24 novembre 2016

Un après-franquisme qui n’en finit pas, l’exemple catalan (02)

Par Franck Buleux

 

Lors de la campagne électorale pour le renouvellement anticipé du Parlement régional de Catalogne, en 2012, Artur Mas n’hésita pas à lancer à la foule, lors d’un rassemblement, « Pour la première fois depuis trois siècles, le peuple de Catalogne va enfin pouvoir décider de son futur. »

Le programme politique d’Artur Mas était clair : il s’agissait pour la Catalogne « d’avoir son propre État dans le cadre de l’Europe » : un double positionnement clair, séparation de l’État national espagnol et intégration, ou plutôt réintégration, au sein de l’Union européenne, selon le processus institutionnel indiqué lors de notre étude sur l’Écosse.

Artur Mas, candidat de la coalition indépendantiste septembre 2015.

Artur Mas, candidat de la coalition indépendantiste – septembre 2015.

Nul extrémisme politique, ou folklore identitaire, dans la gestion d’Artur Mas qui dirigea la Catalogne avec un parti libéral, Convergence démocratique de la Catalogne (CDC) et des démocrates-chrétiens, l’Union démocratique de Catalogne (UDC) : ces deux partis alors fédérés au sein de la CiU.

Toutefois, en juin 2015, les divergences entre les deux partenaires de la coalition entraînent la dissolution de celle-ci. L’UDC (que l’on pourrait qualifier d’« aile droite » de la coalition) se présente seule aux élections au Parlement catalan du 27 septembre 2015 où elle n’obtient que 2,51 % des voix et aucun élu. Il en est de même lors des élections générales du 20 décembre de la même année. L’UDC, proche des partis conservateurs européens, rejette, en effet, le démantèlement de l’Espagne.

Au sein du Parlement européen, où ils sont présents depuis 1986, date de l’adhésion espagnole, les représentants de la CiU (qui n’existe plus, depuis le départ de l’UDC) siègent avec les libéraux européens, au sein du groupe « Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe », dont les membres sont très favorables à la construction européenne et à son développement. Ses principaux alliés, au sein de ce groupe, sont les partis libéraux en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, mais aussi le Modem français et les nationalistes basques du Parti National Basque (PNV) dont nous avons déjà parlé. Signe distinctif, le seul élu UDC en 2014, qui a quitté la coalition régionale, siège avec les élus du Parti populaire européen (PPE), avec les conservateurs espagnols du Parti populaire de l’actuel Premier ministre Rajoy.

La CiU a donc vécu. Le nouveau dirigeant de la province, Carles Puigdemont, s’appuie sur une coalition appelée « Ensemble pour le oui » (sous-entendu, « oui » à l’indépendance) qui comprend, outre son propre mouvement, le CDC, l’ERC (la Gauche républicaine de Catalogne). Pour parfaire ces mutations politiques, la CDC est devenue le Parti démocrate européen catalan (PDECAT), parti catalan libéral et indépendantiste, créé à Barcelone le 10 juillet 2016.

Concernant la question migratoire, même si les nombreux Marocains, ou personnes d’origine marocaine, vivant en Catalogne, soit une communauté estimée à 250 000 personnes, sont courtisés par la coalition indépendantiste, ils restent partagés du fait de la revendication de souveraineté du Sahara occidental. Craignant une revendication qui fasse tache d’huile sur ce territoire, le consul du Maroc en Espagne ne cache pas son opposition au projet de Catalogne indépendante.

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Philippe Randa,
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