8 janvier 2017

Benoît Hamon, un suppléant à droite toute

Par Franck Buleux

Pour l’ensemble des commentateurs, parmi les candidats à la primaire du Parti socialiste, des radicaux de gauche et de quelques écologistes dissidents, le plus à gauche est Benoît Hamon.

D’ailleurs, il est de bon ton d’indiquer que la surprise viendra de lui, il sera le « Fillon » de la gauche, celui qui s’imposera par la fermeté et la certitude de ses convictions.

Notre ancien ministre (de 2012 à 2014) a d’ailleurs quitté le gouvernement de Manuel Valls qu’il jugeait en pleine dérive néolibérale. Cet élu de la circonscription des Yvelines qui a vu naître – et prospérer – Djamel Debbouze et Omar Sy est un homme tolérant (forcément tolérant…), de gauche et ne saurait accepter les dérives droitières d’où qu’elles viennent. Et pour Hamon, la droite c’est déjà Valls…

Candidat d’ouest en est de la France (Morbihan, Essonne, circonscription « Est » aux européennes de 2009, puis enfin Yvelines), ce politique baroudeur considéré comme le chef de file de l’aile gauche du PS au congrès de Reims de 2008 (où sa motion recueillit près de 19 % des suffrages) fut même adoubé par le lider minimo (admirateur du lider maximo cubain) Mélenchon, avant qu’il ne fonde le Parti de gauche (PG) après son départ du PS. Le futur représentant de « La France insoumise » qualifia alors d’« évènement historique » l’union des forces de gauche sous la bannière de Benoît Hamon. À gauche toute…

En 2012, Benoît Hamon est élu député de la 11e circonscription des Yvelines, mandat pour lequel il ne siégera qu’à partir de 2014 après sa démission du gouvernement.

Entre les deux, il cédera son mandat de député à un certain Jean-Philippe Mallé. Compte tenu du tempérament et de la force de conviction de Benoît Hamon, on pouvait penser qu’il fut secondé par un homme de gauche, un vrai, « à la Hamon ». Pas un social-démocrate à la remorque de l’aile modérée du PS…

Suppléant de Benoît Hamon, Jean-Philippe Mallé ne pouvait que suivre cette ligne impulsée par cet homme de gauche, adoubé par Mélenchon. Non ?

Or, cet attaché territorial fondateur d’Esprit critique, club politique se réclamant du christianisme social, semble être le pendant, un peu plus à gauche, du député de la circonscription voisine, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et successeur à ce poste de l’ancienne ministre Christine Boutin, elle-même ancienne élue des Yvelines.

Encore plus étonnant, durant son court mandat de parlementaire, Jean-Philippe Mallé s’est opposé à la loi sur le « Mariage pour tous ». Oui, comme Marion Maréchal-Le Pen, vous vous rendez compte ? Il ne l’a pas voté car il est fondamentalement « opposé à la théorie du genre ». Son credo, terme adapté pour cet ancien élu socialiste qui préfère donner des entretiens à la chaîne catholique KTO qu’à Libération, est le suivant : « C’est non pour le mariage, non pour l’adoption, non pour la procréation médicalement assistée. »

Sur l’Union européenne, l’ancien député des Yvelines ne veut pas que les nations se dissolvent dans l’Europe. Voilà qui a le mérite de la clarté.

Toujours suppléant du candidat vraiment de gauche, l’ancien député Mallé en appelle désormais, dans un récent entretien à l’hebdomadaire Marianne, à une union entre Henri Guaino (lui aussi, député des Yvelines) et le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. Henri Guaino ? Vous vous souvenez ? C’est le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui recevait le rédacteur en chef du journal de droite Minute à l’Élysée pour des entretiens politiques…

Toujours membre de République moderne, mais plus du PS depuis 2015, le petit parti de Jean-Pierre Chevènement, il souhaite aujourd’hui la mort du clivage droite-gauche, au profit d’une ligne de partage entre les défenseurs de la Nation et les mondialistes et, bien évidemment, il fait partie des premiers.

Inutile de vous dire que l’ancien parlementaire Mallé ne votera pas Hamon pour la primaire socialiste, ni même au-delà. Si Benoît Hamon est même lâché par son suppléant…

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