6 juillet 2018

Sommet de l’Europe : la pyramide à l’endroit

Par Gilles Falavigna

La différence entre un optimiste et un pessimiste, disait Jean Giono, est que le second est souvent mieux informé que le premier.

La Bureaucratie européenne : la maison des fous ?

La Bureaucratie européenne : la maison des fous ?

La formule est loin d’être fausse. Mais la vérité, comme toujours, est également ailleurs. Bref, je suis un optimiste. Nous élisons des représentants et oublions qu’ils ne nous représenteront pas. Nous évaluons un contexte favorable pour nous dire que c’est le bon moment et le bon endroit pour bouger les lignes. Serait-ce sur ce point que nous ne serions pas assez informés ? Y aura-t-il convergence des deux ?

Le Conseil de l’Europe était réuni ces jeudi 28 et vendredi 29 juin à Bruxelles pour décider d’une politique migratoire claire sur fond d’opposition entre la politique bureaucratique et la politique des Nations. Pour la première fois, la machine européenne trouvait face à elle une force prétendue déterminée. L’Autriche, la Pologne, l’Italie, la République Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie avaient choisi de prendre en charge leur destin pendant que la Grande Bretagne aurait déjà pris en charge le sien.

L’Union Européenne décide de prendre en charge le dossier des migrants ou l’Union Européenne aura vécu.

Mais depuis 1938, les conférences produisent des petits Munich. Il y a désormais toujours cet indécrottable satisfecit des petits matins qui prolongent des nuits d’ennui.

Ce vendredi à 4 h 30, Donald Tusk, Président du Conseil européen est sur tweeter : « EU28 leaders have agreed on #euco conclusions incl. Migration ». Waouh, le monde peut respirer !

« C’est l’Europe qui l’a emporté ! » se félicite le Président Macron.

Les dirigeants réaffirment leur engagement à mener une politique européenne pour gérer les flux migratoires. A priori, gérer, ils savent faire. Ce doit être pour ça qu’ils sont contents.

Les « Européens » ont accepté la possibilité de créer des plates-formes de débarquement des Migrants sous le contrôle du Haut-Commissariat aux Réfugiés, autorité de l’ONU, donc. De là, nous apprenons que l’Union Européenne a autorité sur l’ONU.

Au passage, nous pouvons également noter qu’aucun pays européen ne s’est porté volontaire pour accueillir ces plateformes de débarquement. Elles seront donc sur le sol d’un pays tiers, certainement en Afrique du Nord. De là, nous apprenons que l’Union Européenne a autorité sur le Maghreb, au minimum. Il est probable que ces pays apprennent cette décision comme nous, au petit matin.

L’autodétermination des Nations est une plaisanterie.

C’est là que nous pouvons revenir à l’intention de partenariat Euro-méditerranéen qui implique de rendre possible une politique d’intégration économique et sociale en Méditerranée. C’est le processus de normativité de Barcelone initié en 1995.

Cette perception de la déclaration de non-discrimination, qui appelle les Africains à venir en Europe, exprime également la volonté « d’européaniser » la Méditerranée, impliquant de faire des États du Maghreb la frontière de l’Union européenne, comme ce fut le cas pour l’extrême Est de l’Europe, frontière avec l’Asie.

Du point de vue normatif, cette phase sera marquée par une sorte de tentation d’uniformisation législative et réglementaire en matière de droit des étrangers dans tout le bassin occidental méditerranéen.

Dans l’ouvrage Géopolitique de la conspiration contre les peuples (https://francephi.com/livre/geopolitique-de-la-conspiration-contre-les-peuples), je mets en évidence ce processus d’utilisation des migrants non seulement pour des questions de développement démographique de l’Europe, mais également pour élargir l’Union à l’Afrique du Nord et que le Sahara soit la frontière naturelle de l’Europe. C’est donc à une double victoire de cette Europe des technocrates que nous venons d’assister à Bruxelles.

Les travaux préparatoires du Conseil de l’Europe s’apprêtaient à renverser la pyramide européenne. Tout est remis à l’endroit et nous pouvons replonger la tête vers le sol, refermer nos épaules et reprendre une posture de soumission. La technocratie l’a emporté et rien ne changera. Des plateformes de débarquement ? En quoi la détermination des migrants, des gens qui risquent leur vie de la manière la plus concrète serait-elle enrayée ? Comment rester optimiste ?

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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