4 octobre 2016

Interview de Michael Gabel  (président de Pro Köln)

Par Lionel Baland

PEGIDA organise presque chaque lundi des rassemblements à Dresde, dans l’Est de l’Allemagne, contre l’islamisation de l’Occident. Qu’en pensez-vous ? Une branche de PEGIDA existe aussi à Duisbourg, ville située à 80 km de Cologne. Entretenez-vous des relations avec cette organisation ?

PEGIDA, c’est génial ! Un mouvement plein d’authenticité, qui a été lancé par quelques personnes avant de devenir une large organisation de masse qui défile chaque semaine dans Dresde.

Lors des débuts de PEGIDA, celui qui dirigeait pro Köln à l’époque n’a hélas pas compris qu’il devait prendre contact avec ce mouvement et ses fondateurs. Plus tard, pro Köln a appelé à prendre part à la manifestation qui s’est déroulée, suite aux attaques sexuelles commises par des migrants au Nouvel An, à l’appel de PEGIDA Rhénanie du Nord-Westphalie en janvier 2016 à Cologne. De nombreux membres du parti ont participé à ce rassemblement.

Comment pouvez-vous expliquer que dans l’est de l’Allemagne [qui a connu le communisme], la population est plus patriote que dans l’ouest du pays ? Comment se fait-il qu’en Autriche, le patriotisme rencontre plus de succès qu’en Allemagne ? Les catholiques sont-ils plus patriotes que les protestants ?

Alors que les Allemands de l’Ouest, sous la coupe des États-Unis, se sont concentrés à l’époque de la guerre froide sur le fait de gagner de l’argent, en Allemagne de l’Est la population a connu deux événements collectifs qui ont mis en cause les fondements de l’État et de ses organes et qui ont conduit à leur discrédit : le 17 juin 1953 [insurrection réprimée par les troupes d’occupation soviétiques] et le 9 novembre 1989 [chute du Mur de Berlin]. L’effondrement du communisme a montré que la répression a une fin et a mis en avant la question de ce qu’il reste d’un État qui a trompé et dissimulé. Ces événements donnent à la population un sentiment d’appartenance collective. Plutôt que les concepts communistes de « Jeunesse mondiale, Révolution mondiale et Solidarité mondiale », de nombreuses personnes ont choisi « Patrie, Nation et Langue. »

En Autriche, c’est plutôt peut-être que les peuples qui ont composé autrefois l’Empire des Habsbourg n’ont pas voulu rester ensemble. Pourquoi les Autrichiens devraient-ils tenir à une structure qui, de Prague à Sarajevo, n’était pas souhaitée par sa population ? Ce qui motive le vote patriotique en Autriche est que les Turcs se trouvent de nouveau devant Vienne.

Les Églises, tant catholique que protestante, sont largement tributaires financièrement de l’État. Une séparation de l’Église et de l’État est prévue par la Constitution, mais est factice dans de nombreux domaines. Toutes les universités théologiques sont entretenues financièrement par l’État. De plus, celui-ci paye les traitements des évêques et cardinaux. Au sein de l’Église protestante, ce n’est pas différent. Que ce soit dans les écoles ou dans les hôpitaux, l’Église prend en charge l’organisation et l’État paye les coûts. L’impôt d’église, un reliquat de la Restauration après l’époque des guerres napoléoniennes, conduit à la dépendance des Églises par rapport au gouvernement et à leur soutien sans alternative à la politique migratoire de la porte ouverte pratiquée par Angela Merkel.

Il existe des particularités régionales. La Bavière s’est formée, déjà sous le Roi Louis II, en opposition au reste de l’Allemagne en tant que nation culturelle et dispose d’un sentiment national propre. La Saxe, sous Auguste le fort, s’est distanciée en tant que nation culturelle de la Prusse. L’église Notre-Dame à Munich (Bavière) ou l’église Notre-Dame reconstruite à Dresde (Saxe) sont des points de cristallisation au même titre que le sont les slogans, en bavarois , « Nous sommes qui nous sommes » et à Leipzig (Saxe) lors des manifestations de 1989 qui ont conduit à la chute du communisme, « Nous sommes le peuple ».

La politique des frontières ouvertes pratiquée par Angela Merkel a-t-elle amené de nombreux « réfugiés » à Cologne ?

Les soi-disant réfugiés ont été envoyés, selon une clé de répartition, dans l’ensemble du pays. La Rhénanie du Nord-Westphalie, qui compte près d’un quart de la population d’Allemagne, a reçu 24 % de tous les réfugiés. Officiellement, Cologne a eu en 2015 11 000 personnes, mais les chiffres officiels sont trafiqués et ne reflètent pas la réalité.

L’AfD (Alternative pour l’Allemagne) obtient de nombreux succès électoraux. Comment expliquez-vous cela ? Pouvez-vous envisager dans le futur une collaboration entre votre parti et l’AfD ?

L’AfD a eu le gros avantage à ses débuts, sous la direction de Bernd Lucke, d’entrer par le centre, en tant que projet d’élites, au sein du paysage politique. La critique de l’euro en était le fer de lance. La crise grecque faisait douter de nombreuses personnes du bien-fondé de la politique gouvernementale. La politique financière est un thème éternel. Bernd Lucke avait des contacts avec les médias et a pu faire connaître relativement rapidement le parti à l’échelle nationale.

Le fait que l’AfD se soit orientée ensuite vers la droite, ce qui a entraîné le départ de Bernd Lucke et de son aile économique libérale, a conduit à un succès encore plus important. La crise des « réfugiés » et la politique catastrophique des frontières ouvertes pratiquées par Angela Merkel ont apporté alors de l’eau au moulin du parti.

Pro Köln voit l’AfD en tant que concurrent démocratique qui développe dans de nombreux domaines des positions comparables. Nous percevons leur succès en tant que confirmation du bien-fondé de notre travail des vingt dernières années. Pro Köln a pavé la route dans le domaine de la critique de l’islam. Nous n’avons pas récolté les fruits de notre labeur, mais nos idées ont pénétré la population et dans d’autres pays d’Europe sont déjà majoritaires.

L’AfD a décidé de ne pas travailler avec pro Köln car ce dernier a été placé autrefois dans le rapport de l’Office fédéral de protection de la Constitution. Depuis deux ans, pro Köln n’est plus apparu au sein de ce document. Lorsque pro Köln demandait une interdiction de la burqa, c’était selon le rapport de l’Office fédéral de protection de la Constitution anticonstitutionnel. De nos jours, la Cour européenne de justice a confirmé la légalité de l’interdiction par la France du port de la burqa. La question est même devenue d’actualité au sein de la CDU d’Angela Merkel.

Pro Köln poursuit son travail et espère que celui-ci portera ses fruits lors des élections municipales de 2020.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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