10 octobre 2016

Pierre Lellouche vs USA : le grand retournement  !

Par Nicolas Gauthier

Même les têtes politiques les plus atlantistes, de droite comme de gauche, finissent par s’en rendre compte : les États-Unis ne sont pas forcément nos amis…

Voilà un rapport parlementaire qui aurait dû faire plus de bruit qu’il n’en a fait, même ayant eu les honneurs de notre confrère Libération. De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’un texte parlementaire politiquement consensuel, puisque signé par Karine Berger (PS) et Pierre Lellouche (LR), mais concernant « l’extraterritorialité de certaines lois américaines. »

Sous ce vocable des plus hermétiques, ces deux parlementaires dénoncent au moins ceci : « Une volonté politique parfaitement pensée, de valoriser la puissance américaine en faisant du droit un instrument de politique étrangère et de promotion de ses intérêts économiques. »

Traduit dans une langue plus vernaculaire, une réalité plus triviale, tout cela signifie que si l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois a dû mettre la clef sous la porte, ce n’était pas forcément parce que les voitures fabriquées chez Peugeot ne se vendaient plus, mais tout simplement parce que les USA nous interdisaient de les vendre en Iran ; d’où la fermeture de l’usine en question sous forte pression américaine. Idem pour Alstom, contrainte de payer de vertigineuses amendes se chiffrant en centaines de millions de dollars, amendes ayant contraint ce fleuron de l’industrie française à se vendre par morceaux au géant américain qu’est General Electric.

Pareille mésaventure survint également à l’entreprise Alcatel qui, sous la menace d’une amende à peu près équivalente, vit sa petite note ramenée à seulement cent millions de billets verts de pénalité, après s’être vendue à l’américain Lucent… Le pourquoi du comment de tout ça ? Réponse apportée par Libération : « Aujourd’hui, le dollar est l’arme juridictionnelle la plus efficace des États-Unis pour imposer des sanctions : toute opération réalisée en dollars, contrôlée par la Chambre de compensation de New York, doit se conformer à la loi américaine. En France, BNP-Paribas, Alstom ou encore le Crédit agricole ont ainsi fait les frais de cette application extraterritoriale des lois édictées depuis Washington. »

Mieux, confirme Libération : « Dans le cadre des poursuites pénales lancées aux États-Unis, les multinationales occidentales visées acceptent, non pas de plaider coupable, mais de payer pour éteindre de longues et coûteuses poursuites judiciaires. Une forme de repentance empreinte de protestantisme au cours de laquelle elles doivent se mettre à nu et dévoiler petits et grands secrets internes. Et se soumettre à un suivi longitudinal américain. »

De plus, révèle Karine Berger : « Toutes ces informations sont immédiatement transmises au FBI, dans une mécanique parfaitement huilée, les services de renseignement des États-Unis considérant que l’économie fait partie intégrante de la défense nationale. »

Et Pierre Lellouche, son homologue de droite d’affirmer : « Du pur et simple espionnage économique ! »

Le retournement de ce député, naguère chiraquien, mais favorable à l’entrée en guerre de la coalition occidentale contre l’Irak en 2003, peut prêter à sourire, s’agissant là d’un de nos hommes politiques les plus atlantistes. Mais même lui en vient à se poser des questions, c’est dire… À en croire le quotidien jadis fondé par Serge July, « le basculement de Lellouche remonterait notamment à l’annonce, en décembre 2014, de l’accord franco-américain sur l’indemnisation des victimes étrangères de la Shoah déportées depuis la France. »

Mise en demeure qui aurait fait « bondir » le député en question. Libération, toujours : « En cherchant à éviter une amende à la SNCF, mise en cause dans les déportations effectuées sous le régime de Vichy, le gouvernement se serait selon lui “abaissé”… »

On ne saurait mieux dire, sachant que tout l’art de la politique consiste à distinguer l’adversaire conjoncturel de l’ennemi structurel. En ce sens, les USA ne sont pas véritablement nos amis. Et si même Pierre Lellouche le dit…

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