14 mai 2016

Pour en finir avec les racines chrétiennes de l’Europe !

Par Nicolas Gauthier

 

 C’était juste après l’élection du travailliste Sadiq Khan à la mairie de Londres. Débattant sur BFMTV, Pierre Moscovici assurait à Nicolas Dupont-Aignan : « Même si, c’est vrai, sur notre continent, il y a une majorité de population qui est, disons, de religion ou de culture chrétienne, l’Europe n’est pas chrétienne. Je ne crois pas aux racines chrétiennes de l’Europe. Je crois que l’Europe est unie et diverse. »

Et toujours la même rengaine que ces fameuses « racines chrétiennes » de l’Europe. Là, oublions les opinions et tenons-nous en aux seuls faits, quitte à filer la métaphore horticole. Les racines de l’Europe ? Indubitablement païennes. L’Europe, on la sent dans sa chair, son cœur, son esprit, à l’Acropole, à Stonehenge, au Colisée, à Carnac ; voire même à Éphèse, en Turquie, là où la Très Sainte Vierge Marie serait partie vers d’autres cieux, en état de dormition. Le tronc, chrétien, il va de soi, c’est une autre affaire, sachant que nos églises furent la plupart du temps édifiées sur d’anciens lieux de cultes polythéistes ; l’abbaye de Ligugé, par exemple. Et sans les cathédrales de Chartres, de Reims et de Paris, il va sans dire que la France ne serait plus tout à fait la France.

Si l’on veut être historiquement plus pointu, on n’oubliera pas non plus de rappeler qu’en France, les synagogues précédèrent les églises, certains de nos lointains ancêtres juifs étant arrivés en Gaule dans les charrettes de l’armée romaine. Puis, des racines au tronc et du tronc aux branches, encore une autre histoire, sachant que des siècles durant, il y eut aussi des mosquées dans le sud de la France et que nos compatriotes de confession musulmane, tout comme ceux de notre chère France ultramarine, sont aussi partie prenante de notre grand récit national.

Français de souche ou Français de branche ? Le débat mérite ainsi d’être posé. La France, pays de culture judéo-chrétienne ? Il n’est pas illicite d’en discourir. Europe « unie et diverse » ? C’est un fait, mais pas forcément un argument d’autorité, tel celui qu’assène Pierre Moscovici.

Et si nous étions tous seulement des enfants de la Mare Nostrum, mère commune d’une grande maison dans laquelle se trouveraient de nombreuses demeures ? Homère ne disait pas autre chose ; tout comme la défunte et regrettée académicienne Jacqueline de Romilly.

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