7 septembre 2017

Les révolutions libérales de 1848, matrice idéologique du FPÖ

Par Lionel Baland

 

Le FPÖ est donné deuxième parti politique d’Autriche par divers sondages réalisés en vue des élections législatives du dimanche 15 octobre 2017. Cette formation politique patriotique, ayant appartenu de 1979 à 1993 à l’Internationale libérale, siège, de nos jours, au Parlement européen au sein du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL) aux côtés d’autres partis nationalistes tels que le Front National (France), le PVV (Pays-Bas), la Ligue du Nord (Italie) et le Vlaams Belang (Belgique).

En 2016, son candidat à l’élection présidentielle, Norbert Hofer, était à deux doigts d’être élu chef d’État.

Le président du FPÖ Heinz-Christian Strache et le Troisième président (FPÖ) du Parlement Norbert Hofer.

Le président du FPÖ Heinz-Christian Strache et le Troisième président (FPÖ) du Parlement Norbert Hofer.

Un parti libéral

En tant que parti libéral, le FPÖ porte l’héritage idéologique du combat pour la liberté qui était mené au XIXe siècle par la famille politique libérale (liberté d’association, d’expression, de réunion, de presse,…) qui réclamait à cette époque également des mesures sociales, ainsi que l’unification des populations germanophones du continent en un seul État. Leurs adversaires, les conservateurs, désiraient préserver les privilèges de l’aristocratie et de l’Église ainsi que l’existence de l’Allemagne des princes morcelée en de nombreux États.

Les révolutions libérales de 1848, survenues au sein de divers endroits de la Confédération germanique, constituent pour le FPÖ un événement historique important. En effet, cette formation politique en tire ses racines idéologiques nationales-libérales.

Barricades à Vienne en 1848. Dessin de Joseph Heicke.

Barricades à Vienne en 1848. Dessin de Joseph Heicke.

La liberté est la valeur fondamentale

Divers programmes du FPÖ, depuis sa fondation en 1955, indiquent que, pour ce parti, la liberté est la valeur fondamentale. Cette liberté des personnes et des peuples n’était pas évidente au cours de certaines périodes de l’histoire. En effet, la société féodale, restée en place en Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ne connaissait que peu la liberté individuelle et ne pratiquait pas le droit des peuples à l’autodétermination. Les serfs devaient servir la noblesse, constituée de privilégiés n’ayant de comptes à rendre que devant Dieu. Les pays étaient partagés entre des dynasties, sans tenir compte des différentes ethnies les composant ou des volontés de celles-ci.

Le mouvement national-libéral s’érigeait contre cette société féodale. La monarchie éclairée de Joseph II en Autriche mettait en place des mesures allant dans le sens désiré par ce courant politique afin de permettre le développement de l’économie et la mise au pas de la noblesse. Les conséquences de l’action de la monarchie éclairée étaient doubles. D’une part, une révolution du type de celle survenue en 1789 en France était évitée, de l’autre, l’appareil d’État de la monarchie et sa violence étaient accrus en vue d’instaurer une sorte de dictature, dans un objectif d’accroissement de la prospérité, visant à contrôler complètement les citoyens. Une phrase, devise de l’absolutisme éclairé, pouvait résumer cette situation : « Tout pour le peuple, mais rien par le peuple. »

L’État ne s’appuyait plus désormais sur la noblesse, mais sur la bourgeoisie, tout en ne donnant à cette dernière aucun pouvoir. La bureaucratie cherchait à contrôler et à réglementer la vie des citoyens, mais personne ne contrôlait la bureaucratie et sa gestion de l’argent public. La revendication principale du courant libéral était alors l’établissement d’une Constitution en vue de sécuriser les droits fondamentaux des citoyens et de soumettre l’État au contrôle d’une instance représentant les citoyens.

L’idée nationale

Les guerres et l’occupation napoléoniennes ayant éveillé chez les Allemands la naissance d’un sentiment national, l’idée de voir créer un État réunissant l’ensemble des Allemands se développait. La liberté des citoyens face aux autorités devait correspondre, au plus haut niveau politique, au droit des peuples à l’autodétermination. Le mouvement national et le mouvement libéral bâtissaient ainsi une unité.

Les associations étudiantes nationalistes (Burschenschaften) jouaient un rôle moteur dans ce domaine en transformant en 1817 la fête de la Wartbourg à Eisenach en une manifestation contre l’absolutisme régnant au sein des divers États allemands et contre la politique du chancelier autrichien Clément-Venceslas Metternich qui réprimait les combats pour la liberté en utilisant la violence policière, les espions et la censure.

Le concept d’un État-nation regroupant l’ensemble des germanophones posait, cependant, question car il ne laissait pas assez d’espace aux particularités régionales. De plus, à l’Est, une séparation claire entre les zones allemandes, tchèques et polonaises, imbriquées l’une dans l’autre, était impossible.

La Wartbourg à Eisenach, un des hauts-lieux du nationalisme allemand.

La Wartbourg à Eisenach, un des hauts-lieux du nationalisme allemand.

Révolutions de 1848

En mars 1848, la révolution éclatait à Vienne. Metternich tombait et l’Empereur Ferdinand Ier d’Autriche accordait une Constitution. Les citoyens élisaient une assemblée.

À Francfort-sur-le-Main, l’assemblée issue des révolutions ayant éclaté à divers endroits au sein de la Confédération germanique se donnait pour vocation de créer un État rassemblant l’ensemble des citoyens de langue allemande. Les délégués provenant de la partie germanophone de l’empire des Habsbourg y défendaient l’idée de la création d’un État fédéral préservant les spécificités locales.

La révolution ayant échoué, les parlements de Francfort-sur-le-Main et de Vienne étaient dissous. Mais les conservateurs, sortis gagnants, finissaient par lâcher du lest. Les défaites militaires de l’Autriche à Solférino en 1859 et à Sadowa en 1866 conduisaient à l’octroi au peuple de la Constitution de 1867 qui faisait de l’empire des Habsbourg une double monarchie, dominée, d’un côté, par les Allemands d’Autriche et, de l’autre, par les Hongrois. Des pans de cette loi fondamentale restée en vigueur jusqu’à la fin de la monarchie constituent une partie de l’actuelle Constitution.

Sources :

Baland Lionel, Jörg Haider, le phénix. Histoire de la famille politique libérale et nationale en Autriche, Éditions des cimes, 2012.

Österreich Zuerst. 60 Jahre FPÖ. 1956 – 2016, FPÖ-Bildungsinstitut, Vienne, 2016.

 

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Philippe Randa,
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