29 avril 2017

L’élection présidentielle en France vue de l’étranger

Par Nicolas Gauthier

Traditionnellement, les journaux français ne sont que peu amènes avec le Front national ; leurs homologues européens, guère plus. Quant aux autres médias internationaux, c’est une autre histoire.

Du côté anglais, le Guardian assure « qu’Emmanuel Macron représente le meilleur espoir d’un grand pays profondément troublé. […] Mais que la menace de l’extrême droite n’est pas éteinte. »

Sans surprise, le Financial Times participe de ce touchant chœur de clairons, tandis que le Daily Mail annonce « une nouvelle révolution française ». Petite note dissonante, toutefois, cette une du Times stigmatisant « une élite française humiliée par des marginaux en route vers la victoire. » Reproche ou compliment ? Allez savoir…

Plus pragmatiques encore, les Américains qui, dans le Wall Street Journal, affirment que « les Français ont redéfini la géographie politique du pays en plaçant l’Union européenne au centre de la nouvelle opposition politique », alors que le New York Times évoque « un novice politique et un tison d’extrême droite ». Soit « des outsiders avec des visions radicalement différentes pour le pays, plaçant ainsi la France sur un chemin incertain au moment critique où cette élection pourrait également décider de l’avenir de l’Union européenne. » Voilà qui n’est pas si mal dit que ça.

Mais, si d’un côté, les Anglais et leurs épigones américains – à moins que cela ne soit le contraire – observent l’affaire de loin, nos voisins allemands sont autrement plus impliqués dans cette élection présidentielle, à juste titre donnée pour être hors-norme.

D’où ce copieux dossier de l’assez conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour le moins réservé quant à la qualification d’Emmanuel Macron pour le second tour de cette élection présidentielle. Déjà, rien que ce titre : « La France déchirée ». Et cet avertissement en prime « Plus de 40 % des Français ont voté pour des candidats à droite toute ou à gauche toute. La victoire de Macron est tellement étroite que, lors des deux présidentielles précédentes, en 2007 et 2012, il ne serait pas arrivé au second tour. »

Même son de cloche chez le plus « libéral » Der Spiegel, le succès, même relatif d’Emmanuel Macron, faisant figure de « gifle retentissante pour l’Établissement politique. ». Pis : « Sa qualification au second tour a balayé, au moins provisoirement, des institutions politiques de longue date, les gaullistes-conservateurs tout comme les socialistes au pouvoir. »

On ne saurait mieux dire, même si ces commentateurs évacuent, par négligence ou ignorance, la dimension sociale et géographique du scrutin en question. Soit cette France d’en bas qui ne « veut » plus, alors que celle d’en haut ne « peut » plus, fracture sociale que l’Allemagne connaît d’ailleurs, même si pour le moment contenue par ce qu’il demeure de capitalisme rhénan, permettant aux « pauvres » d’être moins pauvres et évitant aux « riches » de sombrer dans la pauvreté, même au prix de l’importation de dizaines de milliers d’immigrés censés payer les retraites des riches comme des pauvres.

De l’autre côté de la planète, il va sans dire que du côté chinois, la prudence est de mise, confucianisme, post-communisme et pragmatisme allant souvent de pair. De celui de la Russie, même si François Fillon était candidat de raison, Marine Le Pen demeurait celle du cœur, si l’on résume la teneur de la presse moscovite : avec Emmanuel Macron, il faudra bien se faire une raison. Nous aurons tôt l’occasion d’y revenir.

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