4 janvier 2019

Peuple et opinion publique

Par Richard Dessens

L’expression des volontés populaires est censée se traduire à travers la notion d’« opinion publique », puis dans les urnes. C’est le cheminement en trois phases qui aboutit à la démocratie représentative élaborée de notre modernité.

Qu’est-ce donc alors que l’« opinion publique » ?

Qu’est-ce donc alors que l’« opinion publique » ?

À chaque phase, un sas de décompression infléchit, transforme, amende, jusqu’à la travestir, la volonté populaire initiale. C’est un peu comme ce jeu-test qui consiste à prononcer une phrase qui va être transmise de bouche-à-oreille à dix personnes autour d’une table. La phrase initiale se transforme en une autre phrase totalement différente arrivée au dixième participant.

Ce mode d’« expression » populaire est l’arme redoutable des démocraties dites « apaisées » des États « de droit ». Mode d’expression qui repose sur l’opinion publique et le verdict des urnes en excluant la réalité de la volonté populaire. Cette distorsion entre ce qu’on a appelé dans une formule simplifiée le « pays réel » et le « pays légal », génère toutes les incompréhensions et les conflits qui grèvent les démocraties occidentales et en assèchent l’efficience.

Mais cette distorsion est voulue, souhaitée et organisée minutieusement. Le peuple a toujours fait peur et le meilleur moyen de le contourner est de l’anesthésier progressivement en dressant des écrans, les corps dits intermédiaires, qui fabriquent finalement une opinion publique et des résultats électoraux qui ne correspondent plus à la réalité du peuple. L’opinion publique devient alors la légitimation des résultats électoraux par sa dimension que l’on veut « populaire », en remplacement de la volonté primordiale du peuple.

Qu’est-ce donc alors que l’« opinion publique » ? Ce n’est pas l’opinion du peuple, mais une opinion façonnée par un certain nombre d’intermédiaires, les médias, au sens large du terme. Le peuple désordonné et sans culture, a ainsi besoin de guides, de maîtres à penser, d’« asséneurs » de vérités, légitimés par leurs positions ou leurs statuts dans la société : associations, syndicats, professions libérales, presse, intellectuels, people, économistes, cercles d’influence, entre autres réseaux dont le rôle est de canaliser les réactions des peuples dans un sens donné. Les sondages à répétition renforcent le phénomène en jouant un rôle, ou d’adhésion, ou de repoussoir, selon les besoins politiques du moment.

Dans ce processus il n’y a rien, en apparence, de politique puisque c’est la société « civile » qui prépare le terrain politique, sous un visage de neutralité et d’intelligence désintéressée. La grande presse occupe bien sûr une place de choix dans ce système bien huilé dans lequel les mêmes opinions convergent toutes, dans une belle unanimité agrémentée de quelques nuances de circonstances. Contrairement à ce que veut faire croire la presse, ce n’est absolument pas d’ailleurs sa « liberté » qui est remise en cause, mais son unanimité avec quelques variantes à la marge, prétendument apolitique, qui la rend illégitime. La liberté suppose une réelle pluralité d’opinions au même niveau de diffusion.

C’est ainsi que se forge l’« opinion publique » déjà bien éloignée des volontés populaires étouffées par l’intelligence des élites autoproclamées. Et les discours politiques officiels consistent d’ailleurs, pour contrecarrer cette analyse qu’instinctivement le peuple pourrait faire, à répéter sans cesse qu’« on ne peut pas tromper le peuple », que « le peuple est intelligent », dans une flagornerie qui, malheureusement, produit trop souvent ses effets.

Puis vient le temps des urnes, avec une accélération de l’activité des réseaux d’opinion publique, et l’entrée en scène des politiques, qui ne sont plus que les courroies de transmission de la « société civile », et qui vont utiliser des slogans simplificateurs en conclusion du travail préparatoire de leurs réseaux d’influence sociétaux et médiatiques. Discours manichéens à visée culpabilisante et qui attisent la peur, devenue le moteur de la nouvelle idée politique des démocraties occidentales.

Mais les urnes se vident et l’expression populaire supposée ne se manifeste plus qu’à hauteur d’une moitié environ d’un peuple qui les déserte, comme une preuve d’un sursaut démocratique, à l’inverse de l’analyse qui en est faite par les doctes spécialistes objectifs. L’abstention est la réelle expression d’une volonté populaire que tous les moyens employés pour l’occulter, ne réussissent plus à faire taire. C’est dans le silence assourdissant des urnes que réside, pour une large part tout au moins, l’opinion désabusée du peuple.

Dans ce paysage démocratique sophistiqué, affirmer que le populisme est « simpliste », « grossier », « dangereux », « inintelligent », « illibéral » et l’ennemi de la démocratie et de l’État de droit, est bien la défense d’un système qui a mis tant de temps à mettre en place une « opinion publique » et des procédés électoraux pour faire taire le peuple « grossier, simpliste, dangereux, inintelligent, illibéral » et mieux en trahir les volontés.

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