1 décembre 2016

Le précurseur européen de Donald Trump

Par Georges Feltin-Tracol

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, n’est pas le premier homme d’affaires à entrer en politique pour soumettre aux électeurs des propositions iconoclastes.

Dans la décennie 1990, l’indépendant Ross Perot, le républicain anti-néo-conservateur Patrick Buchanan et l’écologiste Ralph Nader préfiguraient le phénomène Trump.

À la même époque en Europe, un homme d’affaires prévenait les Français de l’engrenage maastrichtien : le Franco-Britannique Jimmy Goldsmith (1933-1997). Frère de l’écologiste « paléoconservateur » Edward Goldsmith et père de Zac Goldsmith, candidat conservateur malheureux à la mairie de Londres en 2016, il devint en 1994 député français au Parlement européen sur la liste L’autre Europe conduite par Philippe de Villiers.

Un an plus tôt, il avait publié chez Fixot Le piège, une série d’entretiens avec Yves Messarovitch.

Hostile au traité de Maastricht et à la monnaie unique, Jimmy Goldsmith, en conservateur libéral, soutenait néanmoins « un marché européen libre à l’intérieur duquel puissent circuler sans restrictions marchandises, services et capitaux » (p. 34).

Sur l’euro, perçu comme un intolérable carcan, il annonçait que l’impossibilité de le dévaluer entraînerait la Grèce et l’Espagne à accepter « le transfert des chômeurs […] vers d’autres [pays] plus prospères » (p. 37), ce qui est le cas avec une forte émigration hispano-grecque en Allemagne.

Vilipendant le libre-échange et les délocalisations, Jimmy Goldsmith invitait à « rejeter, sans complexes, le GATT [l’ancêtre de l’OMC] et protéger l’Europe » (p. 71). Il prévoyait aussi que les élites autoproclamées approuveraient l’injonction « selon laquelle ce serait aux gens de se déplacer vers les emplois et non l’inverse » (p. 28). La mobilité européenne ne s’alignera jamais sur celle des États-Unis, surtout si elle est subie !

Contrairement à Donald Trump, Jimmy Goldsmith condamnait l’énergie nucléaire ainsi que les énergies fossiles. Il encourageait en revanche les « énergies vertes ». Quand on relit Le piège un quart de siècle plus tard, on ne peut que constater la pertinence de ses analyses, nonobstant leur libéralisme affiché. Finalement assez proche des thèses du Prix Nobel d’économie Maurice Allais, Goldsmith dénonçait la course à l’abîme de la pseudo-UE. Un indéniable esprit altereuropéen se manifestait déjà dans cet ouvrage plus que jamais d’actualité.

Bonjour chez vous !

Cette « Chronique hebdomadaire du Village planétaire » a été diffusée sur Radio-Libertés le 25 novembre 2016.

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