28 février 2019

Rassemblement de la droite en Espagne

Par Jérémy Silvares Jeronimo

En France, pour détruire toute union des droites, nous avons le front Républicain, en Espagne ils ont le « cordon Sanitaire ». Sauf que, contrairement à la France, cela risque de ne pas fonctionner pour les prochaines élections nationales du 28 avril 2019.

Arrivé au pouvoir par un tour de passe-passe, l’actuel Premier ministre, Pedro Sánchez, n’a pas l’air d’avoir le gabarit pour gouverner une si grande nation comme l’Espagne. Il n’a ni l’appui du Parlement, ni l’appui du peuple espagnol, ni même celui des indépendantistes catalans. Cette impopularité l’a obligé à convoquer des élections nationales pour le 28 avril prochain. Et ces élections sont intéressantes pour deux raisons : la première, c’est le fait que la droite, le PP (Parti Populaire, droite conservatrice) et le parti Ciudadanos (centre droit) vont sûrement s’unir et les derniers sondages indiquent qu´ils pourraient obtenir le pouvoir ; la seconde raison, c’est que le parti Vox, de droite radicale populiste, risque de faire un beau score, de 18 à 20 députés(1). Et c’est ce dernier parti qui nous intéresse.

Et pour cause, ce tout jeune parti fait fureur en Espagne, et les élections en Andalousie le montrent. Cela faisait 36 ans que la gauche gouvernait cette région. La corruption et le clientélisme de la gauche ont eu raison d’eux, ce qui a permis au PP et au parti Ciudadanos de gagner 47 sièges au parlement régional. Ce n’était pas assez pour gouverner, car le parlement d’Andalousie a 109 sièges, il fallait donc négocier… avec le parti Vox.(2)

Et c’est ce que la droite a fait ! Le PP et le parti Ciudadanos ont accepté une partie des 37 demandes émises par le parti Vox comme condition pour que celui-ci accepte d’appuyer les deux partis de droite. Certaines de ces demandes comme la lutte contre l’immigration illégale, la défense de la tauromachie, de la chasse et, pays catholique oblige, la Semaine sainte(3), font partie de l’épine dorsale de l’idéologie sociale conservatrice du parti Vox.

Comme nous dit un article(4) du journal espagnol ABC, l’objectif du Vox est clair, « […] son objectif est de devenir une pièce maîtresse à l’heure d’accepter des pactes pour gouverner. »(5)

Ce parti a d’ailleurs été créé par des sociaux conservateurs fin 2013 pour « […] récupérer les voix des électeurs déçus du PP » et dont le manifeste de 2014 affirme que le Parti Vox prétend « […] lutter pour la défense de l’unité de la nation espagnole, retrouver la place internationale, régénérer la politique, en finir avec les autonomies, créer un pouvoir judiciaire indépendant et promouvoir la culture de la vie et de la famille. »(6)

Bien sûr, si l’union des droites en Andalousie a fait grincer des dents, une possible union entre les droites au niveau national fait peur, surtout à l’extrême gauche. Pablo Iglésias(7) a appelé à faire un cordon sanitaire contre le fascisme. Mais contrairement à la France, cette tactique n’est pas en train de fonctionner. Ni en Andalousie, ni au niveau national. La droite veut gouverner, même si cela implique de s’allier au parti Vox !

De quoi inquiéter les bien-pensants, surtout face à un parti qui veut fermer les frontières, la suspension de l’espace Schengen, expulser les immigrés en situation illégale ou ayant commis des crimes, et fermer les mosquées radicales. Le leader du parti Vox, Santiago Abascal, se voit comme un chevalier de la Reconquista, une Reconquista qu’il souhaite souffler dans l’âme des Espagnols.(8)

Au moins, au pays des Rois Très catholiques, contrairement à la France, le dénommé Rassemblement des Droites n’est pas une impossibilité, mais une réalité en devenir. Et en France ? Comme toujours, notre droite conservatrice préfère être une « gauche un peu plus à droite ». On l’a vu par le passé, espérons ne pas le voir aux prochaines élections présidentielles en 2022. Un rassemblement de la droite populaire et de la droite bourgeoise est nécessaire(9). Dans le cas contraire ce serait un choix qui pourrait coûter cher auprès de l´électorat de droite.

Notes

(1) Selon le sondage réalisé par GAD3 pour le journal ABC, le PSOE (Parti Socialiste espagnol) obtiendrait 24.2 % des voix, ce qui lui donnerait 104 députés, mais la dégringolade du parti Podemos (extrême gauche) avec 14,2 %, soit 38 députés, permettrait à la droite d’obtenir le pouvoir. Le PP obtiendrait 20,5 %, soit 89 députés, Ciudadanos obtiendrait 20.7 %, soit 74 députés, et le parti Vox obtiendrait 8.9 %, soit 19 députés pour sa première rentrée au Parlement National Espagnol. Logiquement, comme la droite souhaite s’unir, elle gagnerait facilement le pouvoir. Le sondage date de décembre 2018, mais en février 2019 les résultats sont assez semblables, voir le sondage au lien suivant : https://www.gad3.com/single-post/Barometro-de-diciembre-de-2018-de-GAD3-para-ABC

(2) Le parti de droite radicale espagnole est passé de 0 à 12 députés, et de 18 000 à 400 000 voix entre l’année de sa création (fin 2013) et 2018 ; voir l’article suivant : BLAVIGNAT, Yohan (9 janvier 2019), En Espagne, la droite obtient le soutien de l’extrême droite pour gouverner l’Andalousie, Le Figaro, France, link : http://www.lefigaro.fr/international/2019/01/09/01003-20190109ARTFIG00354-en-espagne-la-droite-obtient-le-soutien-de-l-extreme-droite-pour-gouverner-l-andalousie.php

(3) Idem.

(4) (3 décembre 2018), Qué significa la irrupción de Vox, ABC, Espagne, https://www.abc.es/espana/abci-significa-irrupcion-201812031108_noticia.html,

(5) Dans l’original : […] « su objetivo será pasar a ser una pieza clave a la hora de hacer pactos de Gobierno. »

(6) Dans l’original : […] « Vox deja claro en su manifiesto fundacional en 2014 que su objetivo es abogar por la defensa de la unidad de la nación española », recuperar el protagonismo internacional, regenerar la política, aboliar las autonomías, buscar un poder judicial independiente y promover la cultura de la vida y la familia ». Par culture de la vie et de la famille, le Parti Vox entend revoir l’avortement, et protéger la famille traditionnelle, une mère, un père. Ce parti est contre le mariage homosexuel.

(7) Leader du Parti Podemos, extrême gauche populiste. Une note intéressante sur ce politicien, il a perdu beaucoup de popularité auprès de l’électorat espagnol, surtout après qu’il ait acheté une maison pour un peu plus de 660 000 euros. Quelques mois avant cet achat il avait twitté des phrases telles que « tu donnerais la politique économique du pays à quelqu’un qui a acheté un appartement de luxe de 600 000 euros ? » ou encore « livrer la politique économique du pays à un millionnaire équivaut à livrer le Ministère de l’Environnement à un pyromane ». La polémique a empiré après que des journalistes découvrent qu’il aurait reçu plus d’un million d’euros en héritage.

(8) Santiago Abascal parle souvent de la Reconquista, cet épisode dans lequel les Espagnols, et les Portugais, il est bon de le rappeler, ont reconquis peu à peu (7 siècles) les territoires sous domination islamique. Il cite souvent une série de dates historiques, dont les préférées sont la bataille de Covadonga (718), la Bataille de Navas de Tolosa (1212) ou la reddition de Grenade (1492). Il y a un résumé intéressant des choix historiques de Santiago Abascal dans l’article suivant : BARREIRA, David (23 janvier 2019), Los 10 episodios favoritos de Vox en la Historia de España : así sucedieron de verdad, El Pais, Espagne, https://www.elespanol.com/cultura/historia/20190123/episodios-favoritos-vox-historia-espana-sucedieron-verdad/370464067_0.html

(9) Par droite bourgeoise je pense au parti Les Républicains dont les électeurs sont souvent issus des classes moyennes, et par droite populaire je pense au Rassemblement National.

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