30 octobre 2016

Réminiscences

Par Jean-Pierre Brun

« Les désordres sociaux et politiques de ces populations les avaient tellement abruties qu’elles se voyaient sur le point d’être réduites en esclavage, mais ne s’en effrayaient pas. Les Barbares étaient déjà presque à leur vue sans qu’elles bougeassent, ni songeassent à se fortifier contre eux. Personne ne voulait périr et personne néanmoins ne cherchait les moyens de ne pas périr. Tout était dans une inaction, une lâcheté, une négligence inconcevables. L’on ne songeait qu’à boire, à manger et à dormir. »

Quel peut bien être le marionnettiste qui, par une telle manipulation, cherche à déstabiliser le corps social européen pour justifier davantage les impostures populistes qui se multiplient ? Certes le style suranné de l’auteur laisserait à penser qu’il provient de l’enfer de quelque bibliothèque nationale d’un État européen. Encore qu’il puisse s’agir d’un texte totalement apocryphe…

Non ! Ne cherchez pas davantage. Il est de Salvien, un prêtre chrétien romain du Ve siècle.

Est-il souhaitable pour autant de s’en prévaloir en ces temps d’amalgames combien pervers ? Et pourtant, n’est-ce pas Fernand Braudel, un historien incontesté quoique quelque peu oublié, qui aimait à dire que « le présent est fait à 90 % du passé. »

Maurice Druon, chantre reconnu de la « Résistance » n’était-il pas convaincu que « le maintien du souvenir est un devoir envers l’avenir ». Pourquoi alors refuser de puiser à la source d’enseignements intemporels ?

L’obtention à tout prix d’un prétendu confort intellectuel justifierait-elle l’attitude de nos Tartuffes du troisième millénaire :

« Cachez cette infection que nous ne saurions voir.

Par de telles images les âmes sont blessées

Et cela fait venir de coupables pensées… »

Mais de quelles coupables pensées s’agit-il ? Je n’ose même pas les évoquer.

Gibbon, l’auteur de la monumentale et très controversée Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, comme ces vieux singes auxquels on n’apprend pas à faire des grimaces, soulignait a contrario ce qui avait contribué à faire la force de Rome : «… La république avait également pour principe le sentiment de l’honneur et celui de la vertu […] Les citoyens brûlaient du désir de mériter les honneurs d’un triomphe, et l’ardeur de la jeunesse romaine se convertissait en une noble émulation à la vue des portraits de ses ancêtres […] Lorsque le consul déployait l’étendard de la république, chaque citoyen contractait par serment l’obligation de combattre pour sa patrie… »

Je voudrais être une mouche pour me glisser dans une classe d’un lycée actuel pour entendre commenter ce texte… On peut rêver, non ? Avant d’entrer dans le vif du sujet, le professeur consciencieux se devrait de traduire en langue vernaculaire des termes inconnus ou méconnus de l’auditoire : « honneur », « vertu », « noble émulation », « serment », « patrie »… Autant de concepts ignorés par l’immense majorité de nos têtes blondes, brunes ou autres… Je vous laisse le choix de la couleur.

Il lui faudrait ensuite démonter le postulat d’un Occident malfaisant par nature dont le seul salut passe par une contrition totale et une repentance intégrale pour son œuvre de désintégration des « civilisations premières », cachée bien évidemment sous les oripeaux d’un humanisme hypocrite et d’un progrès ravageur.

Treizième travail d’Hercule me direz-vous. Oui mais, ce brave Héraklès était d’ascendance divine. Alors… Puisque nous baguenaudons dans l’Antiquité pourquoi ne pas recourir aux enseignements d’Alexandre le Grand. Confronté au fameux nœud gordien que nul ne pouvait délier par sa seule dextérité, il avait gagné du temps en le tranchant.

Qui osera trancher le sac de nœuds dans lequel l’Europe est enfermée depuis des décennies ?

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Philippe Randa,
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