18 décembre 2016

Vociférations occidentales au secours du terrorisme

Par Richard Dessens

La guerre en dentelle n’a jamais existé, sauf dans les esprits américains qui prétendent pratiquer de fameuses « frappes chirurgicales » transformant les horreurs des guerres en châtiment rigoureux de seuls ennemis tout autant rigoureusement identifiés. Qui croit encore à de telles fables ?

Surtout dans des guerres « sales » qui rappellent celles des guérillas indochinoises ou algériennes dans lesquelles combattants et civils sont intimement liés, les premiers se transformant en seconds et vice versa selon les circonstances. Al-Qaida et ses avatars (Al-Nosra, ex-Al-Qaida, rebaptisé Front Fatah Al-Cham) ont affiné en se servant ouvertement de boucliers humains. Comment dans ces conditions hurler aux massacres d’Alep ?

Oui, la guerre est une horreur, surtout celle que pratique Al-Qaida. Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Et une fois qu’on l’a proclamé mille fois, que faire face à un ennemi qui ravage, pille, tue, exécute, depuis des années à Alep et ailleurs. En outre, une part non négligeable, même minoritaire, des populations, n’est pas nécessairement opposée aux idéologies d’un État islamique.

Les vociférations de l’Occident contre la reprise d’Alep ont inversé toutes les valeurs jusqu’ici reconnues. Al-Qaida devient pratiquement une victime des sanguinaires Syriens et de leurs alliés Russes. Les massacreurs viennent de changer de camp ! Il est certain que pour éviter les morts, la meilleure solution consisterait à laisser Al-Qaida installer tranquillement son propre… État islamique !

Le fait que les Syriens aient remporté une victoire à Alep alors que les Américains s’enlisent à Mossoul (en massacrant aussi, il ne faut pas l’oublier, même si leurs « bavures » sont systématiquement minimisées), est surtout insupportable pour l’Occident moralisateur. Alors on réactive les bonnes vieilles méthodes de l’indignation compassionnelle qui gomment totalement le fond du problème qui avait toujours été jusqu’à présent… l’éradication d’Al-Qaida. Finie !

L’essentiel est la mort de civils pris dans une tourmente due à une guerre que l’Occident n’a pas su juguler à temps. Civils dévastés, civils aussi parfois proches de Al-Qaida, qui n’est pas si isolé qu’on veut bien le faire croire et a rallié une part des populations à sa cause.

Mais il n’est plus question d’éradiquer Al-Qaida, mais de détruire Bachar El Assad et de déconsidérer la Russie dont le retour politique international gêne de plus en plus.

Quelle horreur, quelle honte pour nos élites d’agiter les larmes compassionnelles pour camoufler un combat politique contre la Russie. L’utilisation scandaleuse de l’amalgame montre l’absence totale de limite à l’hypocrisie de la politique de l’Occident et de ses échecs à répétition. Et Al-Qaida dans tout cela qui voit se dresser contre ses ennemis la bien-pensance occidentale. Ce serait risible si ce n’était pas dramatique pour la Syrie et lamentable pour nos démocraties occidentales.

On attend les leçons avisées des USA, d’Angela Merkel et de François Hollande, pour expliquer comment combattre des troupes aguerries et motivées sans toucher un cheveu de civil dont elles sont entourées comme des ceintures protectrices. De qui se moque-t-on ? La guerre civile comporte toujours des horreurs et ce n’est pas une nouveauté que l’Occident découvre avec une naïveté affectée.

La fragilité et la sensibilité de l’Europe sont de plus en plus inquiétantes. Les bons esprits imprégnés de charité chrétienne compassée enjoignent l’ONU et tous les dieux du monde de faire cesser les horreurs d’Alep, soutenus par nos élites et dirigeants ! Mais la solution existe : il suffit de détruire les combattants d’Al-Qaida. Mais cela n’est plus dans nos priorités et l’Europe est prête à tout, en apparence, pour sauver les civils d’Alep et laisser la vie sauve aux terroristes d’Al-Qaida.

Tout cela pour alimenter la lutte contre Bachar El Assad et surtout pour justifier l’incongruité d’avoir des relations avec la Russie de l’« égorgeur » Poutine. Jusqu’où cette folle politique suicidaire nous mènera-t-elle ? Raviver la « guerre froide » sur les destructions et les ruines d’Alep est une méthode qui laisse tout de même à désirer pour les champions des valeurs universelles.

Si pour détruire Al-Qaida, il faut détruire Alep, alors il faut détruire Alep. Il y a 71 ans, les pères de la démocratie grillaient des centaines de milliers de Japonais à Hiroshima et à Nagasaki. Sans état d’âme. Et le Mikado n’était pas Al-Qaida ou Daesh.

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Philippe Randa,
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