7 octobre 2016

Le déclin de l’Europe et l’anesthésie des nations

Par Aristide Leucate

Les 98,33 % de NON à la politique de répartition par quotas d’accueil obligatoire de migrants imposée par Bruxelles au mépris des représentations nationales – en l’occurrence, celle du Parlement hongrois – ne doivent pas faire illusion. Avec un taux de participation de 43,35 %, le résultat ne peut, tout simplement, être pris valablement en compte.

D’une part, un seuil de 50 % de bulletins exprimés était juridiquement nécessaire pour donner son plein et entier effet à cette consultation populaire. D’autre part et surtout, le « quorum » démocratique n’est pas atteint, si l’on ajoute à ce chiffre les votes blancs et nuls, ainsi que tout ce point aveugle, classiquement ignoré de la sociologie politique, des électeurs non-inscrits sur les listes électorales.

L’Union européenne a incontestablement « gagné », tandis que le peuple hongrois s’est perdu en ne suivant pas comme un seul homme le Pouvoir en place qui tentait, assez habilement, de le protéger. Sans doute contre lui-même, d’ailleurs.

Dans quelques semaines, en décembre, ce sera au tour des électeurs autrichiens de revoter au second tour de l’élection présidentielle, précédemment censurée par la Cour constitutionnelle ayant relevé de nombreuses irrégularités lors du scrutin du 22 mai dernier. Et si, même sur le fil, le corps électoral se dédisait en élisant le candidat soutenu par le Système, le mondialiste Alexander Van der Bellen ?

Comme demain, c’est-à-dire, en mai prochain, de ce côté-ci des Alpes, est-il prévisible que Marine Le Pen, en dépit d’une combativité qu’elle ne manquera pas de montrer, sera battue, assommée par l’inoxydable plafond de verre républicain.

Il y eut le « Brexit », objectera-t-on, claque formidable infligée à l’Établissement, démontrant que le peuple, lorsqu’il le veut, ne se laisse pas intimider par les oukases bruxellois. Certes, mais les Anglais sont les Anglais. Leur atavisme civique ne fait pas de leur pays une démocratie comme les autres en Europe. Elle se définit comme une démo-thalassocratie, tandis que notre tellurisme continental nous expose à moins d’aventurisme politique. On peut gloser à l’infini, et là n’est pas notre propos.

Lorsque Dominique Venner écrivait que l’Europe se trouvait en état de dormition, nous pensions, au contraire, que c’étaient davantage les nations qui étaient anesthésiées. L’analyse de l’historien était gouvernée par l’axiomatique ethno-fédéraliste de l’Europe des régions, occultant arbitrairement les génies nationaux sans lesquels, précisément, cette Europe « aux cent drapeaux » n’eut vraisemblablement jamais éclos dans l’esprit fertile des sectateurs de l’Europe charnelle.

Comme l’observe judicieusement l’historien belge David Engels, en Europe, « la lutte contre le voisin a été l’un des éléments constitutifs de l’histoire européenne » (Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine, 2013, p. 130).

Or, tout se passe aujourd’hui comme si les nations étaient prises dans l’irréversible courant d’une alternative impossible : mourir dans et par l’Union européenne ou s’ensevelir dans le tombeau d’un souverainisme totémique devenu, à bien des égards, un combat d’arrière-garde.

Sur ce point, nous sommes forcés de constater avec Éric Zemmour que si « la question de la souveraineté se pose encore […] elle n’est plus centrale. Celle de l’identité l’a remplacée au firmament des urgences historiques » (Un quinquennat pour rien, 2016, p. 16).

À l’évidence, si les peuples bruissent de cet attachement à l’immémoriale mélopée de la civilisation de leurs pères, ils restent toujours implacablement engourdis dans le duvet de plomb de l’abêtissement de masse. Il est à craindre que nous soyons rentrés dans une très longue nuit aboulique.

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Philippe Randa,
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