28 novembre 2017

Lorsque histoire et vérité se font la gueule…

Par Jean-Pierre Brun

Si toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, elle est le plus souvent difficile à entendre. C’est sans doute ce qui explique la relégation des pages les moins glorieuses de notre histoire dans les enfers des bibliothèques universitaires. Il en est ainsi par exemple pour celles qui souligneraient les lâchetés du peuple français ou encore attenteraient à certains « actes fondateurs » de notre république. C’est pourquoi nombreux sont les chercheurs étrangers qui s’étonnent des précautions prises par nos historiens officiels, labellisés « politiquement correct », pour traiter de la Terreur, ou pour sauter à cloche-pied sinon à pieds joints au-dessus du génocide vendéen. Il est vrai qu’un autre dicton affirme qu’il ne faut jamais remuer le fer dans la plaie. L’essentiel est que le citoyen puisse murmurer, sinon crier, sans la moindre retenue, « Vive la République ! » et très accessoirement dans ces cas-là, « Vive la France ! ».

Vive la France ! Vive la Republique !

Si l’on en croit le lexicologue Paul Robert (encore un Pied-noir nauséabond) l’Histoire serait la connaissance et le récit des événements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité qui sont dignes d’être ou jugés dignes de mémoire. Voilà qui est bien dit et ne saurait souffrir la moindre contestation.

Un jeune professeur d’université canadien de Montréal, Pierre Bonnechère, trouve opportun de préciser ce qu’elle est pour un bon praticien de la discipline : « L’histoire, c’est le compte rendu d’une enquête scientifique dans le passé humain à jamais refermé sur lui-même, sous le regard amusé de fées retorses nommées Vérité, Chance et Objectivité. »

Personnellement et en fidèle disciple de Clio, j’adhère volontiers à cette référence féerique pourtant inattendue. J’imagine déjà les trois sœurs « Clochettes » voletant espièglement autour d’un besogneux chercheur avant qu’il ne parvienne à les maîtriser, très momentanément d’ailleurs, faut-il le préciser. La Chance ? C’est un fait. La Vérité ? Soit, mais où donc niche-t-elle ? L’objectivité ? Aïe ! Aïe ! Aïe !

D’aucuns, trop rares à mon goût, s’étonnent que les mêmes historiens occupent toujours le devant de la scène médiatique sans laisser la moindre place à des collègues non moins éminents mais ne partageant pas leurs points de vue, certifiés conformes par la doxa institutionnalisée. Les prétendus débats portant sur la colonisation en général et l’Algérie en particulier, constituent le meilleur exemple dans ce domaine et l’un de mes concitoyens constantinois (1) en arrive à s’ériger en justicier pour mieux saper tout ce qui pourrait laisser quelque crédit à l’œuvre coloniale de la France.

Un ami, on ne peut plus malveillant je le concède volontiers, situait les origines politiques de la plupart de ces donneurs de leçon dans la mouvance politique maoïste soixante-huitarde. L’Histoire manipulée comme une arme de guerre psychologique, ce n’est pas nouveau, me direz-vous.

Des maoïstes en gigoteuses à Mao lui-même il n’y a que l’épaisseur d’une feuille du Petit livre rouge ! Lisons plutôt : « La vérité doit s’inspirer de la pratique. C’est par la pratique que l’on conçoit la vérité. Il faut corriger la vérité d’après la pratique »

Alors, si avant d’écrire l’Histoire il suffit de corriger la Vérité tout est possible. Dès lors je comprends mieux mon éminent concitoyen (2) et sa méthode. Ce disciple de la repentance a été membre du groupe trotskiste « Alliance des jeunes pour le Socialisme » de 1968 à 1984, de l’Organisation communiste internationale de Pierre Lambert, puis membre de son comité directeur après en avoir été permanent de 1976 à 1981 (l’étude de l’histoire et son enseignement laissent vraiment d’importants loisirs). Il a pu ainsi longuement pratiquer à la godille les théories du Grand Timonier.

Et comme aujourd’hui, saoulé sinon abruti par les images virtuelles qui prétendent faire resurgir son passé, le bon peuple se moque comme d’une guigne de la vérité historique, pourquoi se gêner. Qui plus est, comme le souligne Charles Régismanset un ancien haut fonctionnaire colonial, « une erreur qui plaît au plus grand nombre n’est pas loin de devenir une vérité »

Alors, votre vérité historique, je vous la taille sur mesure ? Oui mais comment ? Longue ? Courte ? Ample ? Ajustée ?

Notes

(1) et (2) À qui l’identifiera, il sera remis un kilo de merguez à retirer dans son officine la plus proche, sur présentation de sa carte (à jour de ses cotisations) de membre du parti politique de son choix.

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Philippe Randa,
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