9 février 2017

Norbert Hofer : le FPÖ devrait gagner les prochaines élections

Par Euro Libertes

Entretien avec Norbert G. Hofer, membre du FPÖ, parti national-libéral d’Autriche : « Le FPÖ devrait être le premier parti aux prochaines élections. […] Si nous parvenons à gouverner, il y aura également un contact très rapproché avec les États du Visegrád. » Candidat sortant au deuxième tour des élections présidentielles autrichiennes en 2016, Norbert Hofer a reçu le Visegrád Post dans son bureau du parlement autrichien.

Nous avons parlé des États-Unis, de la Russie, de la Chine, d’énergie, de l’empire des Habsbourg ou encore de l’Ordre de Saint-Georges.

Entretien réalisé à Vienne le 3 février 2017 par Ferenc Almássy.


Ferenc Almássy : L’actualité me pousse à commencer par cette question. Donald Trump est désormais président des États-Unis. S’il applique ce qu’il a promis, et cela semble bien parti pour, les États-Unis devraient s’orienter vers plus d’isolationnisme, mais aussi vers une coopération en bonne intelligence avec la Russie. Quelles conséquences pour l’Europe, en particulier centrale ? Et qu’espérez-vous, ou craignez-vous, pour l’Autriche ?

Norbert Hofer : Je ne pense pas que les États-Unis s’isoleront. Mais je crois qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener la production chez eux, car cela est sensé assurer les emplois aux États-Unis. Et je crois que l’Europe doit réagir en conséquence, car elle ne fait pas tout ce qu’elle peut pour devenir de nouveau forte économiquement. Rappelons-nous de ce que voulaient les pères fondateurs – Charles de Gaulle et Adenauer – que devienne cette Union, cette communauté européenne, c’est-à-dire des États coopérant fortement sur le plan économique, afin de travailler ensemble à une compréhension mutuelle et éviter de mener des guerres les uns contre les autres.

Aujourd’hui, l’Europe doit réagir et essayer également de ramener la production en Europe. De plus en plus d’entreprises quittent notre continent, s’en vont ailleurs ; mais les gens doivent vivre de quelque chose, et il serait sage de produire ici et non dans des pays ayant des exigences écologiques et sociales moindres.

L’idée de produire là où les biens sont nécessaires est, de mon point de vue, la bonne voie à suivre, et l’Europe doit se concentrer là-dessus, en toute amitié avec les États-Unis, la Russie et la Chine. Mais les États représentent des intérêts et l’Union européenne aussi doit représenter des intérêts, en l’occurrence les intérêts de l’économie domestique, des travailleurs européens et des consommateurs qui vivent ici. Nous devons porter attention à cela.

FA : Dans ce contexte de détente probable entre les USA et la Russie, que va-t-il en être selon vous de la crise ukrainienne ? Comment voyez-vous ce conflit ? Est-ce que l’Autriche, pays neutre, hors de l’OTAN, mais membre de l’UE, et entretenant des relations relativement bonnes avec la Russie pourrait jouer un rôle pour ramener la paix dans ce pays liant la Russie et l’Europe centrale, dont fait partie l’Autriche ?

Norbert Hofer : C’est en effet un grand avantage pour notre pays que d’être neutre. Cela résulte de l’histoire de notre pays. Nous avons de la chance d’être neutre et c’est un avantage pour l’Europe qu’il y ait un tel pays en son sein, car nous pourrions être un hôte pour des négociations de paix, et je crois que cela marcherait très bien pour nous.

J’aurais aimé organiser ces discussions pour la paix si j’étais devenu président. J’espère que lorsque je le serai dans quelques années, ce conflit ukrainien sera déjà terminé. Mais d’autres conflits auront alors lieu dans le monde…

Cette tradition en Autriche a commencé avec le chancelier fédéral toujours bien connu des Autrichiens, Bruno Kreisky. Il avait commencé à inviter des chefs d’États, dont des dictateurs, en Autriche, et a essayé de construire ici un dialogue. C’était une bonne voie. Donc je pense que l’Autriche se doit d’en faire plus en ce sens, et ce serait un avantage pour l’Union européenne.

FA : L’Europe centrale, au delà même du V4, vit une renaissance, et semble se prendre en main. Il y a notamment un projet ambitieux de développer un axe énergétique nord-sud de la Croatie à la Pologne. Que pensez-vous de ce projet ? Quels enjeux pour l’Autriche ? Devrait-elle se joindre à celui-ci ?

Norbert Hofer : C’est vrai que du fait de l’Histoire, il est plus facile pour les pays d’Europe centrale de coopérer entre eux. Si vous visitez les capitales d’Europe centrale, et regardez les anciens bâtiments, vous croirez qu’une poignée d’architecte les a tous dessinés. Tout est très similaire, tout comme est très similaire l’idée culturelle commune : nous sommes tous fortement influencés par les valeurs du christianisme, même ceux qui ne sont pas chrétiens, et ces valeurs sont toujours là.

Et si l’on parle de la question de l’énergie, je pense que l’Europe devrait coopérer davantage dans certains domaines et moins dans d’autres. Par exemple, je m’interroge sur la nécessité d’avoir une politique agricole commune. Les États membres sont mieux à même de gérer cela seuls.

Cependant, sur des questions de sécurité, d’économie ou d’énergie nous devons coopérer plus fortement. Il est donc sage de trouver des moyens de rendre ces coopérations possible, en particulier pour ce qui est de l’infrastructure, ce qui signifie par exemple que dans le futur nous devrons trouver le moyen de pouvoir compter sur les énergies renouvelables. Car nous savons, bien sûr, que si aujourd’hui les sources d’énergie fossile sont massivement exploitées, il nous faudra nous assurer d’autres sources d’énergie à l’avenir.

Et, ici aussi, je vois de grandes opportunités pour l’Europe d’être un pionnier en la matière. Donc, l’approvisionnement énergétique et les infrastructures liées à l’énergie sont importantes pour nous, car là aussi nous ne pouvons pas simplement nous reposer sur les États-Unis pour nous fournir ce dont nous avons besoin, ni attendre que la Russie nous le fournisse toujours. Nous devrions plutôt compter sur nos propres ressources.

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