Ainsi donc, les Ătats-Unis dâAmĂ©rique ont Ă©tĂ© pris, non pas la main dans le pot de confiture, mais les oreilles collĂ©es aux conversations â et jusquâaux plus personnelles â de nos dirigeants. Et ce nâest pas peu dire que leurs oreilles sont grandes, puisquâelles commettent leur indĂ©licatesse aux quatre coins du Monde.
Pris ? Non, repris⊠car lâoutrage nâest pas nouveau et nâavaient-ils pas Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement tancĂ©s dans le passĂ© par leurs victimes⊠enfin, leurs AlliĂ©s, nâest-ce pas ?⊠qui leur avaient adressĂ©, telle une maĂźtresÂse dâĂ©cole Ă un Ă©lĂšve Ă la conduite inappropriĂ©e, une sĂ©vĂšre admonestation, valant avertissement de renvoi de lâĂ©tablissement⊠enfin, de rupture de relations diplomatiques, nâest-ce pas ?⊠mais, semble-t-il, sans prĂ©ciser quâil sâagissait dâun Premier avertissement â comme il est dâusage dans nos Ă©tablissements scolaires hexagonaux â, suivi en cas de rĂ©cidive dâun deuxiĂšme avant une Ă©ventuelle sanction, soit un renÂvoi dĂ©finitif⊠enfin, une rupture diplomatique, nâest-ce pas ?⊠si la menace nâĂ©tait pas prise au sĂ©rieux. Ă lâĂ©vidence, elle ne lâa pas Ă©tĂ©âŠ
LâOncle Sam, fidĂšle Ă sa boulimie de domination et Ă ses pathologies, a continuĂ© ses vilaines pratiques qui ne datent pas dâhier, mais, comme le rappelle Ăric DenĂ©cĂ©, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement dans un entretien au Figaro : « Nous savons que les AmĂ©ricains nous Ă©coutent de maniĂšre constante depuis le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, mĂȘme sâil y a eu des variations. Quand François Mitterrand a Ă©tĂ© Ă©lu, en 1981, les communistes ont fait leur entrĂ©e au gouvernement. Toutes les Ă©coutes Ă©taient dirigĂ©es vers la France, pays alliĂ© de lâOtan dans lequel des communistes arrivaient au pouvoir ! Nous avons Ă©galement Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©coutĂ©s Ă partir de 2003 et notre refus de nous engager dans la guerre en Irak. Avec Nicolas Sarkozy, la France est pourtant revenue dans le giron de lâOtan et reste avec François Hollande plus proche des Ătats-Unis quâelle ne lâĂ©tait par le passĂ©. Ce qui nâempĂȘche pas les Ă©coutes. »
Lâhyperpuissante AmĂ©rique du nord a-t-elle dâailleurs Ă rendre quelÂque compte de loyautĂ©, sinon de courtoisie, Ă ceux qui se considĂšrent comme ses AlliĂ©s, alors quâils ne sont pour elle que de simples vassaux quâil est toujours prudent de tenir Ă lâĆil, ne sait-on jamaisâŠ
Le PrĂ©sident Barack Obama sâest certes fendu de quelques mots dâexcuses pour la bonne forme â pour ce que cela lui coĂ»te ! â et les « AlliĂ©s » devront bien sâen contenter, finalement, malgrĂ© des dĂ©clarations de dames patronnesses outragĂ©es dâavoir subi ces derniers outrages dâindiscrĂ©tions â quelques caresses croupiĂšres ne sont pas pĂ©nĂ©tration physique, tout de mĂȘme !
Dâailleurs, on peut sâinterroger, tout de mĂȘme, sur la rĂ©alitĂ© de leurs indignations⊠Angela Merkel, tout comme les prĂ©sidents ChiÂrac, Sarkozy et Hollande, pouvaient-ils vraiment ignorer ces viÂlaiÂnes maniĂšres commises Ă leurs dĂ©pens ? On ose espĂ©rer que non⊠AuÂcune surprise pour eux, donc ! mais lâAffaire, forcĂ©ment, deÂvient plus gĂȘnante quand elle est connue de leur Opinion puÂblique qui, tout de mĂȘme, juge que câest parfaitement intolĂ©rable â entre « alliĂ©s », ce sont des choses qui ne se font pas, croyait-onâŠ
Câest, bien davantage que dâavoir subi lâoutrage ou de continuer Ă lâendurer, que de nâavoir su continuer Ă le cacher, qui chagrinent nos dirigeants⊠qui sont finalement comme ces victimes de violences sexuelles qui prĂ©fĂšrent taire le crime et le laisser impuni que dâavoir Ă en assumer la honte⊠Quitte Ă continuer Ă subir lâoutrage plutĂŽt que dâassumer le dĂ©shonneur.
Pour nos gouvernants, lâun nâempĂȘche plus lâautre !