10 décembre 2016

Quand l’histoire des nations donne des raisons d’espérer

Par Jean-Pierre Brun

Lors du second débat télévisé des primaires, le pathétique trio de journalistes en charge de l’animation de l’exercice tomba à bras raccourcis sur le malheureux Fillon qui osait déconsidérer les pédago-idéologues acharnés à pulvériser l’Histoire de la France.

En y réfléchissant bien, celle-ci constituerait-elle un danger mortel pour le vivre ensemble universel, l’identité heureuse et autres balivernes qui ne peuvent que conduire une nation à sa perte ?… Par ses références au passé, Clio, prétendument aussi fardée que maléfique, dispenserait-elle un antidote à cette drogue douce qui neutralise ces dangereux anticorps, sources du rejet de la greffe mondialiste ? Apporterait-elle ces preuves irrecevables qu’une nation pourra toujours renaître d’un coma profond réputé irréversible pour peu que… Vous avez raison de trembler anesthésistes et autres euthanasistes de ce foutu « récit national ». Il regorge d’improbables réanimations…

Le 8 mai 1360, le traité de Brétigny propose une corbeille garnie de spécialités gastronomiques aquitaines aux palais britanniques déjà friands de la cuisine française et des meilleurs crus qui l’accompagnent.

Le 21 mai 1420, la reine Isabeau, non contente de faire connaître à ses sujets les nuances pâtissières du bavarois, offre le royaume des mangeurs de grenouilles aux adeptes du pudding armé, pour peu, certes, que Charles VI veuille bien se hâter d’aller brouter les prairies de l’éternel.

Et pourtant ! Moins de dix ans plus tard, Jeanne, qui n’est déjà plus celle d’Orléans, mais dispose désormais de plusieurs cordes à son Arc, galvanise l’avant-garde de l’armée française qui fout une mémorable Patay aux rejetons de la perfide Albion. Ces derniers ne vont pas tarder à rembarquer vers leur île natale pour y mâcher et remâcher rancœur et fish and chips.

On peut élargir notre démonstration à d’autres échelles… et notamment à celles du Levant. Pour ce faire, il convient d’en appeler à des unions d’entités étatiques européennes.

Le 7 octobre 1571, au large de Lépante, dans le golfe de Patras, se déroule une bataille navale entre la flotte turque et celle de la Sainte Ligue constituée à l’initiative du pape Pie V pour tenter d’endiguer l’expansionnisme ottoman que beaucoup considèrent comme irrésistible (les diplomates n’ont pas dû avoir la latitude de concocter un accord préfigurant Munich, Dieu merci). Miracle ! La Sainte Vierge aidant, les suffisants raïs découvrent qu’il n’y a pas que le miel de leurs pâtisseries qui coule. Cervantès y perdra une main, nous y gagnerons Don Quichotte et surtout Sancho Pança (mais ce n’est là qu’une préférence personnelle).

Vienne assiégée en 1529 et 1683 par les armées turques bien supérieures en nombre à celles des défenseurs de la ville, parvient à les repousser malgré la chute de certaines de ses ultimes défenses qui laissait pourtant présager, à très brève échéance, une issue fatale des combats.

Dans chacun de ces deux épisodes, des « sages » préconisaient depuis quelque temps déjà une reddition pure et simple quand survient ce retournement salvateur dû à l’entêtement de patriotes et de militaires bornés. Dans leur palais stambouliote, Soliman Ier et son homonyme le Magnifique n’auront plus, tour à tour, qu’à tenter d’adapter à la cuisine « hallal » d’improbables schnitzels et autres goulaches qui leur rappelleront le bon vieux temps des colonies. Pour notre part, nous y aurons récupéré une viennoiserie supplémentaire : le croissant, commémoratif créé par les boulangers de la ville.

Sartre le visionnaire ne voulait pas désespérer Billancourt. L’Histoire bien enseignée ne saurait désespérer les écoliers, les collégiens, ni même les lycéens, pour peu qu’on leur enseigne, sans omettre leurs turpitudes bien sûr, les mérites et les grandeurs de leurs ancêtres. Cette science humaine, si elle n’est pas aussi exacte que celle des mathématiques, n’est surtout pas monochrome comme nos pédagogues dévoyés s’efforcent de la présenter. Cette discipline ne doit rien au surréalisme destructeur et à ses supercheries telles la toile immaculée intitulée « Ours blanc sur la banquise » ou celle uniformément charbonneuse représentant « Un esclave nègre au fond d’une mine. »

Car c’est dans toutes ses nuances évoluant du noir le plus oppressant au blanc le plus éblouissant que réside la fidélité au sujet traité. L’historien doit être à sa discipline ce que Rembrandt est à la peinture : un maître du clair-obscur.

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