23 novembre 2016

Trump ou la fin du libre-échangisme ?

Par Nicolas Gauthier

En France, et surtout dans les milieux de droite, identitaires ou pas, nombreux sont ceux à s’être réjouis de l’élection de Donald Trump. Pour souvent de bonnes raisons, de plus mauvaises, parfois, fondées sur des renvois massifs d’immigrés plus ou moins clandestins ou de remise à l’honneur d’une « identité américaine » dont les contours flous demandent encore à être définis.

Plus sérieusement, Jean-Michel Quatrepoint, ancien journaliste du Monde, de La Tribune et du Nouvel économiste, analyse cette situation inédite, à l’occasion d’un entretien accordé à nos confrères du Figarovox. En 2008, il publiait un essai alors passé à peu près inaperçu, intitulé La crise globale et de la sorte sous-titré, « On n’en finit pas d’achever les classes moyennes et d’enrichir les élites ». Globalement, et globalisation mondialisée oblige, tout est à peu près dit…

À condition, toutefois, d’expliciter le phénomène en y voyant autre chose que conspirations brumeuses et complots d’arrière-cour. De fait, Jean-Michel Quatrepoint résume assez bien l’affaire en ces quelques lignes : « La désindustrialisation aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni et en France est la conséquence directe des délocalisations massives, notamment en Chine, et de cette alliance contre nature nouée à la fin des années quatre-vingt entre Wall Street, Walmart [équivalent américain du Carrefour français. NDLR] et le Parti communiste chinois. On a voulu faire croire et on a voulu nous faire croire que le libre-échange était gagnant pour tout le monde. Il ne l’était pas. »

Pour qui l’était-il, alors ? À celui de « cette petite fraction d’élite mondialisée des pays occidentaux et surtout au profit des multinationales, de la finance, des marchés. Bref, de tous ceux qui pouvaient profiter au maximum des flux commerciaux et financiers ». Et aux dépens de qui ? Des autres, c’est-à-dire d’une large majorité de la population planétaire : « On ne s’est pas occupé des perdants, toujours très nombreux dans le Tiers-Monde et de ces bataillons de classes moyennes paupérisées en Occident. Ce sont eux qui se réveillent aujourd’hui, en utilisant le moyen pacifique qu’ils ont encore : le bulletin de vote. »

Nous y voilà. Trop de régulation a peut-être naguère menacé l’indispensable commerce entre les nations. Mais une dérégulation sans garde-fou est aussi en train de tuer ce même commerce. La France, qui a souvent quelques trains de retards sur ces questions, se retrouve désormais avec un potentiel Président – François Fillon – qui tente de se refaire la cerise avec un programme libéral reagano-thatchérien, lequel remonte au début des années quatre-vingt du siècle dernier. Le tout mâtiné de conservatisme sociétal. Main invisible du marché ? Oui, peut-être, mais dans la culotte de Jeanne d’Arc. Tout cela est-il vraiment sérieux ? Il est à craindre que non.

Quitte à espérer que d’autres candidats à la magistrature suprême aient une vision plus claire des enjeux à venir.

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