26 juillet 2016

Au secours d’Eurocrates dépressifs

Par Jean-Pierre Brun

Si la méthode d’Émile Coué continue à avoir quelque effet bénéfique, c’est bien sur ce brave François Hollande qui chaque matin, trempant les croissants qu’il affectionne tant dans son bol de café au lait, récite le désormais célèbre « Tout va mieux ! » Et pourtant…

Et pourtant chacun sait qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et qu’on ne peut indéfiniment laisser pisser le mérinos… surtout à Bruxelles et plus précisément à un jet du « Manneken pis ». Le séisme du Brexit et ses répliques attendues, les remises en cause, de plus en plus nombreuses, des accords de Schengen et de Lisbonne, les déséquilibres financiers portugais et espagnol, suscitent davantage chez les Eurocrates le lamento du fado ou du flamenco que l’allegretto du fandango, qu’il soit asturien ou lusitanien.

Pour ne pas les laisser sombrer dans un abîme dépressif insondable, nous nous permettons de recourir aux conseils éclairés des docteurs Blanche (Francis, pas Esprit) et Dac, ces inoubliables pédicures de l’âme, bienfaiteurs de l’humanité souffrante. Sans doute leur donneront-ils de nouvelles raisons d’espérer.

Déjà, à la décharge du Président Hollande, il faut admettre qu’en politique on peut s’attendre à tout. « Quand, durant tout un jour, il est tombé de la pluie, de la neige, de la grêle et du verglas, on est tranquille. Parce que, à part ça, qu’est-ce que vous voulez qu’il tombe ?… Oui, je sais, mais enfin c’est rare… »

Pourquoi condamner l’utopie alors que ses effets secondaires sont tellement bénéfiques ? « Les rêves ont été créés pour qu’on ne s’ennuie pas pendant le sommeil » (c’est certainement ce qui doit motiver des députés en séance plénière du Parlement européen).

Le premier reproche fait aux hommes politiques porte sur leur propension à trahir leurs engagements. « Certaines gens donnent leur parole et ne la tiennent pas ; mais comment voulez-vous qu’ils la tiennent puisqu’ils l’ont donnée ? » L’admettre, c’est déjà progresser vers la sagesse.

Déjà pour tous ceux à qui des gens malveillants laissent entendre que leur passé est derrière eux, ces constats frappés au coin du bon sens les revigoreront : « Ce n’est pas n’importe qui qui peut devenir quiconque » ou « On ne peut pas être et avoir été, dit un dicton. Pourquoi ? On peut très bien avoir été un imbécile et l’être encore. »

On fustige, le plus souvent à tort, de nombreux hommes politiques en soulignant leur ingratitude. Cette vérité d’évidence fera taire l’interpellateur : « Un homme parti de rien pour ne pas arriver à grand-chose n’a de merci à dire à personne. »

À l’adresse de tous ceux qui moquent leur manque de lucidité, de perspicacité, de sens politique, il serait bon de rappeler que « rien n’est moins sûr que l’incertain ». Les faits démentent une affirmation assénée en session plénière du Parlement européen. Qu’à cela ne tienne : « S’il n’y avait pas d’erreurs, on ne se tromperait jamais ». D’ailleurs, « une erreur peut devenir exacte, selon que celui qui l’a commise s’est trompé ou non » et « si tous ceux qui croient avoir raison n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin. »

Vos prévisions tournent au désastre. Quelle importance ? Tout devient relatif quand on sait que « l’avenir n’est jamais que du passé en préparation. »

Et cette prétendue inculture de la classe politico-médiatique ! C’est pourtant aujourd’hui la chose la mieux partagée tant il est vrai que « ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n’en savent pas plus qu’eux. »

Quelques malfaisants prétendent que les Eurocrates sont grassement payés, à ne rien faire, sinon à ne rien imaginer : « Une belle idée qui n’aboutit pas vaut mieux qu’une mauvaise qui voit le jour ». Voilà qui devrait les calmer. Pour faire taire ses détracteurs en améliorant son efficacité, l’Eurocrate ne devra jamais oublier que « rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant ». Ainsi, par exemple, nos ministres de l’intérieur, pour pallier les effets parasites de l’accord de Schengen, pourraient décider, fort opportunément, « qu’afin de rendre plus aisée la surveillance aux frontières, tous coffres et malles arrière devront être placées à l’avant des voitures. »

D’autres Eurosceptiques feignent de déplorer une anémie rampante qui frapperait les fonctionnaires européens. Ces hypocrites vont même jusqu’à suggérer la paresse tout en se gardant bien de la nommer : « Pourquoi essayer de faire semblant d’avoir l’air de travailler ? C’est de la fatigue inutile ? » Ne jamais oublier que le travail peut devenir une forme larvée de la maladie (ce n’est pas un hasard si a été créée la Médecine du Travail) : « quand on ne travaillera plus le lendemain des jours de repos, la fatigue sera vaincue. »

Et pour conclure cette rubrique de santé mentale on se doit de délivrer une prescription difficilement contestable : « Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir. »

Cette dernière me concernant plus particulièrement, je me résigne donc à la boucler.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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