2 mai 2018

Les états généreux

Par Pierre de Laubier

En 1506, les états généraux de Tours décernèrent à Louis XII le titre de « père du peuple ». Qu’avait-il fait pour mériter cet honneur ? Tout le contraire de ses prédécesseurs. Il avait notamment fait baisser d’un quart le montant de la taille.

Avant même cet acte qui parut si original aux contemporains (et qui laisse rêveur le citoyen d’aujourd’hui), il s’était signalé par sa magnanimité, déclarant : « Le roi ne venge pas les injures faites au duc d’Orléans. »

Il maintint par exemple son vieil adversaire La Trémoïlle dans toutes ses dignités, en lui recommandant de se montrer aussi loyal envers lui qu’envers son prédécesseur.

Il faut rappeler que Louis XI, qui était un sacré farceur, lui avait fait épouser en 1476 sa fille Jeanne, qui était manifestement inapte à lui donner une descendance. Il aurait glissé à l’un de ses confidents : « Les enfants qu’ils auront ensemble ne leur coûteront point cher à nourrir. »

Travailler à l’extinction de sa propre dynastie, de la part d’un roi qui avait vu mourir cinq de ses huit enfants et ne laissait qu’un seul fils, est une chose assez curieuse.

Quoi qu’il en soit, ce mariage fut reçu par le duc d’Orléans comme un affront et, à peine monté sur le trône, Louis XII fit annuler ce mariage, resté en effet stérile au bout de douze ans, pour épouser Anne de Bretagne (1499). Celle-ci demeurait seule duchesse de Bretagne et le traité préservait l’indépendance du duché (qui devait revenir au deuxième enfant, mâle ou femelle). Voilà qui illustre la volonté du nouveau roi de cesser d’empiéter sur les droits de ses vassaux (ça ne durera pas : le traité sera foulé aux pieds ensuite). Le roi exigea des juges une parfaite impartialité, ce dont on peut déduire qu’elle manquait auparavant. Enfin, il disciplina l’armée qui, si supérieure qu’elle fût à l’armée féodale, se croyait permise de piller les paysans. Ça valait bien un petit merci.

Mais, on s’en doute, les états ne s’étaient pas réunis rien que pour ça. Il s’agissait de valider le traité de Blois, signé deux ans plus tôt, en vue du mariage de Claude, fille unique du roi. Et avec qui, s’il vous plaît ? Avec l’archiduc Charles, qui n’était autre que le futur Charles Quint. Or, ce traité accordait une dot qui comprenait les duchés de Milan et de Bretagne, à peine acquis, Gênes, Asti, la Bourgogne fraîchement dérobée aux Habsbourg eux-mêmes, et même le comté de Blois !

Ce qui apparaît comme un démembrement du royaume, une victoire posthume de Charles le Téméraire, un retour à une situation analogue à celle qui avait provoqué la guerre de Cent Ans, le roi l’envisageait d’un cœur léger. On en conclut que la prévalence de la souveraineté sur la suzeraineté était, pour le deuxième successeur de Louis XI, loin d’être encore une évidence. Ni pour le duc de Valois, héritier de la couronne, qui a lui aussi signé le traité.

Toutefois, le roi s’étant rendu compte que ce mariage n’était pas une bonne idée, fit appel aux états généraux pour dénoncer le traité et conclure le mariage de la fille du roi avec le duc de Valois (le futur François Ier). Ce qu’ils firent. Et le chanoine Bricot, chargé de s’adresser au roi, loin de dérouler la longue suite de doléances portée d’habitude par les États Généraux, profita de l’occasion pour le prier d’accepter le titre de « père du peuple ».

Les chroniques de Pierre de Laubier sur l’« Abominable histoire de France » sont diffusées chaque semaine dans l’émission « Synthèse » sur Radio Libertés.

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