10 mars 2017

Pourquoi le système veut faire passer Marine

Par Nicolas Bonnal

 

La rapidité de la soumission de Trump au système a été admirable, comme la soumission de Syriza en Grèce, ou la rapidité de l’annulation du Brexit ! Comme dirait Céline, la résistance populiste ne demande qu’à foutre le camp – ou à cliquer rageusement sur sa souris…

Voyons le cas de Marine élue.

La France aurait des taux d’intérêt pour rembourser sa dette qui monteraient le soir même à 10 %. La France aurait une révolution orange dans la rue. La France aurait une rébellion de la fonction publique. La France aurait une fuite de capitaux. La France aurait des bourgeois désespérés par l’effondrement du prix des appartements parisiens et des châteaux ancestraux. La France se ferait ferrer par l’Otan encore plus vite que la Serbie. La France se prendrait les attentats les plus rapides de sa carrière… Pour toutes ces raisons, le système veut Marine.

Il y a un mécontentement unique. Il ne cesse pas encore et il peut être stoppé. Par qui ? Par l’élection du candidat résiduel le plus méchant pour l’oligarchie mondiale : le candidat FN, qui est là depuis trente ans. Le caractère pseudo-révolutionnaire (la Bastille) de la France ici sera utilisé à plein. Soumettons les Français et le reste suivra vite.

Donc je dis : le système a intérêt à faire élire Marine Le Pen. Le bataclan, si elle est élue, serait tel qu’elle se soumettrait encore plus vite que son modèle Trump. Le système pourrait alors imposer plus vite son agenda terroriste et totalitaire : guerre contre la rebelle Russie, invasion du sud, abolition du cash, contrôle biométrique, interdiction de l’or, censure du réseau, etc.

Le chaos de l’élection FN serait tel que le tsunami (qui est comme on sait une méthode de contrôle froid, comme l’attentat, l’effet de serre, le réfugié) serait imparable. Donc le système va faire élire Marine qui a déjà donné des garanties en virant son père. Tel est son intérêt : crever l’abcès populiste une fois pour toutes.

Dans mon livre sur Trump (1), publié avant son élection, j’annonçais déjà la couleur (p. 171) : « Relisant les pages informatives que nous avons rassemblées sur Donald Trump, nous traversons une crise morale. Tout nous semble boursouflé, truqué, presque minable. Ses affaires, sa fortune même semble gonflée. Ses propos sont nuls ou scandaleux, ou ne méritent même pas d’être relevés.

Quelques propositions intéressantes et courageuses sont vite contredites. Sa politique est inapplicable et c’est tant mieux comme ça. Il suscite en outre tellement d’hostilité à l’étranger et dans les milieux importants (télévision, négoces) qu’il risque d’être ruiné avant même l’élection. »

Et la suite était simple à prévoir au chapitre XVII : «… il semble que l’affaire Trump va servir d’opération psychologique au niveau mondial. Le système a peur des foules, et il a besoin de faire un exemple – en montrant le mauvais… l’accusation de racisme, de nazisme, de fascisme, de machisme par les médias, les excès ou soi-disant excès de Trump porteront leurs fruits et tout le petit monde du petit blanc frustré rentrera dans sa niche comme en France. Il sera “agité” une nouvelle fois avant de “s’asservir” pour rien, et c’est tant mieux ! »

Je donnais une bonne référence cinéma datant des troublées années Nixon-Ford (plus troublées qu’en 2017, car il y avait un reste de marxisme et le militant était encore disposé à se sacrifier pour les imposer – aujourd’hui il clique) : « Dans le Film Network de 1976, le présentateur télé Howard Beale invite le téléspectateur à se rebeller et à gueuler par sa fenêtre – ce qu’il s’empresse de faire. Ensuite pour plaire à son patron, qui parle de marks, de dollars, de roubles, de shekels, de marché, de capital, de chiffres, de système holistique, de nature (le capital adore ça), d’investissements, de fin des peuples, de pognon, de “mouvement autonome du non-vivant”, il prêche un évangile de la résignation – et se fait enfin tuer pour baisse de taux d’écoute ! Le film marquait la transition de la rébellion à la soumission. »

Et je continuai : « Il se peut que Trump serve aussi d’exorcisme à la fin pour calmer le ressentiment général en Amérique et organiser plus calmement la faillite du pays qui a déjà commencé, même si elle est décrite rarement. La fascisation et la militarisation des Etats-Unis décrite par Paul Craig Roberts serviront à prévenir ou écraser massivement toute rébellion, d’où qu’elle vienne. Il semble bien que l’on en prenne aussi le chemin en France. »

Oui, faire monter le péril FN et même faire élire Marine est la meilleure chose qui puisse arriver au système. La bourse et l’immobilier écroulés pour un temps assez bref serviront les malins. L’optimisme des antisystèmes, on sait où cela mène (Cuba ? Caracas ?)…

Je rappelais que cette tactique est décrite par Aristote dans sa remarquable Politique : « Dans la démocratie, les révolutions naissent avant tout de la turbulence des démagogues. Pour ce qui concerne les particuliers, ils contraignent par leurs dénonciations perpétuelles les riches eux-mêmes à se réunir pour conspirer ; car la communauté de crainte rapproche les gens les plus ennemis. »

Et le plus grand philosophe de l’Antiquité de ponctuer froidement, comme s’il avait prévu la fin du mauvais film : « Par leurs injustices, les démagogues et leurs compères avaient contraint les citoyens puissants à quitter la ville ; mais les exilés se réunirent, et, revenant contre le peuple, ils lui arrachèrent tout son pouvoir. »

Cette tactique (une simple opération psy) n’a pas changé depuis trois mille ans. Le peuple en a parfois marre des élites. Les élites laissent un populiste arriver au pouvoir, puis elles le liquident – sauf quand elles le secondent, comme dans le cas trop connu du caporal bohémien.

Sourions, nous sommes bien gardés !

Bibliographie

Aristote – Politique, livre VIII, théorie générale des révolutions (traduit par Barthélémy Sant-Hilaire, 1874 [sur Remacle.org]).

Nicolas Bonnal – Donald Trump, candidat du chaos, Éditions Dualpha, chapitres XVI et XVII.

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Philippe Randa,
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