4 mai 2017

Le Brexit divisera-t-il les 27 ?

Par admin

 

L’unité de façade des 27 pourrait se fissurer ; en tout cas c’est ce que laissent apparaître les récentes tensions entre Theresa May et Jean-Claude Juncker et ceci laisse entendre qu’un accord de sortie ne serait pas possible sur deux ans, alors que les équipes de la Commission n’ont plus guère d’illusion sur un calendrier, à l’origine ambitieux, mis en place par les États membres et émettent les plus expresses réserves sur la possibilité d’aboutir à un accord d’ici mars 2019.

Lors du dernier sommet, les chefs d’État et de gouvernement européens ont d’ailleurs laissé apparaître leur vive inquiétude, ce qui pourrait aboutir au pire, voir émerger de fortes différences entre les 27 et permettre plus que jamais au Royaume-Uni, de briller là où il excelle, à savoir diviser pour régner.

Nul doute en effet, que lors des multiples débats à venir, concernant les nombreux chapitres à renégocier et lors desquels les sujets financiers seront âprement discutés, il y aura parmi les 27, une division « entre ceux qui ne voudront pas payer un centime de plus que nécessaire et ceux qui ne voudront pas se faire avoir d’un centime » comme l’a fait remarquer le Président de la Commission européenne le 29 avril, à l’issue du conseil européen. Les contributeurs nets n’entendent pas payer « un Kopeck de plus » et les bénéficiaires nets n’accepteront pas que l’on touche à leur récent, continu et confortable pactole.

À la question de savoir comment gérer le puits financier que le Brexit laissera (dans un premier temps la perte nette serait de 9 à 12 milliards d’euros), des divergences de fond persistent entre les 27 sur ce qu’il serait possible d’accorder ou non au Royaume-Uni.

L’accord, en théorie, serait limpide : les 27 pays se sont en effet mis d’accord sur la méthode de divorce – soit 26 étapes de négociation – ceci à l’occasion d’une réunion de moins 3 heures et les Chefs d’État et de gouvernement se seraient également mis d’accord en moins d’une minute, sur le texte préparé par les sherpas. Néanmoins, l’unité des 27 pourrait être de courte durée.

En effet, le Conseil européen de juin prochain pourrait aussi être celui d’un nouvel écueil, avec la nouvelle distribution des agences européennes devant quitter le Royaume-Uni. Les présidents du Conseil et de la Commission présenteront alors une proposition, des critères et un processus pour sélectionner la nouvelle localisation des deux agences européennes actuellement installées au Royaume-Uni : l’agence européenne du médicament, et l’autorité bancaire européenne. On observe ici, que les États bénéficiant déjà de plusieurs agences européennes réclament des « critères objectifs », alors que ceux n’en ayant pas demandent une répartition équitable.

Notons que la France, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Irlande et des États du Nord de l’UE sont déjà candidats pour héberger l’agence européenne du médicament et l’on peut déplorer ici le peu de volontarisme des autorités françaises, alors même que la France est lourdement pénalisée par la répartition actuelle des agences européennes et qu’une ville comme Lyon leader mondial du vaccin et de l’homéopathie, aurait une vocation naturelle à recevoir l’Agence européenne du Médicament.

Vers une réunification de l’Irlande ?

Les autorités irlandaises actuelles se sont assuré la victoire à un futur referendum sur l’avenir de l’Irlande du Nord, en faisant insérer dans les conclusions du Conseil le fait que l’Irlande du Nord serait automatiquement membre de l’Union européenne, si elle votait en faveur d’un regroupement avec la République d’Irlande (Eire). Aucun des 27 ne s’est opposé à cette requête, mais cette option reste assez hypothétique ; l’Irlande le sait et ce processus pourrait prendre quelques décennies. La situation est cependant claire désormais.

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Philippe Randa,
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