22 décembre 2016

Philippe de Villiers sur les traces de Georges-Marc Benamou

Par Nicolas Gauthier

À Georges-Marc Benamou, ancien patron du mensuel Globe et Triboulet de la Mitterrandie finissante, « Tonton » (François Mitterrand), à une question posée sur son parcours des plus sinueux durant la IIe Guerre mondiale, répondit : « Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez ! »

Semblable réponse pourrait être faite à Philippe de Villiers qui, le mardi 13 décembre dernier, donnait un petit pince-fesses à Versailles. L’occasion pour lui de faire frémir serre-têtes, colliers de perles et jupes plissées, en affirmant : « Nous sommes en guerre ! » Soit. Mais en guerre contre qui ? Contre l’islam, pardi…

Non content de ne pas savoir de quoi il parle, puisque étant directement passé de la case du planqué à celle du réserviste de circonstance, le vicomte en treillis s’égare. En effet, la guerre a ses règles, se pratique en uniforme et sous drapeau. Quant à celle voulant que nous la fassions « contre le terrorisme », il ne s’agit jamais que d’un fumeux concept issu des cervelles enfiévrées des néoconservateurs américains ; chacun sait, ou devrait savoir, que la lutte contre le terrorisme relève plus des services secrets que des tapis de bombes lâchés au petit bonheur la chance.

Quant à l’islam, il ne s’agit pas d’un pays, contrairement à l’URSS, par exemple qui, du temps de la Guerre froide, était forte de frontières reconnues, d’une capitale identifiée et d’un organigramme d’État assez structuré pour qu’entre Est et Ouest, le contact, fut-il seulement téléphonique, ne fut jamais vraiment rompu.

L’islam ne présente rien de tout cela, même si certains musulmans de l’espèce rétro-futuriste peuvent encore rêver d’un néo-califat du troisième millénaire. D’aucuns prétendront que l’islam, plus qu’une religion, est un système théocratique de l’espèce totalitaire… Certains wahhabites y croient ; Philippe de Villiers aussi, probablement…

Pourtant, cet islam, fantasmé pour le meilleur par certains, ou redouté pour le pire par d’autres, n’existe pas, tout bonnement. Malgré son principe d’unicité divine, cette religion est multiple, et on épargnera au lecteur l’interminable litanie de ses innombrables tendances : dix pages n’y suffiraient pas. Pis, cette religion n’est en rien personne morale, civile, administrative et encore moins étatique. À ce titre, s’il fallait déclarer la guerre au christianisme, qui faudrait-il bombarder ? Les Irlandais ? Les Philippins ? Les Brésiliens ? Les Américains ? Les Vendéens ?

« L’ennemi » fantasmatique que Philippe de Villiers pointe du doigt n’est donc que vue de l’esprit. Il n’empêche, et c’est une évidence, qu’il existe un terrorisme islamiste, mais terrorisme dont les causes relèvent plus de revendications politiques et territoriales que du simple registre religieux. On ajoutera même, au diapason des autorités des chrétiens d’Orient, que si l’Occident cessait de semer le chaos en Orient, ces mêmes chrétiens orientaux ne s’en porteraient que mieux.

Pour le reste, le Marcel Campion vendéen, le Walt Disney du bocage, évoque, parlant de lui tel qu’il se doit, « la grande dissidence »… Fort bien, surtout quand le « grand dissident » en question, qui confond sûrement Alexandre Soljenitsyne et Radio Alouette, fut l’un de ceux qui, le 21 avril 2002, dans une ambiance toute nord-coréenne, entendirent faire rempart au « fascisme » en appelant à voter Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen. Arlette Laguiller, elle, eut au moins la décence de se contenter de conseiller l’abstention. Cette audace dont fit preuve une simple guichetière trotskiste du Crédit Lyonnais était manifestement au-delà des possibilités testiculaires de ce Cadoudal de carnaval.

Et, pour en revenir au vocabulaire « guerrier », Philippe de Villiers pointe du doigt les « collabos » et les « résistants », dont il est évidemment le nouveau Jean Moulin. Même Georges-Marc Benamou n’aurait pas osé.

Décidément, et ce tel qu’écrit dans son livre, les cloches n’ont pas fini de sonner ; tout comme le coq des Évangiles n’a pas fini de chanter. Et pas que trois fois.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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