8 janvier 2017

La grande épopée des Templiers et ses « mystères »

Par Fabrice Dutilleul

 

« Ce chevalier de Christ est un croisé permanent…
Comme il est glorieux, votre retour de vainqueur au combat !
Comme elle est bienheureuse votre mort de martyr au combat »

Entretien avec Louis-Christian Gautier, auteur de L’ordre du temple et son implantation en Creuse (éditions Dualpha).

 Louis-Christian Gautier.

Louis-Christian Gautier.

(propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Ne pensez-vous pas qu’il y a saturation de publications sur les Templiers ?

Il y a surtout saturation d’élucubrations : si je visais un succès de librairie, j’annoncerai que « le trésor » (variante : le Graal) est caché en Creuse et que j’en donne la localisation dans mon livre (cryptée, cela va de soi puisque c’est un « secret » !)… Pour répondre plus directement à votre question, je vous citerai ce qu’écrit Georges Bordonove à ce sujet dans la préface dont il a bien voulu honorer mon livre : « L’épopée des Templiers est l’une des plus grandes parmi les aventures humaines. Elle ne cesse d’intéresser le public, voire de le passionner, à juste raison ! Cependant, pour en bien saisir le caractère, il faut la débarrasser de ses prétendus mystères ; d’autre part la replacer dans le contexte d’une époque où la foi était vécue au quotidien, où chacun aspirait à un idéal de perfection. Or, il ressort de nombreux témoignages que l’Ordre du Temple incarnait précisément l’idéal de toute chevalerie. D’où les adhésions massives et les dons innombrables notamment en France. »

Alors qu’apporte de nouveau votre ouvrage ?

Comme son titre l’indique, il comporte d’abord une trentaine de pages consacrées à l’Histoire générale de l’Ordre. Justement parce que celle-ci a donné lieu à tant de délires pseudo-historiques, y compris sous la plume d’un académicien : il était nécessaire de revenir aux faits attestés avant de passer à la suite.

Avant de présenter l’implantation du Temple en Creuse, où sont présentées une à une ses onze « maisons » (improprement dénommées habituellement « commanderies ») ainsi que leurs vestiges, il était nécessaire d’exposer ce que l’on sait de l’Ordre en Auvergne-Limousin. Cette province templière ayant le privilège d’être mieux connue qu’une autre, du moins dans ses dernières décennies d’existence, grâce d’une part à un accord passé en 1282 entre le commandeur d’Auvergne et l’évêque de Limoges, et surtout d’autre part grâce aux procès-verbaux des interrogatoires des Frères arrêtés sur place effectués par celui de Clermont en juin 1309.

Vous vous en tenez donc à du « factuel » ?

Pour la quasi-totalité du livre, oui. J’ai prospecté un à un, les vestiges templiers de la Creuse… Il arrive parfois que les pierres se souviennent ! Mais dans les dernières pages, avec prudence et en faisant appel au renfort d’auteurs dont le point de vue mérite d’être pris en compte, je me permets une intrusion dans le domaine de la symbolique, essentiellement celle des « croix cerclées », lesquelles sont manifestement en rapport avec mon sujet.

 

Carte de l’implantation templière en Creuse.

Carte de l’implantation templière en Creuse.

Mais tout ceci, c’est du passé…

Voire… Je termine en évoquant l’actualité et les passerelles que l’on peut établir entre elle et certains aspects de l’histoire des « Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Jérusalem » (dénomination originelle). Plusieurs indices donnent à penser qu’il n’est pas exclu que l’on revienne au Moyen Âge.

Georges Bordonove, dans sa préface, écrit que « sans doute ce livre intéressera-t-il d’abord les habitants de la Creuse et les touristes qui visiteront cette belle région, mais il s’inscrit dans une perspective plus vaste en rejoignant l’histoire générale du Temple… » On ne peut mieux dire !

Dès les premières pages, vous faites une comparaison osée entre musulmans et templiers, rappelant que dans son « éloge de la nouvelle chevalerie » (De laude novae militiae), Bernard de Clairvaux, que l’on peut considérer comme le père spirituel des Templiers, y justifie l’homicide commis par des hommes d’Église…

Un chapitre de cet « Éloge » s’intitule en effet « Pourquoi le Templier a le droit de tuer » : l’apparente contradiction y est surmontée. Ainsi : « Ce chevalier de Christ est un croisé permanent… Comme il est glorieux, votre retour de vainqueur au combat ! Comme elle est bienheureuse votre mort de martyr au combat. »

L’essentiel est là : les Musulmans n’ont plus le monopole de la guerre sainte (Djihad), et leurs « morts au champ d’honneur » l’exclusivité des jouissances célestes.

En cette époque féodale où les activités militaires sont dominées par le caractère temporaire de l’ost et de la chevauchée, (ré)apparaît une armée permanente. C’est étymologiquement une révolution, cette institution ayant disparu en Occident avec l’Empire romain.

L’Ordre du Temple et son implantation en Creuse de Louis-Christian Gautier, 174 pages, 23 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa. Pour commander ce livre, cliquez ici.

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Philippe Randa,
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