7 octobre 2017

La Société Anonyme « Europe » en jeu

Par Richard Dessens

 

Victoire, défaite ou espoir ? Récemment, l’Allemagne a voté sous les yeux angoissés de toute l’Europe. Car les élections allemandes ressemblent médiatiquement aux élections américaines : elles intéressent tout le monde tant la puissance de l’Allemagne est dominante en Europe, et influente dans le monde, et tant les USA sont les maîtres du monde. C’est l’élection de la Présidente-Directrice Générale de la Société Anonyme « Europe » qui était en jeu ce dimanche.

Le Bundestag.

Le Bundestag.

À ceci près que son Conseil d’Administration allemand n’a pas respecté les règles et l’a élue du bout des lèvres.

Avec 33 % des voix, son aura est en baisse. Comme celle de son ancien coalisé, le SPD qui avec 21 % s’effondre et rejoint l’opposition, mettant La PDG en difficulté pour trouver une majorité. Même en s’alliant avec les Libéraux (à 10 %), le compte n’y est pas. Que reste-t-il ? Les Verts. Des négociations compliquées s’annoncent et risquent de durer… à moins que les Allemands soient à nouveau appelés aux urnes pour mieux voter. Mieux voter signifiant ne plus voter pour l’AfD, le parti « populiste » trublion qui, depuis hier, est brusquement qualifié de « néo-nazi » parce qu’il demande la fin de la repentance des crimes du IIIe Reich. C’est vrai que 72 ans, c’est hier.

En outre, la composition de l’électorat de l’AfD exaspère déjà nos élites : il vient de l’ancienne Allemagne de l’Est mais aussi des länder les plus riches d’Allemagne avec un niveau économique supérieur à la moyenne. Voilà qui vient à l’encontre des clichés qui présentent les électeurs « populistes » comme des abrutis et des sous-développés intellectuels. C’est peut-être que la préservation de l’identité, des valeurs, de l’honneur d’un peuple et l’impact du million d’immigrés accueillis, sans aucun regret, par Madame Merkel, ont acquis une importance déterminante dans l’électorat. C’est nouveau.

Avec près de 13 % des voix et 94 députés, l’AfD réussit un score presque inattendu. Mais la démocratie allemande est très mal structurée. En France, par exemple, championne et mère de la démocratie, avec 13 % des voix un parti a 0 député. Avec 25 % aussi d’ailleurs. Il suffit de changer le système électoral et l’Allemagne ne sera plus troublée par les 13 petits pourcent de l’AfD. Les Allemands sont vraiment naïfs.

D’autant qu’une anecdote, massivement montée en épingle par la presse, prête à rire du point de vue français. La vice-présidente de l’AfD, élue, refuse de siéger dans le groupe AfD, se mettant en dehors du parti avec lequel elle est d’ailleurs en conflit depuis plusieurs mois. Pudeur effarouchée devant les positions identitaires et anti-repentance de l’AfD… On ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec un autre vice-président, du Front National, évincé du parti récemment. La seule différence est que pour l’une son départ suit une victoire, quand pour l’autre il suit une défaite.

Mais sur le fond, et parallèlement aux difficultés de constitution de majorité, c’est aussi une défaite pour M. Macron qui, avec la PDG de l’Europe, comptait « réformer » l’UE. En pire. Les marges de manœuvre de Madame Merkel vont être beaucoup plus réduites, sans le SPD, avec une potentielle majorité incertaine et une AfD pressante pouvant fixer les mécontentements. Face, en plus, à un Trump protectionniste et un Brexit, adouci mais toujours ferme, le tableau laisse entrevoir des nuages et des décisions complexes.

La France dépend de l’Allemagne qui est son premier client comme son principal fournisseur. L’alliance politique est aussi la nécessité de la réalité économique. Mais aujourd’hui ne peut-on pas s’attendre à des turbulences en Europe gouvernée par une Allemagne relativement affaiblie et une France toujours à la traîne et à l’avenir politique lui aussi incertain.

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Philippe Randa,
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