllemagne avec TKMS. Mais la France avec la DCNS et Thales avait lâavantage.
Thales produisait dĂ©jĂ les sonars des anciens bĂątiments et avait rachetĂ© aux australiens Bushmaster et ADI, entreprises spĂ©cialisĂ©es dans le matĂ©riel militaire et la chimie des explosifs. La coopĂ©ration sous-marine franco-australienne, trĂšs active avec la surveillance partagĂ©e de la zone maritime entre la nouvelle CalĂ©donie et lâAustralie, a aussi pesĂ©.
CÎté allemand, le patron de TKMS, Christoph Apotzien, admet que la technologie française était plus performante, mais soupçonne des accords secrets sur une évolution à terme vers le nucléaire, domaine parfaitement maßtrisé par les Français.
« On ne nous dit pas toutâŠÂ »
Enfin, DCNS a fait ses preuves Ă lâĂ©tranger (BrĂ©sil et Inde), avec le programme Scorpene, bĂątiments commandĂ©s en 2005 Ă la France et rĂ©alisĂ©s en transfert de technologie par les chantiers indiens.
Le top des diesels Ă©lectriques : les sous-marins nuclĂ©aires prĂ©sentaient un avantage indĂ©niable aprĂšs-guerre, leur rĂ©acteur permettant la plongĂ©e permanente. Contrepartie : le bruit, celui, continu, du rĂ©acteur et de sa circulation dâeau, impossible Ă suspendre. Or, le bruit est lâennemi du sous-marin.
Entre-temps, les sous-marins conventionnels de types diesels Ă©lectriques se sont extraordinairement perfectionnĂ©s, moteur Ă air chaud, batteries au lithium, pile Ă combustible permettant de rester sous lâeau jusquâĂ deux semaines. Avantage : la possibilitĂ© du silence absolu si nĂ©cessaire en embuscade. Autre intĂ©rĂȘt : leur ferraillage Ă©vite le problĂšme de la dĂ©contamination et dâabandonner des horreurs radioactives comme Ă Mourmansk.
La proposition française est le Lamie Barracuda, version diesel-Ă©lectrique dĂ©rivĂ©e du sous-marin nuclĂ©aire Barracuda Ă grande furtivitĂ©. ĂquipĂ© des nouvelles piles Ă combustible et batteries lithium-ion, il sera adaptĂ© au systĂšme de combat Mark 48 torpille, dĂ©veloppĂ© conjointement entre les Ătats-Unis et lâAustralie.
Du coup, les AmĂ©ricains, peu versĂ©s dans les technologies non nuclĂ©aires, nâont pas mis de bĂątons dans les roues. Reste cette question de la furtivitĂ©. Comment la concilier avec la grande vitesse et amoindrir ses consĂ©quences, les bruits dits « de cavitation » qui signent le sous-marin ?
La DCNS â dont lâhydrorĂ©acteur quâelle a su mettre au point est sans doute le plus Ă©laborĂ© actuellement â voit dâun mauvais Ćil sa diffusion et travaille sur une version plus Ă©lĂ©mentaire, secret oblige.
Le renouvellement des flottes sous-marines se pose aujourdâhui et dâautres appels dâoffres sont en cours, au Canada, et aussi en NorvĂšge qui propose de sâassocier aux Pays-Bas et Ă la Pologne pour rĂ©duire les coĂ»ts de maintenance.
Entre SAAB, TKMS et la DCNS, l’Europe des technologies sous-marines n’en est donc qu’au dĂ©but des affrontements.