18 août 2016

Si seulement on avait écouté les lanceurs d’alerte

Par Euro Libertes

Par Anne Lauwaert, écrivain belge vivant au Tessin (Suisse).

Cette histoire commence il y a 20 ans dans la République du Tessin qui est le Canton italophone de la Confédération Helvétique.

En 1996, Giorgio Ghiringhelli, un journaliste un peu farfelu est élu «indépendant» dans le conseil communal de sa commune.

En 1997, il sort le premier numéro de son journal Il guastafeste, mot qui signifie gâte-fêtes autrement dit: empêcheur de tourner en rond et emmerdeur. Il finit tout de suite au tribunal parce que des libéraux se sentent offensés. Il ne sera pas condamné. Depuis lors il n’arrêtera plus de publier des articles dérangeants sur son site. Il se fera une spécialité de dénoncer ce qui fâche et de pointer le doigt systématiquement là où ça fait mal…

En 1999, il se présente avec son mini-parti du même nom.

En 2001, l’attentat du WTC secoue aussi le Tessin où une communauté musulmane s’est installée à Lugano et vers laquelle vont converger de nombreuses interrogations,  à commencer par la banque Al taqwa (voir ici un article de Mireille Vallette sur le sujet).

« L’Al-Taqwa (mot arabe pour “Crainte de Dieu”) est un réseau d’entreprises financières mis en place en 1988 par des membres influents des Frères Musulmans, notamment le président et cofondateur d’Al Taqwa, Youssef Nada. Plus tard, le converti Suisse Ahmed Huber, un fervent admirateur d’Adolf Hitler, a été embauché parce que la société avait besoin d’au moins un citoyen Suisse dans son conseil d’administration1. Un autre cofondateur était François Genoud, l’un des principaux gestionnaires de fonds nazis après la IIe Guerre mondiale, qui, plus tard, connaît la notoriété comme étant l’éditeur du journal intime de Joseph Goebbels»

(lire la suite sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque Al-Taqwa).

De nombreux livres sortent. Il y avait déjà Les dollars de la terreur de Labévière, Ben Laden, la vérité interdite de Brisard et Dasquié, Le banquier de Saddam de Fusi et surtout La conquête de l’Occident de Besson qui explique « le projet secret des islamistes » sous-entendu des Frères Musulmans… « Projet » qui aurait été trouvé en 2001, lors d’une perquisition au domicile d’un des noms récurrents: le banquier Youssef Nada… «Projet qui est la synthèse des ambitions politiques de cette organisation islamiste (Frères Musulmans) dont le but ultime est d’établir “le règne de Dieu sur Terre” »…

À l’époque les Nada, Himmat, Nasreddin sont des personnalités connues et respectées et ceux qui osent soulever le doute sont traités de paranoïaques et semeurs de troubles.

D’autres articles de presse continent à tourner autour des mêmes personnages et y ajoutent la famille Ramadan et encore les Frères Musulmans comme dans cet article (en italien).

C’est surtout un article du qui va faire l’historique et  la synthèse: Ian Johnson, “How a Mosque for Ex-Nazis Became Center of Radical Islam”, The Wall Street Journal, 12.7.05

«Comment une mosquée pour anciens nazis est devenue le centre de l’islam radical» parait le 17 septembre 2005, est à lire sur Internet et explique l’historique de la construction de la mosquée de Munich et y place tous les noms qu’on avait pu glaner au fil des précédentes lectures…

Entre-temps, en France, on avait publié le rapport Obin en 2004 et le rapport Denécé en 2005.

(les lecteurs d’Eurolibertés devraient lire cet historique du Wall Street Journal et les rapports Obin et Dénécé.

Dans ce cadre inquiétant, mais dont ne sont conscients que ceux qui se donnent la peine de lire les livres et articles qui paraissent dans la presse internationale (dans mon cas en flamand, français, anglais, italien et quelque fois aussi allemand), nous sommes nombreux à nous demander « Mais qu’est ce qui se passe ? » et « Comment peut-on bloquer la catastrophe qui s’annonce ? »

Le monde politique est-il inconscient ou paralysé par la raison d’état ou des intérêts supérieurs ?

Entre-temps, même dans le Tessin les foulards islamiques, voiles, hijab et burqas deviennent de plus en plus nombreux. Ceux qui ne se rendent pas compte de l’importance symbolique répondent : « Mais qu’est ce que ça peut faire, ça n’est qu’un bout de tissu »…

C’est dans cette atmosphère que Ghiringhelli commence à dénoncer systématiquement l’évolution de la situation dont  52 articles concernant l’islam (en italien) parmi lesquels un long essai sur les Frères Musulmans et les 47 articles concernant le problème de la burqa.

Malgré le silence des autorités, le peuple commence à s’inquiéter et en 2009 c’est 57 % des votants suisses qui s’exprime pour l’interdiction de la construction de minarets. Votation très symbolique car en réalité que peut bien faire un joli minaret de 10 mètres de haut comparé aux horreurs de l’architecture contemporaine ? En réalité le non aux minarets signifie non à l’islam dont le minaret est le symbole.

Le 20 novembre 2009, Ghiringhelli écrit au parlement tessinois pour demander l’interdiction de la burqa. Encore une fois, on lui rit au nez car dans le Tessin les burqas sont rares et que voulez-vous que fasse un bout de tissu ?

Ceux qui comprennent le poids des symboles se rangent aux côtés de Ghiringhelli ; ils constituent un comité et lancent la récolte de signatures pour induire la votation qui aura lieu le 22 septembre 2013 et sera acceptée par le peuple  tessinois avec 65,4 % des votants.

De nouveau, en votant  « la défense de se dissimuler le visage », le peuple n’a pas dit non à un bout de tissu, mais il a dit non à l’islam dont ce bout de tissu est le symbole, pour ne pas dire l’étendard.

Grand émoi auprès des aubergistes qui, eux, courtisent le monde arabe non pas par sympathie pour le monde arabo-musulman, mais tout simplement parce que les touristes arabes sont riches et dépensent beaucoup…

Dernier acte de cette aventure :  la loi a été mise en application le 1er juillet 2016.

Là où cela devient intéressant pour les Français c’est que l’ambassade d’Arabie Saoudite à Bern, a publié un communiqué demandant à ses ressortissant qui séjournent au Tessin de respecter la loi qui interdit la dissimulation du visage… (voir ICI avec le texte en arabe)

« L’ambassade tient à souligner que les autorités cantonales du Tessin, dans le sud-est de la Suisse, ont annoncé que dès le 1er juillet 2016, elles commenceront à mettre en force l’interdiction de la burqa (niqab) dans les espaces publics, ce qui inclut Lugano, Locarno, Magadino, Bellinzone, Ascona et Mendrisio. Elles ont également annoncé que l’amende pour non-respect de cette interdiction pourra aller jusqu’à 1000 francs, voire plus en cas de récidive. Vu que les vacances scolaires [en Arabie Saoudite] arrivent, l’ambassade rappelle à tous les honorables citoyens la nécessité de respecter les règles suisses et de s’y conformer afin d’éviter tout problème. »

Étant donné que l’ambassade de l’ appelle à respecter la loi anti-burqa au Tessin, pourquoi les Français ne demanderaient-ils pas à l’ambassade d’Arabie Saoudite en France de lancer le même appel au respect de la loi anti-burqa en France? N’est-ce pas le moyen le plus efficace pour éviter les violences qui maintenant s’étendent aussi autour du burqini qu’on commence à interdire même en Tunisie ?

Si l’ambassade d’Arabie Saoudite « rappelait à tous les honorables citoyens la nécessité de respecter les règles françaises et de s’y conformer afin d’éviter tout problème » cela couperait l’herbe sous les pieds des provocateurs.

Si l’Ambassade d’Arabie Saoudite en France ne répondait pas à la sollicitation ou répondait négativement, cela signifierait qu’elle ne souscrit pas à la loi française…  Dans les deux cas, on saurait à quoi s’en tenir.

Ghiringhelli, quant à lui, continue son action avec de plus en plus de soutien pour étendre l’interdiction de dissimulation du visage dans tous les Cantons. Comme le disait Gandhi, « même si vous êtes une minorité d’un seul individu, la vérité est la vérité » et tôt ou tard d’autres individus embrassent la même cause.

Ce qui est navrant, c’est que si on avait écouté les lanceurs d’alerte, il y a 20 ans, aujourd’hui on n’en serait pas là.

Article paru également sur le site Riposte Laïque.

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Philippe Randa,
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