25 mai 2016

Marine Le Pen face à Hillary Clinton et Donald Trump

Par Nicolas Bonnal

 

Une interview de Marine Le Pen à la télévision russe a fait le tour du monde : la présidente du FN nous y met en garde contre une élection de Mme Clinton à la présidence de la république impériale. La candidate de la France souverainiste a crûment rappelé qu’Hillary Clinton a répandu le chaos dans notre vieille et fragile Méditerranée en organisant l’attaque de la Libye et de la Syrie, et que « l’atlanticisme » bien aveugle des Européens va nous valoir une guerre nucléaire contre la Russie exécrée qui achèvera de nous remplacer et d’envoyer ce qui reste de nos économies au paradis fiscal américain (cf. Robert Parry). Le plus sinistre est que la présumée candidate démocrate à la Présidence américaine est devenue l’adjudant-chef du caporal Juppé, entré dans les rangs néocons au cours de son complexe et peu célébré exil québécois.

Marine Le Pen ne dit pas au passage du bien de Donald Trump, et elle a raison : ce serait lui rendre un mauvais service ! Pensez, la « fasciste française » apportant son soutien au « nouvel Hitler » ! On imagine les analyses des « experts » sur les chaînes infos en boucle (ces chaînes vous bouclent, elles vous enchaînent, elles vous hébètent, disait Baudrillard).

Il est clair pourtant que le honni Donald Trump est le candidat du moindre mal : il n’aime pas l’OTAN, il ne veut pas étriper le président russe Vladimir Poutine (c’est bien le seul outre-Atlantique), enfin il n’aime pas le chaos que génèrent les chevaleresques et grotesques interventions euro-américaines à travers le monde. Car il faut malheureusement ajouter que les Européens, dans cette histoire, ne sont pas des victimes. Les Européens sont aussi minables et criminels que les Américains sont criminels et impériaux : déchaîner des guerres, faire lyncher des chefs d’État, coordonner après de grandes invasions, tout cela relève de la folie furieuse et terminale, du jeu de massacre, d’un nihilisme humanitaire propre à ces temps mutilés et abrutis. Et l’opinion publique laisse faire, trop rivée à ses messages et au people…

L’Europe ne mérite plus son nom. Elle a été coupée en deux ; les deux moitiés sont invitées à se faire la guerre avec la bénédiction de l’OTAN, du Pentagone et de l’État profond US qui coordonne ces répugnants coups tordus.

Nous voulons une Europe gaulliste qui aille de Brest à Vladivostok ; les impériaux une nouvelle guerre continentale, au mieux de leurs intérêts cathodiques, sanguinolents et financiers.

Et c’est le mérite de Marine Le Pen de nous avoir rappelé ce péril atlantiste tout en nous indiquant quel candidat il faut que nous préférions. Ce candidat est celui qui dit « l’Amérique d’abord », pas « l’Humanité d’abord »…

Comme le rappelle Woody Allen – qui dirigea son ami Donald Trump dans Celebrity – dans son chef-d’œuvre Intérieurs, « l’Humanité n’est qu’une abstraction dans mon esprit » ; et il y a un moment où cette abstraction chère aux médias et aux phraseurs finit par nous coûter bien cher…

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