7 novembre 2016

Naturalisations. Le virus socialiste est très contagieux

Par Uli Windisch
Les naturalisations de la troisième génération : la naturalisation ne doit pas dépendre du nombre d’années ou de générations.

Une naturalisation exigeante, à moyen et long terme, est le meilleur moyen d’éviter les effets destructeurs d’une politique  bisounours et incontrôlée de l’immigration.

Un patriotisme naturel et sain est le meilleur antidote contre le nationalisme destructeur et meurtrier.

Il n’est pas étonnant que les socialistes relativisent, méprisent, voire ridiculisent la nationalité, l’identité nationale et par conséquent la naturalisation. Pour eux, l’internationalisme est une dimension première ; ce qui revient structurellement à relativiser la nationalité, l’identité nationale et bien sûr la souveraineté nationale. Ce qui ne veut pas dire que ces dernières  dimensions n’ont aucune importance dans le socialisme, mais ils ne sont pas déterminants. Cette différence congénitale, structurelle, explique d’ailleurs bien des prises de positions politiques sur toute une série d’autres  problèmes qui n’ont à priori pas de lien direct et visible  avec le critère de la nationalité.

Or la nationalité, l’identité nationale, l’identification profonde et affective à la patrie, et donc la naturalisation, constituent, au contraire, le noyau dur, une dimension fondamentale, essentielle et déterminante  d’une vision politique qui place la souveraineté et l’indépendance nationales au premier plan de la détermination de toute politique.

Ici aussi, un attachement fort, profond et affectif à l’identité nationale, soit un vrai patriotisme national, n’empêche nullement des échanges, des interactions, des liens, des collaborations, des négociations, voire de l’admiration pour d’autres pays et d’autres identités nationales. En réalité, plus un pays a une identité claire, visible et forte,  plus ses citoyens sont sûrs et fiers de leur identité et de leur pays et plus ils sont à même de travailler de manière fructueuse avec d’autres pays, toujours dans le respect, voire dans l’admiration de ces autres identités et diversités nationales et patriotiques. Seule une telle vision, qui tient compte de l’histoire profonde, singulière et marquante de chaque pays a des chances de réussir à promouvoir un  projet  politique plus général d’ unité dans le respect des diversités historiquement ancrées.

L’Unité dans la Diversité n’est plus alors un simple slogan brandi même par ceux qui ne rêvent que de supprimer les diversités pour imposer autoritairement une unité abstraite aussi vide qu’autoritaire.

Voilà pourquoi la naturalisation est une réalité beaucoup plus importante et fondamentale et ne peut être prise à la légère. L’idée que la nationalité, l’identité nationale et donc la naturalisation seraient devenues passéistes, réactionnaires est l’une de ces prétendues « avancées » qui a contaminée même ceux qui sont sincèrement  patriotes, cela précisément sous l’effet de la vision socialiste culpabilisante,  qui  réussit à contaminer même les authentiques patriotes.

C’est en effet un autre domaine où la vision socialiste s’est imposée bien au-delà de son propre camp et elle aimerait dicter l’agenda politique en la matière.

C’est contre cette vision et à cause de ses conséquences dramatiques et impossibles à admettre par les  victimes de la pensée politique molle qu’il faut aujourd’hui lutter  avec détermination, sans gêne aucune et sans la crainte d’être qualifié « d’antiquité », de « réactionnaire », « de nationaliste borné », etc.

Faire fi des identités nationales et des attachements patriotiques historiques profonds qu’ils impliquent, revient aussi à nier une des dimensions fondamentales des identités individuelles et peut entraîner des conflits terribles, voire des guerres civiles dont l’ampleur et la nature commencent seulement à  apparaître, du moins chez ceux qui ne refusent pas de les nier ou de les minimiser.

Le  patriotisme, omniprésent dans tout pays historique, est le meilleur garant contre les nationalismes agressifs, violents et destructeurs. Ces derniers résultent précisément de la négation, de la moquerie et du mépris des patriotismes. C’est un autre domaine où l’on prend les effets pour les causes.

D’où notre affirmation: les débats sur la naturalisation, l’acquisition de la nationalité, sont fondamentaux et déterminants pour l’avenir de nos sociétés. Le politiquement  correct en ces matières est le pire ennemi d’un patriotisme naturel, sain et constitutif  et le meilleur allié des dérives communautaristes engendrées par un multiculturalisme qui n’a plus rien à voir avec la pluralité culturelle, elle aussi constitutive d’un pays comme la Suisse.

Ce qui unit les Suisses et les rend fiers de leur identité ce n’est ni la langue, ni la religion, ni la culture, mais le système politico-culturel de la démocratie directe qui suppose à la fois des valeurs fortes, largement enviées, et des limites claires et intransigeantes.

Conséquences pour la naturalisation et l’obtention de la nationalité

Les éléments définis ci-dessus devraient suffire à montrer pourquoi l’acquisition de la nationalité doit rester très exigeante, contrairement à toutes les tentatives d’intimidations et de moqueries venant  d’une vision socialiste internationaliste hors sol si ce n’est issue d’un sol strictement idéologique.

Une illustration des conséquences d’une telle vision est celle d’un octroi très facile de la nationalité dans un pays comme la France par exemple où l’on trouve des jeunes en nombre et pas seulement dans les banlieues qui ont obtenu très rapidement et aisément (le droit du sol) la nationalité sans en avoir incorporé  les composantes et dimensions fondamentales, au point où ils en arrivent même à détester le pays qui leur a octroyé la nationalité, et dans les cas limites  à lutter violemment et par les armes parfois  contre leur propre pays.

C’est une telle réalité qu’il faut absolument éviter et qui justifie une pratique très exigeante, sans gêne aucune et sans la moindre crainte d’être dénigré et moqué par le laxisme et l’irresponsabilité de la « philosophie » des « avancées » à n’importe quel prix et dans tous  les domaines.

Ainsi, fin septembre, la conseillère nationale Ada Marra aurait selon les médias obtenu « une belle victoire d’étape » (« après avoir perdu sur la naturalisation automatique ») en ralliant une majorité de parlementaires sur une naturalisation facilités pour les jeunes de la troisième génération d’immigrés.

Plusieurs arguments sont avancés pour justifier une telle facilitation supplémentaire : le principal étant souvent la durée. Un jeune de la troisième génération serait par définition et pour ainsi dire naturellement suffisamment adapté et intégré pour ne même plus devoir se soumettre à certaines épreuves. On est proche d’une démarche purement administrative  qui revient à envoyer par la poste le document attestant de la nouvelle identité nationale. Pire : il est proposé que ce soit à la commune de montrer que le jeune ne mérite pas la nationalité et non à ce dernier !

Il faut oser dire et répéter que la nationalité suisse est d’une grande valeur, un grand privilège, qu’elle se mérite sur la base de preuves concrètes multiples à l’appui. Je suis aussi favorable à ce que plus de jeunes  de la deuxième et troisième génération soient naturalisés mais cela doit réellement correspondre à une identification sincère et profonde, au risque  de nous retrouver parfois dans des situations semblables à celles de ces  jeunes devenus presque automatiquement français et qui rejettent leur nouveau  pays, au point de le détester fanatiquement, voire de prendre les armes pour le combattre.

En bref, la durée de séjour ne doit pas être le critère déterminant pour acquérir la nationalité. On peut être sincèrement généreux et admiratif pour toutes les situations pluriculturelles tout en restant très exigeant et en voulant prendre un maximum de précautions afin d’éviter des situations comme celles rappelées ci-dessus. On sait que des ré-identifications aux cultures d’origine, même si elles ont un côté artificiel et illusoire, peuvent intervenir même après plusieurs générations et avec des effets pervers non désirés.

Comme l’a rappelé Ada Marra, le peuple aura le dernier mot  sur cette nouvelle facilitation dans l’obtention de la nationalité  puisqu’elle passera en votation populaire. J’espère que lors des débats relatifs à cette votation ce sera aussi l’occasion pour ces militants de la facilitation, pour ne pas dire de la facilité,  de redire tout ce qu’ils doivent à la Suisse, leur reconnaissance et pas seulement leurs critiques et moqueries qui révulsent tant de citoyens modestes et humbles et patriotes authentiques, une situation que ces militants de la facilitation n’auraient jamais réussi à obtenir dans leur pays d’origine.

Last but not least, j’entends déjà certains pousser des cris d’orfraie :  la possibilité d’une naturalisation conditionnelle pendant quelques années, et une déchéance, elle aussi facilitée, de la nationalité  n’auraient rien de scandaleux. Tout simplement une autre forme de prévention ou d’application du principe de précaution !

Ensuite, il faut absolument travailler intensément à recréer une image positive et attirante de la Suisse, donnant l’envie  et la volonté de s’identifier réellement et concrètement au pays dont on demande la nationalité. Image bien méritée par ailleurs, il faut le dire et le redire, sans gêne aucune  mais sans nombrilisme non plus, ce qui n’exclut nullement certaines  critiques surtout lorsqu’elles sont avancées dans un esprit positif et constructif.

Rien n’est  plus contreproductif et destructif que les tendances tant enracinées depuis quelques décennies à l’autoflagellation, à la repentance perpétuelle et autres réécritures de l’histoire en fonction de nos critère d’aujourd’hui et en prêtant à nos ancêtres des défauts dont nous aurions certainement pas été exempts malgré nos prétentions moralisatrices d’aujourd’hui.

Paru sur le site Les Observateurs.ch.

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Philippe Randa,
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