12 juillet 2019

Les tribulations d’une communauté de moines cévenols

Par Jean-Pierre Brun

Des moines en plein pays des camisards, mais vous n’y pensez pas ! Et pourtant, mes aînés peuplaient ses sommets avant même l’arrivée des premiers chrétiens, jusqu’au jour où, bien après les lois de 1905, chassés par la famine, ils s’exilèrent en Espagne et dans ce qui était encore l’Afrique du Nord française. Malgré leur robuste constitution et leur ascétisme proverbial, ne trouvant plus le moindre os à ronger, ils s’étaient résolus à devenir des vautours moines mendiants, loin de leurs charniers natals.

Camisards.

Camisards.

Des citadins bédéphiles qui avaient découvert dans les albums de Lucky Luke l’existence de nos cousins mexicains, les urubus somme toute bien sympathiques, ayant appris que, charognards besogneux, nous peuplions encore le pays quelques décennies plus tôt, imaginèrent notre réinstallation, sans s’inquiéter vraiment des causes de notre disparition.

Certains se persuadèrent que des paysans bornés et superstitieux nous avaient décimés ou chassés à coups de fusil jusqu’à nous clouer sur une porte de grange comme de vulgaires chouettes, pour conjurer les esprits diaboliques prétendument réfugiés dans nos carcasses.

C’était méconnaître le sens de l’économie de ces pauvres gens pour lesquels la peau d’un vautour ne valait pas les cartouches tirées pour les abattre. Ils n’avaient que faire de nous, voiliers du ciel impressionnants certes, mais démunis de serres et de bec prédateur, incapables de chasser le moindre poulet. Ce qu’ils ignoraient c’est que les bergers qui nous abandonnaient les dépouilles de leurs bêtes mortes, malades ou blessées, avaient été contraints de les enterrer, de les chauler ou de les envoyer chez les équarrisseurs, en application de nouvelles lois sanitaires, au demeurant fort louables.

Plus de charognes à dépecer, plus de charognards. Exit les éboueurs du ciel.

N’écoutant que leur affection pour leurs amis les bêtes, et forgerons improvisés d’une chaîne de l’écosystème reconstituée tant bien que mal, nos supposés bienfaiteurs oublièrent dans leur enthousiasme, quelques solides maillons. Et c’est ainsi que, à peine réintroduits dans nos aires originelles, se posa immédiatement la question de notre subsistance. Qu’à cela ne tienne ils y pourvoiraient en nous faisant parvenir des vallées quelques solides carcasses.

C’est à cette fin que furent utilisés des câbles jusqu’alors destinés par les forestiers au transport des billes de bois. Il fallait nous voir perchés sur les pylônes les supportant, attendant notre pitance tels des clochards à la sortie de la messe.

On fit aussi appel aux services des 4×4 de l’administration pour l’apporter jusqu’à nous. Une véritable complicité se noua bientôt avec leurs conducteurs. Nous nous posions sur les véhicules avant même qu’ils ne s’arrêtent, pour nous disputer les meilleurs morceaux. Des moines gloutons, mon Dieu, pardonnez-leur ! Frère Tuck de la forêt de Sherwood n’était pas loin.

L’assistance publique est fort louable mais elle a ses limites et lorsqu’une population sinistrée retrouve une forte démographie, surgit une tout autre problématique.

Pour subsister certains d’entre nous bénéficient désormais d’une embauche dans des entreprises de spectacles comme les voleries qui prolifèrent à travers la France. D’autres, installés dans des sites protégés ouverts au grand public, jouent les indigènes dans des reconstitutions du passé. Les gorges de la Jonte en sont l’exemple le plus abouti. Il y existe même une « Maison des Vautours » annoncée à grand renfort de panneaux publicitaires, des dizaines de kilomètres à la ronde. Certains d’entre nous envisagent même une affiliation aux syndicats du spectacle afin de bénéficier des dispositions de leur convention collective. Affaire à suivre…

Certes la fonction publique, a ses incontestables avantages mais, comme partout, trop nombreux sont ceux qui prétendent y faire carrière. Les restrictions budgétaires en limitent quelque peu l’embauche.

Alors que faire ?

Une branche de ma famille s’est repliée dans les Pyrénées Orientales. Le relief et le climat leur conviennent mais, malgré la prolifération galopante des sangliers, la chère est bien maigre. Les bergers sont plus que jamais avares de charognes. Quelle est la solution ? Le moine devient prédateur. Comment, lui, que rien n’y prédispose ? Désarmé mais imaginatif, il chasse désormais en bande. Volant au ras de troupeaux de moutons, voire de vaches, ils les affolent et les poussent vers un ravin dans lequel quelques bêtes se briseront les os. Bénédicité, mes bien chers frères !

On connaît l’inimitié des bergers à l’endroit des loups. Est en train de naître celle qui menace désormais les vautours catalans. Les éleveurs ont saisi les autorités préfectorales de la question. Mais ils écouvillonnent déjà leurs fusils avant de régler concomitamment organes de visée et problème, mais à leur façon.

On parle souvent de maillon faible ou de maillon manquant. Quelqu’un arrivera-t-il à remmailler la chaîne alimentaire ? À moins que des moines prêcheurs ne convertissent leurs frères au véganisme.

Comme le rappelait l’un de nos congénères : « Les bons sentiments font rarement les bons gueuletons ».

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