par Michel Grimard, Président du ROUE
Volontairement escamotĂ©e et niĂ©e par lâUnion europĂ©enne, notamment la France, qui voulait aurĂ©oler de vertu Kiev, lâextrĂȘme droite ukrainienne vient de montrer, en sortant de lâombre, quâelle nâest pas le fruit dâune imagination rocambolesque et que lâignorer nâest plus permis.
Par une prĂ©sence plus physique et intensive, elle sâimpose sur lâĂ©chiquier politique ukrainien. Loin dâĂȘtre un phĂ©nomĂšne marginal, insignifiant, sans importance, comme le prĂ©tendait lâUnion europĂ©enne, elle montre une vigueur, dâautant plus inquiĂ©tante, que le pouvoir politique ukrainien, joue lâambiguĂŻtĂ©.
LâextrĂȘme droite est coalescente Ă la rĂ©volution de MaĂŻdan, tous les ingrĂ©dients pour son futur dĂ©veloppement Ă©taient dĂ©jĂ prĂ©sents. Si Moscou force le trait en Ă©voquant le danger fasciste, il nâest pas hors de propos. Quand le PrĂ©sident Vladimir Poutine affirmait que le pouvoir de Kiev est illĂ©gal, il nâavait pas rĂ©ellement tort. La Russie Ă©tait fondĂ©e Ă considĂ©rer quâil est nĂ© dâun coup de force. Il faut se souvenir quâil rĂ©sulte dâune destitution du PrĂ©sident Ianoukovitch par un parlement qui lui Ă©tait pourtant majoritairement acquis, mais qui ne disposait plus de son libre arbitre. Ă ce moment-lĂ , il se trouvait dominĂ© par des groupes fascistes et nazis. Bien que minoritaires, mais organisĂ©s et disposant dâarmes, ils tenaient alors le parlement.
En abolissant aussitĂŽt lâutilisation des langues rĂ©gionales, le nouveau pouvoir montra dâoĂč il Ă©manait. Ce visage intolĂ©rant et autoritaire se trouvait fort Ă©loignĂ© de cette volontĂ© dâouverture et de dĂ©mocratie, tant vantĂ©e. Un tel comportement dĂ©notait dĂ©jĂ un nationalisme Ă©troit, sans concession. Aujourdâhui, de maniĂšre directe ou indirecte, lâextrĂȘme droite diffuse dans les instances gouvernementales et lâimbrication est telle, quâil serait bien malin celui qui pourrait dire lequel manipule lâautre. MĂȘme si les diffĂ©rents mouvements qui composent cette mouvance sont hĂ©tĂ©roclites, ils ont en commun, la haine de la Russie et de lâUnion europĂ©enne, ainsi quâun mĂȘme socle, le fascisme.
Incapable dâendiguer ce courant ou sâen accommodant, le pouvoir ukrainien sâimmerge dans cette atmosphĂšre nausĂ©abonde. Parfois il recule, mais prend aussi les devants, avec des positions extrĂȘmes, frĂŽlant le fascisme. Sa passivitĂ©, face aux provocations de ses groupes radicaux, qui nâhĂ©sitent pas Ă sâen prendre brutalement aux banques russes ou bloquent les voies ferrĂ©es entre lâUkraine et le Donbass, est Ă©difiante. En favorisant ce climat antirusse, Kiev conforte lâopinion, dans son refus dâoctroyer une large autonomie au Donbass et participe ainsi au fossoyage des accords de Minsk.
Dans un article du journal Le Monde, le 25 juin 2017, de BenoĂźt Vitkine, on peut lire « PĂ©tro Porochenco refuse toute concession importante vis-Ă -vis de la Russie. Il promeut aussi une vision de lâhistoire, glorifiant lâhĂ©ritage des nationalistes dont certains sâalliĂšrent avec lâAllemagne nazie pour lutter contre les SoviĂ©tiques. »
Relancer les accords de Minsk est une volonté du Président Emmanuel Macron. Mais comment y parvenir en refusant de voir la réalité. En fondant cette ambition sur un président totalement vénal, qui ne rechigne pas à soutenir les groupes antirusses les plus radicaux et qui ne désire pas donner une véritable autonomie aux territoires en rupture de centralisme, il vicie son initiative.
En juillet 2015, lâUkraine modifie sa constitution pour dĂ©lĂ©guer des compĂ©tences importantes aux collectivitĂ©s territoriales, sur lâensemble du pays. Plus tard, une nouvelle avancĂ©e se dessine par le vote dâun « Statut spĂ©cial » pour le Donbass, lâautonomie nâĂ©tant pas toutefois explicite. Malheureusement, de nombreuses obstructions politiques et le manque de volontĂ© du Pouvoir anĂ©antirent ces avancĂ©es, qui ne furent pas confirmĂ©es.
Comment Kiev peut-il se dire respectueux des accords de Minsk, alors quâil cĂšde aux injonctions de lâextrĂȘme droite, dont les agissements sâopposent Ă leur accomplissement. La question mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e, pourquoi refuser la scission de ces rĂ©gions, quand toutes les actions tendent Ă les rejeter ?
Les Ă©vĂ©nements factuels constatĂ©s, sous-tendus par une extrĂȘme droite acceptĂ©e, relativisent grandement la mauvaise foi attribuĂ©e Ă la Russie.
LâĂ©tonnante confiance que le PrĂ©sident Emmanuel Macron accorde Ă son ami le PrĂ©sident PĂ©tro Porochenko, est injustifiĂ©e. Rendre la Russie responsable de tous les maux, manifeste une mĂ©connaissance ou une falsification de lâhistoire rĂ©cente de lâUkraine, celle qui occulte le rĂŽle des Ătats-Unis et de lâUnion europĂ©enne, porteuse dâun projet aussi provocateur quâinutile, le Partenariat Oriental.
La gĂ©opolitique orientale de lâUnion europĂ©enne, dans laquelle sâinscrit ce partenariat, mĂ©ritait rĂ©flexion et prudence. Une dĂ©marche davantage responsable, aurait permis dâengager lâUkraine sur une voie plus positive. LâUnion europĂ©enne aurait pu dĂ©velopper un partenariat commercial avec lâUkraine, sans que la Russie puisse en prendre ombrage.
En faisant fi des rĂ©alitĂ©s gĂ©ographiques et de lâinterdĂ©pendance Ukraine-Russie, lâEurope a ignorĂ© volontairement les difficultĂ©s que lâentrĂ©e de lâUkraine dans lâUnion europĂ©enne, allait entraĂźner. Son rĂŽle plus quâambigu, a favorisĂ© la dislocation de lâUkraine, entraĂźnant la perte de la CrimĂ©e et la sĂ©dition dâune partie sud-est du Pays.
Quant aux Ătats-Unis, pour qui lâingĂ©rence et la violation du droit international sont des pratiques courantes, ils ne se sont pas privĂ©s dâintervenir. Ă Kiev, le SĂ©nateur McCain nâa pas hĂ©sitĂ© Ă exciter la foule, lâexhortant Ă renverser le PrĂ©sident librement Ă©lu. AprĂšs lui, le Vice-PrĂ©sident Joe Biden a agi de mĂȘme en prĂŽnant la fermetĂ© Ă lâĂ©gard de lâest de lâUkraine et cette attitude nâa jamais cessĂ©. Comment lâUnion europĂ©enne peut-elle sermonner la Pologne, alors quâelle accepte de coopĂ©rer et de soutenir sans rĂ©serve un pays, dont le pouvoir, non seulement corrompu, flirte avec une extrĂȘme droite particuliĂšrement sulfureuse.
Toutes les solutions actuellement proposĂ©es, accord de Minsk, projet du SecrĂ©taire dâĂtat amĂ©ricain, Rex Tillerson, ou futures, nâauront de chances dâaboutir que si lâUnion europĂ©enne est capable dâimposer Ă lâUkraine de restaurer son image, aujourdâhui calamiteuse. Si elle veut retrouver sa crĂ©dibilitĂ©, elle doit, sâextraire de ses vices, la corruption, lâintolĂ©rance et lâautoritarisme, mais aussi abandonner sa bienveillance, pour les ligues fascisantes.
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