8 septembre 2016

Il faut prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages

Par Jean-Pierre Brun

« Un élu FN retrouvé mort menotté chez lui.

Un conseiller municipal FN de Mantes la ville (Yvelines), a été retrouvé mort à son domicile ce matin, poignets menottés et torse nu, selon le parquet de Versailles. L’homme dont l’âge et l’identité n’ont pas été précisés, a été retrouvé par « une personne de son entourage » qui s’est présentée à son domicile ce matin, a indiqué la même source d’information, confirmant une information du ParisienUn représentant du parquet se trouvait sur place en milieu de journée pour les premières constatations. La Police Judiciaire est en charge de l’enquête » (Le Figaro 2 septembre 2016 12 h 27).

Ce fait divers témoigne de l’abrutissement dont le lectorat national est l’objet. Usbek, tout droit débarqué de Perse serait en droit de s’étonner de l’incompétence du journaliste et du je-m’en-foutisme de son rédacteur en chef.

En effet, comment, avec les détails qui fourmillent dans cette dépêche, prétendre ne rien savoir de l’identité de la victime. Certes, à Ispahan, pareille incongruité ne saurait exister mais, comme le chantait Mistinguett, « Ça, c’est Paris ! ». Et ce n’est pas Rica qui la démentira.

J’en connais déjà qui, à la lecture de ces lignes, s’emportent devant le comportement de ce prétendu journaliste. Quels naïfs ! Nous pourrions presque remonter au lendemain même de la parution de la première livraison de La Gazette de Théophraste Renaudot.

Ne jamais oublier que dans la grande presse, peut-être encore plus qu’ailleurs, quand on a peu de talent, il faut encore moins d’états d’âme, que pour se hisser dans la hiérarchie il est préférable d’emprunter plutôt que l’escalier d’honneur celui de service et enfin que dans cette curieuse profession, il existe deux catégories d’individus : les journalistes qui mentent en toute connaissance de cause et ceux qui ne s’en rendent pas compte. Bien pis, aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain, on se doit de souligner l’ignorance de la plupart de nos modernes Rouletabille ou Beautrelet. Elle justifie pleinement la remarque de l’humoriste feignant de voler à leur secours : « Il est parfaitement superflu de connaître les choses dont on parle. Je dirais même que la sincérité en général dénote un certain manque d’imagination. »

Nous n’empiéterons pas sur le domaine de l’audiovisuel, nous contentant d’une remarque pertinente de ce cher Yvan Audouard : « Il semble que la télévision ait été inventée à l’usage de ceux qui, n’ayant rien à dire, tiennent absolument à le faire savoir. »

Plus incisif qu’à l’accoutumée, il ajoute : « Il est indécent de dire que la télévision est un « vrai cirque ». Au cirque les dresseurs de puces ne se prennent pas pour des dompteurs de lions. »

Ceci étant, revenons à notre propos initial : cette grande presse écrite dont bon nombre de nos anciens, plus ou moins glorieux, ont souligné les travers.

Saint-Arnaud qui s’y connaissait en turpitudes diverses et variées, n’écrivait-il pas : « C’est une plaie terrible que tous ces littérateurs et journalistes, partis de rien, ne tenant à rien, mais se tenant entre eux, qui se louent, s’admirent, s’encensent, se poussent, se coalisent, forment l’opinion, s’en emparent, font et défont les réputations, tuent les honnêtes gens, élèvent les fripons sur le pavois et deviennent des puissances dont on subit l’influence en rougissant. »

Flaubert, parfaitement au fait de la situation, avait su ne pas succomber à la tentation : « Je regarde comme un des bonheurs de ma vie de ne pas écrire dans les journaux. Il en coûte à ma bourse, mais ma conscience s’en trouve bien. »

Ce vieil Anouilh, faussement badin, formulait ainsi sa défiance envers le quatrième pouvoir : « Je ne crois pas aux nouvelles. J’ai une collection de vieux Gaulois dans mon grenier qui me suffit. J’en lis un tous les matins, en prenant mon petit-déjeuner, pour faire comme les autres. »

Pour conclure cette chronique, une fois n’est pas coutume, tendons un aimable micro au non moins aimable Charles De Gaulle : « Moi qui ne suis pas ce qu’il est convenu d’appeler un rigolard… Savez-vous ce que je fais quand j’ai envie de rire ? Eh bien je lis Le Monde»

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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