24 août 2016

Mon ministre chez les Vendéens

Par Olivier Pichon

Par les hasards du calendrier, j’assistais à la Cinéscénie du Puy du Fou le vendredi soir 19 août, jour où le ministre de l’économie s’était invité ; il se trouve, au surplus, que j’étais à quelques mètres de lui.

Un service d’ordre plus que discret et notre ministre, tout sourire, accueilli, comme il se doit, par Philippe de Villiers, son fils Nicolas, président du Puy du Fou, et Laurent Albert directeur général.

Ce soir-là, point de service d’ordre massif et fébrile, mais une garde rapprochée discrète. Cela peut s’expliquer par le public dont la discipline est exemplaire, le Puy du Fou n’est pas le Parc des Princes !

M’y étant rendu à trois reprises cette année, je dois souligner l’étonnante sociabilité du public, et son civisme naturel, notamment dans les files d’attente ; je crois que l’entourage du ministre comme lui-même n’ont pu ignorer cette spécificité puyfolaise !

On soulignera qu’il ne s’agissait pas d’une invitation, mais d’une volonté du ministre de voir ce qu’il en était de cet incroyable phénomène… Ce jour-là, le Grand Parc accueillait 25 000 personnes et la Cinéscénie 14 000 personnes. Comme le spectacle commence à la nuit tombée, le ministre comprit qu’il ne serait pas vu par la foule et, après avoir dispensé son éternel sourire autour de lui, il se rassit pour admirer le spectacle.

Je me suis laissé dire que c’est la première fois qu’un ministre en exercice se rendait ainsi sur ces lieux, la nouveauté mérite d’être soulignée, surtout lorsque l’on saura que le Puy du Fou dont le modèle économique est incomparable, n’a jamais bénéficié de la moindre subvention publique. Il se plaît à le rappeler et n’entend pas tendre la sébile.

Quand un ministre va au-devant du pays réel

Emmanuel Macron au Puy du Fou, c’est un peu Tintin au Congo. Tout en soulignant des « divergences réelles » avec Philippe de Villiers, le ministre du gouvernement Valls a fustigé le « sectarisme » et les « oppositions stériles » qui paralysent la France. Tout cela est bel et bon, mais voilà qu’il nous fait du Bayrou, et le ministre de cultiver là un paradoxe pour le moins intrigant, « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste […]. Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre, vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l’intérêt général. »

Dont acte, mais, au final, il tire sur une ambulance : abandonner les vielles lunes du socialisme, est-ce si courageux ? Mais que cette « confession » se produise en de tels lieux, est-ce tout à fait le hasard, même si l’intéressé a toujours affirmé qu’il était royaliste ? Les dévots de la gauche, quoi qu’il en soit, sont déjà vent debout contre cette abjuration.

Dans la tête d’Emmanuel Macron

Mais une question demeure, mesure-t-il le gouffre qui le sépare, lui, ce bourgeois parisien, ministre et banquier d’affaires, du petit peuple du Puy du Fou ? Paris est à moins de 400 km du Puy du Fou, mais on y éprouve le sentiment d’être dans un autre monde !

Le plus libéral des hommes du pouvoir, conscient de la réussite de Philippe de Villiers comme « entrepreneur culturel » selon ses propres termes, a-t-il bien entendu ce qui se fait et se dit au Puy du Fou au cours de la Cinéscénie ?

Emmanuel Macron a-t-il quelque chose de commun avec Jacques Maupillier et ce vieux marchand ambulant, mémoire de tout un peuple qui raconte l’histoire douloureuse de tous ses ancêtres mise en scène par Philippe de Villiers ?

A-t-il vraiment saisi le sens de cette aventure, lui qui affirme que la défense du bien commun passe par la république, laquelle n’a jamais reconnu la cause vendéenne ?

A-t-il compris aussi le travail de milliers de Puyfolais, travail bénévole ? Le banquier n’en connaît pas le prix, le ministre n’en taxera jamais la valeur ajoutée. Comprend-il qu’il participe malgré lui à la reconnaissance de l’œuvre qui n’est pas autre chose que l’affirmation de la fierté vendéenne et l’exhumation d’un passé, nié et effacé pendant deux siècles et enfin libéré par la magie du Puy du Fou et le talent de son inventeur ?

Assistant au spectacle, il ne lui aura pas échappé que les colonnes infernales, massacreurs de femmes et d’enfants, arrivent par la gauche de la grande scène. Et, lui qui évolue dans un monde de nains politiques, aura-t-il entendu qu’il était entré : « Sur une terre de géants et de genêts en fleurs » ? (Napoléon, cité dans le texte du programme rédigé par Philippe de Villiers).

En est-il sorti indemne ? A-t-il bien lu le grand mot qui s’inscrit sur la façade du château à la fin du spectacle : LIBERTÉ ?

Puisse ce monument d’éducation populaire qui a tant émerveillé les foules, apprendre à nos élites le retour au réel, et, dans ces conditions, ce n’est pas un ministre seul qui doit venir, mais toute une classe politique à l’école de la mémoire d’un peuple, à l’heure où c’est le pays tout entier que menace la perte de mémoire et d‘identité.

Pour assister, nous dit le programme du spectacle, à ce « Mystère (au sens médiéval, NDLR) du troisième millénaire dépositaire d’un message transcendant… »

Le siècle qui commence en a, en effet, grand besoin !

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Philippe Randa,
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