4 août 2018

Management de la sauvagerie (II)

Par Aristide Leucate

Pour reprendre une formule connue, le management de la sauvagerie repose sur le principe « ordo ab chaos ». En ce sens, Management de la sauvagerie d’Abu Bakr Naji (1) s’offre à lire comme un véritable traité stratégique d’ingénierie sociale au sens où l’entend Lucien Cerise, soit, « un travail de programmation et de conditionnement des comportements, ou plutôt de reprogrammation et de reconditionnement » d’un donné social.

Management de la sauvagerie publié en 2004 et écrit par Abu Bakr Naji (Ars Magna).

Management de la sauvagerie publié en 2004 et écrit par Abu Bakr Naji (Ars Magna).

Ce faisant, souligne Cerise, « l’ingénierie sociale comme travail de reconfiguration d’un donné humain procède toujours en infligeant des chocs méthodiques. En effet, reconfigurer un système pour le rendre plus sûr et prédictible exige au préalable d’effacer son mode de configuration actuel. La réinitialisation d’un groupe humain requiert donc de provoquer son amnésie par un traumatisme fondateur, ouvrant une fenêtre d’action sur la mémoire du groupe et permettant à un intervenant extérieur de travailler dessus pour la reformater, la réécrire, la recomposer ».(2)

En parlant de « choc méthodique », Cerise acclimatait à sa démonstration la théorie dite de la « stratégie du choc » mise en évidence par Naomi Klein dans son ouvrage éponyme. (3)

Partant des expériences psychiatriques menées par la CIA dans les années 1950 et s’apparentant à de véritables séances de tortures dans le but de « reformater » le disque dur des individus (pour user d’une terminologie propre à l’informatique), Klein expliquait que l’école d’économie ultralibérale de Chicago prônait, semblablement, la mise en place d’une stratégie de crises systémiques délibérées, qu’une autorégulation par le marché résoudrait sans l’intervention des pouvoirs publics (priés, du même coup, de rester à l’écart du jeu économique) et dont les augures et résultats, habituellement récusés en situation normale, recevraient, sans discussions, l’assentiment des populations.

Management de la sauvagerie, outre son contenu incontestablement glaçant, n’innove donc en rien dans la stratégie du chaos, l’auteur reconnaissant même que « le management de la sauvagerie a été, dans notre histoire islamique, appliqué à plusieurs reprises », sans, d’ailleurs, qu’il fût l’unique apanage des musulmans car, avance-t-il, « pour ce qui est des mécréants, il y a des douzaines, non, des centaines d’exemples de management de la sauvagerie qu’ils établirent en Europe, en Afrique, en Asie et sur tous les continents dans les siècles passés ».

Quoi qu’il en soit, il demeure que la stratégie islamique du chaos (expression alternative au management de la sauvagerie) répond à une méthode qu’Abu Bakr Naji expose comme telle. Ainsi, s’agissant de ce qu’il range dans la catégorie des États « prioritaires » c’est-à-dire des États faibles politiquement et caractérisés par la « présence d’un djihadisme islamique étendu » en son sein (Jordanie, Afrique du Nord, Nigeria, Pakistan, Arabie Saoudite et Yémen), prévoit-il trois étapes successives : « l’étape du ‘‘pouvoir de l’humiliation et de l’épuisement’’, puis l’étape du ‘‘management de la sauvagerie’’ et, enfin, l’étape du ‘‘pouvoir de l’installation d’un État’’».

Notes

(1) Management de la sauvagerie publié en 2004 et écrit par Abu Bakr Naji (Ars Magna).

(2) Gouverner par le chaos, Max Milo, Paris, 2010.

(3) La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, Léméac/Actes Sud, Toronto, 2008.

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