18 juillet 2016

Quand l’Histoire repasse les plats

Par Jean-Pierre Brun

Le 7 janvier 1957 alors que le terrorisme ensanglante le territoire algérien et que les bombes explosent dans Alger, devant les insuffisances de moyens dont dispose la police, le général Massu, commandant la 10e division parachutiste, est placé à la tête des forces de l’armée et de la police à Alger.

Commence alors la « Bataille d’Alger » qui, menée « avec des méthodes qui s’embarrassent peu des garanties légales normalement accordées à des prisonniers », va aboutir au démantèlement de l’organisation terroriste.

La fin justifierait-elle les moyens ? Une situation exceptionnelle imposerait-elle le recours à des juridictions d’exception ? Des informations concernant ces pratiques ne manquent pas de troubler un monde d’intellectuels qui défend avant tout la justice et prône le respect des droits de l’individu avant toute considération de salut public.

La question retrouve toute son acuité en 1960 quand sont constituées, pour neutraliser et juger les rebelles de l’Algérie française, les polices parallèles, le Haut Tribunal militaire, la Cour Militaire de Justice, la Cour de Sûreté de l’État et rétablie, le 4 juin de la même année 1960, la peine de mort pour raison politique abolie depuis 1848. (Curieusement les intellectuels précités ne trouvent rien à redire à ces initiatives pourtant à la marge de la Constitution).

La Bataille d'Alger. Un policier abattu par un tueur du FLN.

La Bataille d’Alger. Un policier abattu par un tueur du FLN.

Avec l’attentat contre Charlie hebdo les compositeurs islamistes délivrent au public les premières mesures de leur « Concerto pour un massacre » dont les mouvements se succèdent dans une dramaturgie pour le moins incontrôlable.

Une rafale de questions « interpellent » l’opinion publique. La police dispose-t-elle de moyens suffisants ? Les juges ont-ils pleinement conscience du contexte spécifique dans lequel ils doivent trancher ? Pire, le pouvoir judiciaire ne serait-il pas devenu le pouvoir de juges idéologues ? Mais il ne s’agit surtout pas de succomber au piège de l’amalgame.

Pourtant, le 30 août 2012, la sénatrice socialiste Samia Ghali, élue dans les Bouches du Rhône, avait déjà préconisé, pour rétablir la paix dans les zones de non droit, le recours à l’armée et le rétablissement du service militaire. Cela ne vous rappelle rien ?

Aujourd’hui des élus, chaque jour plus nombreux et de toute appartenance, souhaitent que, compte-tenu de l’aggravation de la situation, le monde protéiforme des islamistes radicaux soit désormais passible de tribunaux d‘exception. On parle même d’internement administratif comme aux heures les plus sombres de notre histoire. Bigre !

Cerise amère sur le gâteau, on apprend par un sondage publié le 21 juin 2016 que 54 % des Français considèrent comme justifié qu’un policier envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d’avoir posé une bombe prête à exploser. À l’écoute de cette information « inattendue », Bigeard a dû faire un saut carpé dans l’au-delà pour retomber sur le râble du non-violent général de la Bollardière naguère contempteur de la « Bataille d’Alger » et des méthodes employées.

Non, décidément, l’Histoire ne se répète pas. Elle se contente de repasser les plats.

Mais qu’importe ! Ce débat est aujourd’hui on ne peut plus virtuel ! En effet, comment nos maîtres bruxellois au sein de la Cour Européenne de Justice pourraient-ils ne pas sanctionner de telles élucubrations aussi régaliennes qu’hexagonales ? À moins que… Non, n’insistez pas, je n’en dirai pas plus.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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