7 juillet 2016

Quand le Brexit fait des heureux en Iran

Par Nicolas Gauthier

Si une capitale s’est intéressée de près au Brexit, c’est évidemment Téhéran. En effet, au sortir d’un interminable purgatoire économique, le retour de la République islamique d’Iran dans le concert des nations ne saurait non plus se faire sans conditions. La première consiste à éviter toute dépendance stratégique vis-à-vis d’un pays tiers ; les USA surtout. Mais, pour multiplier les partenariats, l’Iran a besoin de partenaires fiables, ce qu’ont bien sûr compris des nations telles que la Russie ou la Chine.

Et l’Europe ? Non sans raison, l’ayatollah Khamenei tient à la fois le Vieux monde pour géant économique et nain politique sous tutelle américaine. À Téhéran, la nostalgie de la France gaullienne est toujours présente, nostalgie de cette France qui disait non à l’entrée de l’Angleterre en Europe, nostalgie d’une France équidistante des deux blocs, du temps de la Guerre froide, de cette France qui donna refuge à l’ayatollah Khomeiny avant d’ensuite se retourner, en armant l’Irak, contre un Iran qui, pourtant, lui déroulait alors le tapis rouge.

Rien d’extravagant donc, que ce tweet d’Hamid Aboutalebi, conseiller politique du président Hassan Rouhani : « Le départ de l’Angleterre de l’UE est une opportunité historique pour l’Iran. »

Mieux, Masoud Jazayeri, général de brigade et l’une des têtes pensantes de la géopolitique perse, affirme, à en croire le journaliste Didier Chaudet, du Huffington Post : « Le problème de l’UE, c’est le manque d’indépendance face aux États-Unis. »

Et le même journaliste de résumer l’équation en ces termes : « La sortie de Londres de l’UE, cela veut dire, pour les élites iraniennes, des agents d’influence pro américains en moins en Europe ».

On ne saurait être plus clair.

Il est un fait qu’au-delà de cette euphorie passagère, le temps pourrait à nouveau se couvrir pour Téhéran, prochaine élection américaine oblige. Si Hillary Clinton sort du chapeau, c’est le cauchemar ; cette dame, quoique démocrate, étant encore plus va-t-en-guerre que les néoconservateurs républicains. Puis, l’hypothèse Donald Trump, considérant que l’accord conclu avec l’Iran sous l’égide de Barack Obama n’est qu’une « absurdité ». Un moindre mal nonobstant, pour cette république islamique qui sait bien que cet homme, roué comme pas deux, est avant tout un grand pragmatique et qu’avec lui, il sera toujours possible de s’arranger, business oblige.

 

Après, une question demeure : même débarrassée de l’encombrant ami anglais, l’Europe saisira-t-elle cette autre chance historique consistant à enfin avoir une politique qui lui soit propre. C’est le pari qui se fait en coulisses à Téhéran ; sans trop vraiment y croire, toutefois.

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Philippe Randa,
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