2 novembre 2018

L’Homme de cour et le Chevalier

Par Bernard Plouvier

Ce texte a été initialement publié dans le site METAMAG, aujourd’hui défunt. Nous le reproduisons en hommage au travail de celles et ceux qui avaient fait de ce site du Net un outil d’information, de réflexion et de liberté, en hommage à celui qui fut du premier au dernier jour son rédacteur en chef et son animateur, Monsieur Jean-Pierre Toni.

« Tous les hommes sont idolâtres, les uns de l’honneur,
les autres de l’intérêt, la plupart de leur plaisir
 »

Balthazar Gracian.

2017 fut l’année de la macronisation, non pas seulement des médias, mais aussi des fantasmes de jeunes hommes et de jeunes femmes entrés depuis peu dans la vie active, fascinés, ébahis, époustouflés par la carrière de notre jeune président qui parvient, mois après mois, à occuper le devant de la scène, sans jamais se renouveler, ni faire progresser d’un iota la société ou les institutions.

Jean II adoubant des chevaliers, Enluminure en Latin des XIVe / XVe siècle.

Jean II adoubant des chevaliers, Enluminure en Latin des XIVe / XVe siècle.

Il peut paraître amusant de réfléchir au clinquant et à l’éphémère, opposés à l’innovation et au durable… si l’on préfère : se pencher sur l’universel antagonisme du démagogue et de l’homme d’État. Le premier s’occupe de lui-même, de son image, de sa fortune, de sa gloire. Le second cherche à résoudre une crise de civilisation, parfois à entraîner une Nation ou un groupe de Nations dans une grande aventure.

Soyons honnêtes : le démagogue n’est dangereux que pour les finances de l’État. L’autre peut faire la grandeur d’une Nation, mais peut aussi la mener au désastre.

Il est évident à qui étudie l’histoire ou pour n’importe quel éthologue (à l’exception des niais), que l’ensemble des sociétés animales, dont l’humaine n’est que la plus élaborée, sont régies par des principes féodaux. Au sommet, règne un maître unique, du moins dans les sociétés durables et bien organisées. A contrario, toute association dominée par un groupe d’individus égaux en puissance, donc en capacité de nuisance, s’écroule rapidement.

Mais, dans les deux cas, le ou les maîtres commande(nt) une ou plusieurs structures pyramidales, où œuvrent, s’agitent et intriguent les ducs, dotés d’une certaine autonomie de décision administrative (civile, militaire ou religieuse), eux-mêmes dirigeant des barons spécialisés dans un domaine, avec, au-dessous de ces hauts individus, des chefs d’équipe (quelle que soit l’appellation qu’on voudra leur donner) et ainsi de suite jusqu’au plus humble emploi, jusqu’à la plus triviale fonction. Et le minus habens a encore la possibilité de faire sentir sa puissance à son conjoint, à ses enfants, voire à son chien.

La féodalité étant la règle de toutes les époques et de l’ensemble du règne animal, il peut paraître intéressant de différencier les deux types extrêmes de comportement entre lesquels évolue la totalité des humains. Étant bien entendu, que toujours et partout, l’humanité moyenne virevolte entre les deux options opposées : celui qui se plie aux effets de mode et vénère le titulaire de la Potestas (la puissance), pour faire carrière ou pour participer à une éventuelle curée, et celui dont l’honneur est de servir une noble cause, sans jamais se renier.

L’humanité étant ce qu’elle est – une foule aisément manipulable, si on la prend bien –, le discours convaincant dirige seul la vie des communautés. Et c’est là que commencent les ennuis pour tout le monde. Les bonnes questions sont, toujours et partout, de savoir ce que cachent les grands mots et de déterminer ce que sont réellement le devoir et l’éthique.

Certes, il n’est pas trente-six façons d’être honnête et de conserver son honneur : de ce côté-là les choses sont simples. Mais le devoir s’oppose parfois à ces deux notions fondamentales, d’où de très gros conflits entre le sens du devoir et la conscience éthique, chez l’individu, homme ou femme – le sexe ne faisant rien à l’affaire – que l’on peut qualifier de preux. L’enthousiasme du chevalier engagé dans une grande aventure, collective ou individuelle, peut l’amener à faire ce à quoi son éthique personnelle s’opposerait dans la vie privée. Pour la cause (politique, religieuse, scientifique), certains sont prêts à sacrifier les impératifs de leur surconscience, d’autres s’y refusent.

En revanche, l’homme de cour fera siens les mensonges petits et gros, fera siennes les confusions sémantiques à propos de certains mots, trop souvent prostitués, comme ceux de Liberté, d’Égalité, de Démocratie, de Droit(s), de Solidarité, voire de Fraternité. L’excès d’utilisation de ces slogans provoque obligatoirement l’extension quasi infinie de leurs acceptions.

Selon l’intérêt des beaux parleurs à la mode, le même terme peut signifier deux idées totalement opposées. Chacun se souvient des sanglantes et ineptes dictatures marxistes qui se qualifiaient de « Démocraties populaires ». Chacun sait que les termes de Communauté et de Fraternité impliquent le rejet, plus ou moins violent, de l’autre (Goy ou infidèle) dans les religions juive ou mahométane. Il faut reconnaître que, via l’économie globale et la mondialisation de la vie culturelle, nous vivons une époque privilégiée dans les registres de la duperie et du trucage.

À toute époque et en tous continents, le totalitarisme fut d’exiger des fidèles et des citoyens qu’ils agissent et pensent à l’unisson, respectant à la lettre les slogans et les injonctions des puissants du jour – les maîtres temporels, les gourous spirituels ou les individus parés des deux fonctions. Et toujours et partout, l’on observa une foule de suiveurs et une infime minorité d’opposants.

La bipolarisation de l’humanité entre l’homme de cour ou d’appareil et le chevalier est ubiquitaire et universelle ; si l’on préfère, elle est de toutes les époques et de toutes les races. Chacun est libre de suivre ou non son programme génétique qui le prédestine à être un ambitieux ou un idéaliste, c’est affaire de libre arbitre (le choix) et de transcendance (la critique morale du choix).

Les hellénistes connaissent le vers d’Eschyle : « Quel mortel reste juste s’il ne craint rien ? », tiré des Euménides et trop souvent cité hors contexte. L’homme, la femme (ou l’individu bizarre et indéfinissable) de cour craignent le renvoi, soit la mise à l’écart des sources de l’argent, plus ou moins facilement gagné, de la participation au pouvoir sur autrui et de la notoriété. L’esprit religieux est (en principe) maintenu dans un chemin pas trop tortueux par la peur de l’enfer et l’espoir d’un paradis. Le chevalier n’a qu’une crainte : celle de déchoir à ses yeux et à ceux des êtres qu’il aime.

Que l’on soit chef ou suiveur, à quelque rang que l’on soit placé ou qu’on se soit hissé, le dilemme reste le même : plier par opportunisme ou demeurer jusqu’au bout un être de devoir et de conviction. Il est plus aisé – c’est ce que la majorité des humains a compris depuis la nuit des temps – de s’adapter à son époque, soit hurler tantôt avec les loups, tantôt avec les brebis, pour le plus grand bénéfice du chef de meute ou du berger.

Comme rien n’est simple dans ce sujet, on laissera le lecteur libre de choisir celle des phrases antagonistes contenues dans le livre bien connu du jésuite (!) Balthazar Gracian (Maximes – L’homme de cour), publié en 1647, ce qui prouve que de longue date l’on s’interroge sur ces notions : « Une heureuse fin couronne le tout, même si l’on a usé de faux moyens pour y arriver » versus : « Tout ce qui est bon ne triomphe pas obligatoirement ».

Pour l’heure, triomphent plus que jamais le monde des apparences et la richesse divinisée.

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