13 octobre 2017

Aujourd’hui, la Catalogne a tous les atouts pour devenir indépendante

Par Euro Libertes

par Alexandre Durudeau.

Voici maintenant quelques jours que le monde entier a les yeux rivés sur le duel auquel se livrent Madrid et Barcelone, la seconde demandant le divorce quand la première s’attache frénétiquement à retenir sa moitié.

Économie

Il faut dire que Madrid est dans une situation fort délicate. Elle ne souhaite pas se séparer d’un de ses territoires les plus rentables d’un côté et perdre la face politiquement de l’autre. En effet, la Catalogne s’impose comme le moteur de l’économie espagnole : première région exportatrice (un quart des exportations totales), la seconde au niveau des investissements étrangers, première destination touristique d’Espagne, une industrie développée… La Catalogne pèse dans le PIB du pays à hauteur de 19 % ce qui la place comme la région la plus riche. Même au niveau du chômage, la Catalogne est aussi un modèle pour le reste des Espagnols avec un taux de chômage moyen de 13,2 % contre 17.2 au niveau national. Certes il y a bien la question de la dette qui est LE point faible de la région. Elle représente plus de 35 % de son PIB, d’autant plus que ses prêts dépendent de l’État central.

Pour Madrid le départ de Barcelone serait une catastrophe économique. L’Espagne perdrait des atouts dans l’ensemble des domaines économiques. Mais, politiquement, le divorce aurait aussi des conséquences graves, au niveau national comme au niveau européen.

Politique

Pour l’État central, le divorce montrerait une incapacité à gérer les situations assez délicates pour remettre en cause l’unité du pays. Mais il faut avouer que, pour le moment, le gouvernement espagnol n’a pas été à la hauteur, et il est maintenant obligé à reprendre le contrôle sans pour autant que la réussite de cette mission soit garantie.

Premièrement, voilà (trop) longtemps que l’Espagne laisse les anti-indépendance seuls. Politiquement, les nationalistes n’ont jamais obtenu la majorité au sein des parlements autonomes. Culturellement et socialement, ils préfèrent le silence, gardant leurs énergies pour des manifestations ponctuelles comme cela commence déjà à apparaître. Mais comme chacun le sait, perdre culturellement annonce la défaite politique.

L’État espagnol a cédé ses pouvoirs suite à une décentralisation trop poussée. La police catalane n’obéit plus, la preuve lors du référendum illégal où ils étaient sommés d’empêcher le vote. Au vu de l’inaction des troupes locales, c’est la police nationale qui a dû intervenir… Trop tard.

Aujourd’hui, clairement, la Catalogne a tous les atouts pour prétendre devenir indépendante. Barcelone est devenu une ville mondiale, son économie est dans l’ensemble plutôt bonne, culturellement très forte et seule une réponse forte du gouvernement espagnol peut freiner ou arrêter cette longue descente vers la séparation.

Concernant l’opinion publique, les médias ont clairement pris la défense des Catalans décrits comme des pacifistes voulant s’exprimer librement sur le destin de leur région, face à un État central dont les images des policiers fermant de force les bureaux de vote. Toucher aux bureaux de vote c’est s’attaquer à un point sensible, un point qui fait frémir l’opinion publique. Clairement la Catalogne a gagné cette bataille.

L’Europe

Au milieu de tout ça, l’Union Européenne se tait, au moins officiellement. Il faut dire qu’elle est prise entre deux feux, prendre position pour l’un ou pour l’autre est un pari risqué ou le taux de réussite est de l’ordre de 50 %.

Logiquement l’Union Européenne qui n’a qu’à la bouche le mot « droit » devrait prendre position pour l’État espagnol et contre ce référendum totalement illégal qui a été organisé par les indépendantistes sans qu’une autorité électorale neutre soit présente ; totalement illégal, aussi bien sur la forme que sur le fond.

Certains diront que la possible indépendance de la Catalogne ouvrirait la boîte de Pandore des indépendantismes. C’est sans doute vrai et si cela n’était pas le cas, nul doute qu’elle donnerait tout de même un coup de projecteur sur des revendications peu écoutées et une ferveur certaine dans le cœur des indépendantistes.

Mais l’Union Européenne souffrirait-elle vraiment d’une montée des indépendantismes ? Ce n’est pas certain dans le sens ou le projet Européen cherche à terme à exporter le modèle allemand. La France de son côté à d’ailleurs commencé à s’engager dans ce chemin avec la création des « super régions » qui captent de plus en plus les attributions des départements. Lutter contre les « vieux » pays tel que la France ou l’Espagne passe aussi par un démantèlement progressif. Le classique : diviser pour mieux régner.

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Philippe Randa,
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