20 mars 2016

L’autre réalité de la question juive

Par Fabrice Dutilleul

« Il y a cette sensation d’un thème
qui revient encore et toujours.
Nous sommes en overdose de question juive,
de shoah, d’antisémitisme.
Cette sensation traduit l’omniprésence des Juifs.
Ils sont partout et contrôlent tout.
La réalité est autre et je le démontre »

 

Entretien avec Gilles Falavigna, auteur de Géopolitique de la question juive aux éditions de l’Æncre (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

 

Il y a comme un malaise à l’évocation de la question juive, un sentiment de déjà-vu. Tout n’a-t-il pas déjà été dit ?

Vous touchez un point fondamental de la question juive, celui du fantasme, de l’irrationnel constituant de la question juive et de l’inversion des réalités avec leur ressenti.

Je vous répondrai que non, tout n’a pas été dit. En premier lieu, je mets en évidence la nature de cette question juive depuis sa source, son essence. La surprise de ceux avec qui j’échange sur le sujet témoigne que l’essentiel n’est pas connu et l’essentiel est énorme, stupéfiant. Ensuite, et c’est également l’intérêt de la question, il y a cette sensation d’un thème qui revient encore et toujours. Nous sommes en overdose de question juive, de shoah, d’antisémitisme. Cette sensation traduit l’omniprésence des Juifs. Ils sont partout et contrôlent tout. La réalité est autre et je le démontre. Mais ce qui m’intéresse est de comprendre pourquoi cette sensation est diamétralement l’inverse de la réalité, pourquoi nous la développons. L’inversion des valeurs suit l’inversion des faits. Le négationnisme démarre dès la fin de la guerre, durant le procès de Nuremberg. Le négationniste Paul Rassinier, maître à penser de Faurisson, attaque en justice la LICRA de l’époque en 1964 pour diffamation. Le négationnisme, en toute logique, devrait être réactif à l’affirmation de la Shoah. Les faits témoignent de l’inverse ! Cette inversion-substitution est la matrice de la question juive depuis 2000 ans. Enfin la question est des plus actuelles avec le Moyen-Orient dont la conséquence directe se déplace avec les « migrants », terminologie moins péjorative qu’immigrés. Tout n’est pas dit car la question juive est au cœur du conflit au Moyen-Orient. Il reste en devenir et annonciateur des plus grandes catastrophes.

En quoi sommes-nous concernés par la question juive au Moyen-Orient ?

Nous pourrons revenir sur la question morale, mais pas comme on peut l’imaginer. Le drame de l’Occident est d’avoir généré une morale contre-nature. Notre vision est faussée. Nous sommes concernés parce que la société est mondialisée. L’approche ne peut être que globale. Il y a l’axe du Bien et en conséquence, il y a l’axe du Mal. Une autre approche n’est possible que libérée de l’ordre moral. Nous avons, alors, l’universalisme d’un côté. Nous avons la volonté d’un peuple à l’autodétermination de l’autre. La question juive a évolué en question sioniste. La question est toujours la même. Le Sionisme représente la volonté d’un peuple à l’autodétermination. La création et l’existence d’Israël marquent la matérialisation de cette volonté. L’Islam représente l’universalisme. C’est tout l’enjeu du Moyen-Orient. C’est tout l’enjeu de la constitution de Daesh. L’universalisme, c’est bien. La différence, c’est mal. Quand se dessine l’élimination de l’Europe, ne croyez-vous pas que le droit à exister qu’un peuple s’attribut nous concerne ? Le comble de l’ironie est toujours dans cette inversion-substitution : nous assimilons le Sionisme à l’universalisme. Et plus profondément, l’axe du Bien existe parce que la géopolitique est de la métapolitique. Elle est autant idéaliste que réaliste. On ne peut comprendre les affaires du monde qu’avec la connaissance culturelle des autres. La victoire de l’universalisme commence quand nous imaginons que les autres fonctionnent comme nous fonctionnons. Le « pas d’amalgame » y est une valeur refuge. Les yeux ne voient que ce qu’ils sont préparés à voir.

Pourtant, l’Islam est largement rejeté. L’identité européenne n’est-elle pas en mesure de résister ?

Nous sommes en guerre et la nature de cette guerre porte sur l’identité. Un révélateur fort a fait suite aux viols de Cologne du jour de l’an. Une victime s’est excusée auprès de ses bourreaux. Elle écrit sur les réseaux sociaux : « Un viol dure quelques minutes. Le racisme dure toute une vie ». Le symptôme permet le diagnostique.

Le racisme est largement considéré comme le mal absolu. L’antiracisme écrase de sa majesté morale le viol de masse ou les horreurs les plus immondes. L’antiracisme est un absolu dans notre société occidentale. La mise en avant de l’argument antiraciste est un témoignage d’intégration sociale. L’antiracisme est le modèle de la compatibilité de l’Islam avec l’Occident. Par sa nature universaliste, l’islam ne connaît pas le racisme. L’Occident, en portant l’antiracisme comme valeur première, assure sa compatibilité avec l’Islam qui doit être d’abord accepté et qui pourra, ensuite, s’imposer. Toute autre valeur que l’antiracisme ne sera que conséquente de cette première.

C’est en cela que l’Islamophilie utilise l’argument antiraciste. Que l’islamophobie soit associée au racisme devient également un combat majeur. Fin de l’Histoire tant que nous n’aurons pas intégré le modèle moral associé au sionisme en tant qu’autodétermination d’un peuple. Sous cet angle, la question juive est primordiale.

Ne craignez-vous pas que vos thèses vous cataloguent comme agent sioniste ?

Je ne suis pas Juif et c’est aux miens que je m’intéresse. Quand il n’y a plus de préférence nationale, la nation disparaît. Je mets en évidence un modèle. Il s’agit d’un peuple qui préserve de manière incroyable son identité, sa terre, sa foi. Il le fait depuis toujours, et ce n’est pas un euphémisme, en environnement hostile. Je vois que ce modèle réussit et je vois que nous sommes inscrits dans ce modèle. Cataloguer en agent sioniste, c’est se positionner sur un échiquier moral dans lequel je n’évolue pas. Je l’abordais juste avant. C’est également méconnaître le Sionisme. Ceux qui auront cette posture sont déjà vaincus car il faut connaître son ennemi pour le vaincre. Ils sont également vaincus car ils se trompent d’ennemis. Pour ma part, je n’ai jamais vu de Juif égorger un Européen au cri de « Hachem est grand ». C’est très simple en réalité. Il y a le fantasme et il y a la réalité. La thèse que je développe invite à vivre dans la vraie vie.

Géopolitique de la question juive, Gilles Falavigna, Éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des religions », dirigée par Philippe Randa, 240 pages, 27 euros. (pour commander : www.francephi.com)

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